Le Match Professeur Layton contre Docteur Lautrec est annoncé. Et ce dernier compte bien s'installer aux côtés de celui qui règne sans partage sur le créneau du jeu d'énigmes et d'aventure sur DS. Pour être exact, il s'agit pour Lautrec de prendre le créneau 3DS, encore vierge, puisque c'est sur cette seule console que le titre a été développé. Quoi qu'il en soit, il est vrai que les ressemblances sont multiples. Mêmes types de personnages, même contexte d'énigmes et d'enquête, mêmes styles graphiques, et jusqu'aux titres qui résonnent de la même façon. L'aventure, promise pleine de rebondissements démarre également sur les chapeaux de roue : le Docteur Lautrec, éminent conférencier et archéologue du Muséum d'Histoire Naturelle, se lance avec son assistante Sophie dans une grande course au trésor après avoir découvert une relique ancienne. Il s'agit de retrouver le plus gros diamant de la couronne de Louis XIV disparu depuis des siècles. Une quête aux accents historiques donc parsemée d'énigmes dans la plus pure tradition.

Ces énigmes, Konami en annonce 250, basées sans surprise sur la déduction, l'observation, la logique ou des manipulations de chiffres et de lettres. Hélas, bien peu nous ont été présentées. Les trois auxquelles nous avons pu nous confronter consistaient à insérer correctement des mots dans une grille pour en dégager des lettres, reconstituer des figures avec des fragments, suivre un chemin en s'aidant d'une citation historique. En rien significatif puisqu'il s'agissait des premières énigmes, faisant office de didacticiel. En revanche, ce qui nous a d'ores et déjà été permis d'apprécier par le biais de la partie introduction, interminable soit-dit en passant, et des séquences suivantes, c'est l'ambiance désuète, là aussi très proche de l'univers Layton, ainsi que l'époque choisie pour le titre. L'aventure se déroule en effet dans le Paris de la fin du XIXème siècle, précisément en 1889, soit deux ans avant l'Exposition Universelle. Elle offre un visage très carte postale d'un Paris pittoresque et romanesque, multipliant dans ses cinématiques les vues d'ensemble de la capitale, parfois avec la tour Eiffel en cours de construction. Ses sites les plus célèbres comme la place Vendôme, l'Arc de Triomphe ou le château de Versailles sont mis à profit. Et jusqu'aux Catacombes que l'on devra arpenter dans des phases d'infiltration, assez faciles pour ce que nous en avons vu. Les Catacombes ont d'ailleurs la faveur de Lautrec, en tant que archéologue, car il y passe le plus clair de son temps à la recherche de trésors ; trésors qui renferment des objets puissants. C'est sur ce point que Docteur Lautrec marque sa différence avec Layton.

Ces objets (au nombre de 150, bague, parchemin, etc.), qui disposent de caractéristiques propres (niveau, durée de vie, attaque, défense), sont autant de “trésors animés”, car protégés par une âme. Pour récupérer un objet, Lautrec n'a d'autres choix que de combattre cette âme pour l'affaiblir dans une phase de jeu appelée “domptage”. Le domptage s'opère au tour par tour, façon Pokémon, autour d'une jauge en arc de cercle constituée de trois zones de couleur, bleue, blanche et rouge. Il consiste dans une confrontation de ses propres objets avec ceux des trésors animés. Le but : ramener le curseur dans la zone bleue. Concrètement, on choisit un objet dans son inventaire avec le stylet pour le déplacer sur un plateau de forme arrondie, plus ou moins au centre en fonction de la force de l'attaque que l'on souhaite infliger, mais aussi de sa capacité de défense. Et on lance le combat. Si l'attaque est trop puissante et que le curseur est déplacé au-delà de la zone bleue, l'âme est tuée et c'est le game over. Si le combat est gagné, et l'âme affaiblie, le Docteur Lautrec peut alors s'emparer de l'objet, qu'il range dans son inventaire, afin de s'en servir ultérieurement sur un autre trésor animé. Nombre d'objets, une fois acquis, dévoilent des indices et débloquent des énigmes.

Le tout est plutôt bien articulé. Une confrontation permet de gagner un indice menant à une énigme, faisant ainsi avancer l'enquête. Et de cinématique en cinématique, on se laisse facilement porter par le scénario. Sur l'écran du bas, on dirige le personnage dans les rues de la ville ou des Catacombes. Pour aller dans un lieu donné (le jeu en compte une cinquantaine en tout), il suffit de s'y rendre à pied. On zoome ensuite automatiquement sur le quartier où les points rouges sont autant de personnages à qui l'on peut s'adresser. En théorie du moins, ceux interrogés n'avaient pas grand-chose à nous dire. On passe un niveau supplémentaire en entrant dans un bâtiment et l'on dé-zoome automatiquement en sortant. Ces déplacements sont d'autant plus simples qu'ils sont réalisés avec le slide pad de la 3DS, seule preuve que les aptitudes de la 3DS ont bien été prises en considération. A noter au passage que, en maintenant la touche B avec le slide pad, on déplace non plus le personnage mais le cadre, ce qui permet d'augmenter son champ de vision. Pratique dans les phases d'infiltration.

Pour réaliser Docteur Lautrec et les Chevaliers Oubliés, les concepteurs ont en tout cas souhaité une certaine réalité historique, ce que nous avons pu vérifier au cours de notre séance de jeu. Le scénario raccroche ainsi avec l'affaire véridique du Hope, diamant spectaculaire qui aurait été lui-même taillé dans le Bleu de France, le plus gros diamant de la couronne de Louis XIV mystérieusement disparu en son temps. Autre exemple, l'une des trois énigmes présentées fait référence à un itinéraire idéal pour profiter au mieux des jardins du château de Versailles, prétendument décrit dans un ouvrage par Louis XIV lui-même, ce qui est vrai aussi. Le titre cultive volontiers l'image d'une France terre de culture, d'histoire et de littérature, rajoutant même des textes de Victor Hugo en cours d'aventure.