Jouable aussi bien au pad, qu'au Move ou avec un imposant fusil en plastique vendu en option, Cabela's Dangerous Hunt 2011 nous invite à dégommer par dizaines toutes sortes de bestioles enragées du fin fond de l'Amérique jusqu'aux confins des steppes africaines. Un trip bête et méchant qui ne sera pas du goût de tout le monde.
Les jeux de chasse réalistes sur consoles ne sont pas légion en France, c'est le moins qu'on puisse dire. Que l'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, il semblerait bien que ce "sport" n'ait plus vraiment la cote auprès d'une jeunesse nourrie aux mangas et à la science-fiction. De fait, les Deer Hunter et autres Cabela's Adventures ne sont connus que par une poignée de passionnés obligés de se les procurer en import. Pourtant, c'est bien un jeu de chasse à la première personne qu'Activision a aujourd'hui décidé de traduire et de commercialiser chez nous. Dernier épisode en date d'une série assez populaire dans les pays anglo-saxons, Cabela's Dangerous Hunts 2011 nous offre ainsi l'opportunité d'évoluer dans des environnements sauvages en tirant sur tout ce qui bouge. Loups, couguars, crocodiles, vautours... Aucune créature à poils ou à plumes ne sera épargnée. Cela vous pose un problème de conscience ? Rassurez-vous, les scénaristes ont pensé à tout pour rester dans le politiquement correct.
La nature mise en scène dans Cabela's Dangerous Hunts 2011 n'a en effet plus grand-chose de commun avec la réalité. Ici, des animaux sauvages assoiffés de sang nous sautent dessus tous les dix mètres. Des meutes de loups entières se rassemblent dans l'unique but de nous déchiqueter avec leurs crocs. Des serpents surgissent de chaque buisson. Les vautours nous attaquent à vue. Bref, c'est la guerre des mutants. Du coup, l'être humain passe pour une victime et le chasseur pour une proie en état de légitime défense. On a donc tout le loisir de trouer la peau à des tas de bestioles sans se sentir trop coupable. Inutile néanmoins de vous attendre à de grandes effusions de sang ou à des tapis de cadavres. Cabela's Dangerous Hunts 2011 ne veut pas choquer le public des plus de 16 ans auxquels il s'adresse. De fait, on massacre à tour de bras des animaux sauvages mais ces derniers ont le bon goût de mourir discrètement (ils se désintègrent) et surtout sans effusion de sang. Comme dans un film américain quoi.
Puisqu'on parle d'américain, sachez que le père du personnage que l'on incarne dans le mode Scénario en est un beau spécimen. Violent, macho et aussi peu ouvert d'esprit que l'est un militant de l'ultra droite réactionnaire, celui-ci veut faire de nous un homme en nous apprenant à tuer dans les règles de l'art. Il nous emmène donc dans la montagne avec nos frères pour une partie de chasse inoubliable. Cependant, l'expédition tourne rapidement au cauchemar lorsque la petite troupe tombe sur les restes de randonneurs déchiquetés par une bête sauvage. Alors que commence l'enquête sur cette tragédie notre personnage est emporté par une avalanche et ne retrouve ses esprits qu'en pleine nuit au milieu de la forêt. Il doit alors rejoindre les siens tout en évitant de devenir lui-même la prochaine victime des bêtes sauvages qui infestent la forêt. On a beau être armé d'un revolver, d'un fusil à lunette et même d'un fusil à pompe, l'ambiance est oppressante et les munitions sont rares. Malgré un clipping omniprésent, les décors sont vraiment réussis, les animaux sont bien modélisés, et l'ambiance sonore est suffisamment crédible pour que l'on ait envie de se retourner au moindre craquement de branche. Malheureusement, l'expérience de jeu se révèle vite très décevante, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord et comme nous en parlions plus haut, la nature vue par les yeux des développeurs de Cabela's Dangerous Hunts 2011 n'a rien de crédible. Les bêtes sauvages sont beaucoup trop nombreuses et leur agressivité est largement exagérée. Manquer de se faire dévorer par un couguar deux ou trois fois sur une expédition, c'est déjà énorme mais toutes les 2 minutes, ça devient presque lassant. De plus, leur intelligence