Nous avons joué à un niveau entier de Deus Ex : Human Revolution, de quoi se faire une impression plus précise sur un titre annoncé comme majeur à trois mois ½ de sa sortie. Et suffisamment pour assurer aux plus impatients qu’ils n’auront sans doute pas attendu en vain...
Quelles augmentations et quelles améliorations ? Pour tout joueur de Deus Ex (2000) et Deus Ex : Invisible War (2004), la question est majeure. Le gameplay de ce FPS d'action-infiltration repose en effet sur ses implants high-tech conçus pour améliorer les facultés humaines, et qui s'acquièrent au fil du jeu, progressivement. Ils sont placés sur les différentes parties du corps (crâne, torse, bras, jambes, peau, dos ou yeux) pour offrir au joueur des capacités bioniques ouvrant de multiples perspectives pour réaliser ses missions. Ce nouveau volet reprend l'univers cyberpunk et futuriste des autres titres avec un nouveau héros à incarner, Adam Jensen. Cet agent très spécial est au service de Sarif Industries, la firme leader en matière de fabrication d'augmentations, qui est la cible d'un groupe terroriste baptisé “Pureté Absolue”. Au total donc, vingt et une augmentations entraînant plus d'une soixantaine d'améliorations (dont certaines sont données dès le début du jeu) sont à acquérir en convertissant des points de dynamisme. Ces points sont générés automatiquement avec l'expérience, mais peuvent aussi être achetés, parfois dénichés dans les environnements. Seulement attention, si le catalogue d'augmentations et d'améliorations est large, le joueur ne pourra pas toutes les acquérir, il devra faire des choix guidés par la façon dont il compte mener l'aventure.
Ceux qui opteront pour une approche infiltration, en plus de miser sur des armes adéquates (fusil à injection de tranquillisants, silencieux), seront motivés par les améliorations du crâne comme le système radar qui détecte les ennemis des environs, ou encore l'amplification de furtivité pour marquer les cibles, mais aussi obtenir des infos sur leur champ de vision ou sur le marqueur de position connue (l'emplacement supposé du joueur par les ennemis). Il ne leur faudra pas non plus négliger les options de jambe cybernétique (marcher et courir en silence) ou de peau (système de camouflage). Ceux qui préféreront jouer les gros bras avec fusil d'assaut, pistolet-mitrailleur ou fusil à pompe, miseront sur le système explosif Typhoon, un module fixé sur le torse qui par une rotation à 360° élimine les ennemis alentour, mais aussi sur l'armure dermique réductrice de dégâts, ou encore le bras cybernétique pour soulever du poids ou traverser les murs fragilisés (à essayer quand un ennemi est en patrouille juste derrière !). Enfin, les uns comme les autres ne seront sans doute pas indifférents par la possibilité de sauter de haut (système de réception Icarus placé sur le dos), d'améliorer les capacités de l'inventaire (bras cybernétique), de voir à travers les murs (smart vision) ou d'éliminer au corps-à-corps deux ennemis en même temps (booster de réflexes sur le dos). Sans oublier le convertisseur énergétique du torse qui alimente la plupart des améliorations. Car celles-ci sont parfois gourmandes en énergie…
Avec la manière forte ou la manière douce, deux approches différentes à alterner ou pas, Deus Ex : Human Revolution offre quelques variantes, toujours par le biais de ces augmentations à acquérir. D'abord, Jensen peut développer sa capacité à manipuler ses interlocuteurs afin de leur soutirer des renseignements. Par exemple, un code d'accès à un ordinateur ou même l'autorisation de pénétrer dans une zone interdite. Cette faculté “sociale” est active à condition d'avoir placé des points sur l'augmentation du crâne “composant d'amplification sociale”. Ainsi, à chaque discussion avec des personnages-clés, le joueur est renseigné sur leurs personnalités pour, en fonction de cela, user de charme, de pression ou jouer l'apaisement. Autre atout à disposition de Jensen, le piratage informatique. Portes d'accès, ordinateurs, tourelles de surveillance, rayons lasers sont contrôlés par des codes, que l'on peut cracker via des mini-jeux, mais à condition d'avoir le niveau de compétence suffisant (les niveaux vont de 1 à 5). La socialisation et le piratage sont avec l'action et l'infiltration les quatre piliers sur lesquels repose le jeu.
Avec ces augmentations, il y a mille et une façons d'arriver à ses fins même si l'approche infiltration s'avère bien plus intéressante que l'action pure. Conduits d'aération, bouches d'égout, poutrelles, soubassements, échelles sont autant d'éléments à considérer pour évoluer. Mais en déplaçant un conteneur ou en détruisant un mur fragile, deux actions possibles avec une augmentation du bras, ou bien en soutirant une information capitale lors d'une discussion (avec le composant d'amplification sociale), on pourra accéder à des raccourcis insoupçonnés et même à des caches d'armes. Intéressant, les munitions pouvant se faire rares surtout si l'on préfère éviter d'affronter les ennemis.
En définitive, on se retrouve face à un ensemble riche et cohérent des plus excitants, parcouru de pièges et d'imprévus et qui n'est pas si facile à affronter qu'on pourrait le croire de prime abord. Les concepteurs, le studio Eidos de Montréal, ont en plus mis le paquet côté scénario et narration. Tant mieux, on n'en attendait d'ailleurs pas moins de ce nouveau titre. Jensen est un “augmenté” malgré lui suite à un attentat qui l'a blessé et qui a coûté la vie à sa femme, un éminent docteur de Sarif Industries. Cet épisode, à vivre dans l'introduction, est le point de départ de l'aventure qui démarre en 2027. Jensen a pour objectif principal une course aux terroristes à travers une enquête des plus délicates qui le mènera, en tout cas dans cette première partie du titre, aux quatre coins de la ville de Detroit : commissariat de police, immeubles d'habitation, entrepôt, siège de Sarif Industries, clinique attenante... Jensen reçoit aussi des objectifs secondaires qui seront autant de pistes pour déjouer des chantages et faire toute la lumière sur l'attentat dont lui et sa femme ont été victimes. Bref, on s'intéresse, d'autant que les cinématiques se fondent impeccablement dans l'histoire. A noter que l'on retrouvera d'ailleurs une certaine similitude avec un Mass Effect, ne serait-ce que côté ambiance musicale. Motivant, non ?
Un univers riche, une grande liberté pour réaliser les missions grâce notamment à ces fameuses augmentations, un scénario soigné et un univers futuriste à l’atmosphère sombre et violente, le studio Eidos de Montréal a été pour le moins ambitieux sur ce projet, mais notre exploration du premier tiers du jeu laisse entrevoir qu’il avait les moyens de ses ambitions. L’alchimie opère, surtout si l’on choisit une approche infiltration. Du coup, on attend impatiemment la suite... Réponse définitive fin août.