C'est à un exercice complexe auquel s'est livré le très réputé Chris Taylor. Accompagné dans sa tâche par Danan Davis, producteur chez Microsoft, il a tenté d'expliquer les différents choix l'ayant poussé à adopter le modèle économique dont sera pourvu Age of Empires Online à sa sortie. Au fond, quels que soient les arguments avancés, le fondateur de Gas Powered Games sait qu'il va essuyer de nombreuses critiques de la part des joueurs. C'est un fait, dès lors que l'on parle mode de financement, il y a toujours quelqu'un pour élever la voix et crier au scandale. A raison souvent, tant certains développeurs de free-to-play ont tendance à prendre leur public pour des vaches à lait, à le frustrer en limitant drastiquement le temps des sessions de jeu ou encore, pire, à déséquilibrer le gameplay de leur produit en avantageant ceux qui mettent la main à la poche. Bref, avec une franchise aussi populaire qu'Age of Empires, on se demandait bien ce qui nous attendait exactement.

Encore une fois, voilà un titre qui risque de diviser. Dans l'absolu, cet épisode exclusivement jouable online de l'une des séries de RTS les plus populaires de tous les temps est gratuit. En gros, vous pourrez tout à fait parcourir le jeu, atteindre le level maximum (40 pour le moment), participer à des matchs en PvP, accomplir des quêtes, le tout, sans débourser un euro. Soit environ 40 heures de gameplay nous annonce-t-on. Ce qui est a priori plutôt sympa. Maintenant, cela ne signifie pas pour autant que l'intégralité du contenu sera accessible sans jamais sortir le porte-monnaie. Il faut bien que les développeurs se rémunèrent en même temps. La petite différence avec la plupart des autres MMO axés stratégie, c'est qu'avec Age of Empires Online, on parlera de macro transactions plutôt que de micro. Enfin, c'est le discours officiel en tout cas. Ce qui signifie qu'on ne vous fera pas payer pour obtenir une pièce d'armure ou une heure de jeu supplémentaire mais pour des packs de contenu relativement denses. Ces derniers sont de trois types différents et coûteront entre 5 et 20 dollars. Pour la France, prenez les mêmes chiffres et placez le symbole euro derrière. Etant donné que le jeu vidéo ne connaît pas les taux de change, on peut d'ores et déjà tabler sur une conversion brute des prix, comme d'habitude.

Le premier contenu additionnel que l'on pourra se procurer est directement lié aux deux civilisations qui seront proposées lors du lancement du jeu, les Grecs et les Egyptiens. Il s'agit des Premium Civilization Pack. En gros, l'objectif est d'étendre l'expérience pour chacun des deux camps de manière indépendante. Entendons-nous bien, le contenu acheté ne sera donc valable que pour la civilisation choisie, le but étant de permettre aux joueurs de ne payer que dans le cas où ils sont vraiment intéressés par l'offre. Ces packs renferment un certain nombre d'éléments qui ont un réel intérêt. A commencer par de l'équipement rare. Les joueurs auront aussi accès à l'ensemble de l'arbre des technologies, aux conseillers qui permettent de former de puissantes unités, à un inventaire étendu, à tout un tas d'options offrant au crafting une autre dimension ou encore à une expérience PvP plus riche (possibilité de régler différents paramètres avant les matchs et d'inviter ses amis à jouer contre soi notamment). Evidemment, Gas Powered Games a rendu ces packs attractifs, c'est indéniable. Maintenant, il se pose tout de même la question de l'équilibre général du jeu qui pourrait s'en trouver bouleversé. Ceux qui choisissent de mettre la main au porte-monnaie seront, semble-t-il, clairement plus puissants que les autres. On ne voit pas comment il pourrait en être autrement au regard de ces quelques annonces. Bref, on demande à voir la manière dont les choses vont se mettre en place au lancement. Pour le moment, le scepticisme est de mise donc. Et ce, même si on nous aussi assuré que le matchmaking ne mettrait pas aux prises des joueurs d'un niveau trop différent. Il prendrait a priori en compte le level mais aussi d'autres paramètres pour des affrontements plus équitables.

Le deuxième type de contenu que l'on pourra se payer si Age of Empires Online nous plaît prend la forme de Booster Packs. Ils permettent d'accéder à de nouvelles fonctionnalités, à des modes de jeu et des quêtes supplémentaires. Au lancement, les développeurs ont par exemple prévu de mettre à disposition le mode Defense of Crete. Celui-ci demande aux joueurs de défendre un lieu contre des vagues successives d'ennemis. Le tout pourra être joué seul ou en coopération avec des amis. A l'arrivée, des récompenses uniques seront récupérées par les plus performants. Encore une fois, Chris Taylor a insisté pour faire comprendre à son audience que chaque pack pourra être acheté indépendamment. Rien ne vous oblige donc à vous procurer un mode qui ne vous attire pas. Nettement plus anecdotique, le dernier type de contenu proposé permettra d'embellir et de personnaliser sa capitale. On pourra donc acquérir de grandes statues ou des bâtiments venant renforcer l'attrait visuel de notre ville. De quoi impressionner les quelques visiteurs qui feront le déplacement. Pour ce qui est de la suite, Gas Powered Games compte offrir à un rythme soutenu du contenu à ses aficionados. Et quand on parle de soutenu, cela pourrait être toutes les deux semaines. Bref, on ne va pas trop s'avancer mais le jeu deviendrait alors un véritable investissement sur le long terme. Et ce, même si l'on garde en tête que c'est vous seul qui déciderez de ce dont vous avez véritablement besoin ou envie.

Evidemment, pour avoir la tentation d'acheter un pack de contenu, encore faut-il adhérer au style très cartoon de ce nouvel épisode. Une direction artistique qui tranche avec celle des volets précédents. De même, il faudra passer outre une légère simplification du gameplay que nous avons pu constater au cours des quelques heures passées sur la bêta. Une fois ces deux changements digérés, il faut admettre qu'Age of Empires Online nous a fait forte impression. Ses mécanismes (récolte de ressources, construction de bâtiments, formation d'unités), aussi âgés soient-ils, fonctionnent toujours aussi bien. Tout ce qui est géré à partir de la capitale (crafting, quêtes, arbre des technologies, amélioration des unités...) s'intègre parfaitement à l'ensemble. La progression se fait en prime en douceur. De quoi permettre aux novices de se faire aux mécaniques du jeu. On regrettera en revanche que les quêtes ne présentent que peu de challenge, y compris à un niveau plus avancé. Peut-être les nouveaux modes remédieront-ils à ce problème ? Le PvP sera probablement également une solution. Quant au contenu pour les joueurs ayant atteint le level maximum, il demeure encore mystérieux. Les développeurs ont assuré qu'ils avaient une idée bien précise de la manière à employer pour maintenir l'intérêt autour de leur titre. Certainement en continuant de fournir régulièrement du contenu. La sortie du jeu est pour le moment prévue en fin d'année. Et oh surprise, il sera aussi disponible en version boîte avec quelques bonus pour justifier l'achat. Après tout, comme nous l'expliquait Danan Davis, le marché est encore en transition.