artificielle n'est pas toujours au top. A tel point qu'on a parfois l'impression d'avoir affaire à un jeu de zombies plutôt qu'à un jeu de chasse. Cela ne signifie pas qu'on doit se jeter dans le tas, bien au contraire. D'une part parce qu'il y a une bestiole prête à nous faire la peau cachée derrière chaque taillis et d'autre part parce qu'on peut ramasser toutes sortes d'objets allant de la trousse de soin aux rares cartouches en passant par les bois de cerf à collectionner pour se faire un peu d'expérience. Du côté de la jouabilité, ce n'est pas Byzance non plus. Outre le fait que l'on meure 3 fois par mission et que les temps de chargement sont longs, on est par exemple obligé de viser le bord de l'écran avec le fusil en plastique pour tourner la tête, détournant ainsi notre viseur de l'action quelques précieuses secondes. Le détecteur de mouvements à placer sur notre télé a un faible rayon d'action et à courte distance, le réticule de visée a également tendance à trembler. Au pad ou au Move, les choses s'arrangent un peu mais le changement d'armes est tout aussi laborieux qu'avec le fusil. Et pour l'immersion on repassera. Tout comme pour la fonctionnalité "sens du chasseur" complètement ratée qui était censée nous permettre de repérer des traces d'animaux ou des dangers dans la nature en cherchant des flèches rouges perdues dans une véritable salade visuelle.
A bien y réfléchir, c'est vraiment dommage parce qu'il ne fait aucun doute que le soft avait la possibilité de devenir un bon jeu de chasse. Avec plus de finesse dans le gameplay, une meilleure interface, une difficulté mieux dosée et bien entendu beaucoup plus de réalisme, le mode solo de Cabela's Dangerous Hunts 2011 aurait vraiment pu être excellent. Comme ce n'est pas le cas, on se rabattra sur la trentaine d'épreuves du mode Galerie que l'on peut débloquer au fur et à mesure de notre progression. Jouables à 2 en versus et en coopération ou à 4 en hot seat, celles-ci nous invitent à survivre le plus longtemps possible dans un environnement hostile ou à abattre des animaux donnés en un minimum de temps. Les déplacements sont gérés par le soft, 5 types de bonus apparaissent dans les décors pour varier les plaisirs (ralenti, soin, points doublés...) et on peut effectuer des combos pour faire exploser le score. C'est sympa, ça défoule mais ça ne suffira certainement pas à faire digérer aux passionnés de chasse les lacunes du mode de jeu principal...
- Graphismes15/20
Les animaux sont bien modélisés et certains décors donnent envie de lâcher son fusil pour s’asseoir dans l'herbe. On déplore néanmoins un clipping très envahissant et de nombreux bugs d'affichage lorsque les animaux chutent.
- Jouabilité11/20
Avec le fusil Top Shot Elite ou au pad, les commandes ne sont pas suffisamment précises et intuitives pour nous permettre de réagir dans de bonnes conditions. Les créatures rencontrées dans les divers environnements (montagne enneigée, savane...) sont trop nombreuses et trop agressives, ce qui nuit à la fois à l'accessibilité du soft et à la crédibilité de l'expérience. Les épreuves multijoueurs du mode Galerie défoulent un moment mais ne justifient pas l'achat du soft à elles seules.
- Durée de vie13/20
Le mode Scénario se termine en une dizaine d'heures. Attendez vous néanmoins à bloquer à maintes reprises sur certaines missions à la difficulté ahurissante. Le mode Galerie comprend une trentaine de défis en rail shooters répartis en trois types distincts.
- Bande son15/20
La bande-son renforce la sensation d'immersion au point de nous faire bondir sur notre chaise quand on entend un cri d'animal derrière nous.
- Scénario13/20
L'histoire reste très caricaturale et les personnages manquent généralement d'épaisseur même si le père du héros est un véritable régal de machisme et de bêtise américaine.
Impressionnant sur la forme, Cabela's Dangerous Hunts 2011 déçoit tant au niveau de son gameplay mal optimisé que de son manque de crédibilité. Shooter élitiste plus que simulation de chasse à proprement parler, le soft ne parviendra probablement pas à convaincre les vrais amateurs du genre.