Savez-vous ce qu'est un MOBA ? Non, il ne s'agit pas d'un médicament destiné à régler vos problèmes de constipation, bande de petits rigolos ! En fait, MOBA est l'acronyme de Multiplayer Online Battle Arena, un terme cher à nos amis anglophones. Dans le cas qui nous intéresse, il correspond à un jeu gratuit qui vous invite à prendre le contrôle d'un tank pour affronter d'autres joueurs sur une bonne sélection de champs de bataille.
Projet de bonne taille d'abord sorti sur les terres de son développeur en octobre dernier (en Russie donc), World of Tanks pointe enfin le bout de son canon dans l'Hexagone. Situé à mi-chemin entre l'arcade et la simulation, World of Tanks est un free-to-play qui permet donc de jouer gratuitement. Mais, à l'inverse de beaucoup de studios qui limitent rapidement l'accès au jeu complet si l'on n'est pas prêt à dépenser de l'argent, il est ici possible de profiter du soft dans son intégralité sans avoir à payer ! Une initiative rare qui ne pouvait venir que d'un studio 100 % indépendant attaché de surcroît à une vision bien particulière du jeu vidéo. Bon, cela dit, il est évident que si vous ne comptez pas dépenser d'argent, il faudra passer beaucoup plus de temps à jouer que ceux qui s'offrent des upgrades, des tanks plus élaborés ou qui possèdent un compte premium, permettant d'obtenir des bonus de crédits et d'expérience. Mais attention, pas question pour autant d'acheter directement un performant tank allemand Tiger dès les premières minutes de jeu. Car les développeurs tiennent absolument à ce que le joueur joue suffisamment pour mériter ses upgrades ou ses nouveaux chars. Il faudra donc batailler ferme pour pouvoir se la jouer sur le terrain.
Mais quel est-il ce terrain justement ? Eh bien en fait, World of Tanks ne prend pas pour toile de fond un contexte historique particulier, en revanche, il propose un large panel de chars couvrant une période allant des années 30 aux années 60 et donc s'inspirant forcément des conflits les plus importants, comme la Seconde Guerre mondiale ou encore la guerre de Corée. Pour l'heure, il est ainsi possible de partir au combat avec des machines américaines, russes et allemandes, mais à terme, il sera également possible de piloter des tanks français, anglais et japonais. Si pour le moment, on compte environ 60 engins différents, l'objectif des développeurs est de faire plus que doubler ce chiffre. Ce qu'il vous faut savoir en revanche, c'est que toutes ces bestioles à chenilles, qu'il s'agisse de tanks à proprement parler, de machines d'artillerie ou même de chasseurs de tanks, sont réparties selon dix niveaux de puissance et grosso modo quatre catégories : tank léger, tank moyen, tank lourd et super-tank (comme le Maus allemand). Il faut toutefois noter que 40 % des chars présents dans le jeu sont des prototypes qui ont existé mais qui n'ont pas été commercialisés. Cela dit, les développeurs avouent bien volontiers que leurs tanks roulent plus vite et tirent mieux que dans la réalité, jeu vidéo oblige. Toutefois, le design de ceux-ci reprend chaque détail des modèles existants et bénéficie d'ailleurs de jolis graphismes pour un jeu téléchargeable.
Bref, on se retrouve déjà avec pas mal de contenu. Mais le véritable intérêt de World of Tanks, c'est de pouvoir customiser ses chars (en maintenant une certaine cohérence historique bien sûr). En fait, à l'issue de chaque partie, gagnée ou perdue, vous empochez aussi bien des points d'expérience que des crédits, la monnaie du jeu. L'expérience vous permet de débloquer des technologies dans l'arbre d'évolution de chacun de vos chars : tourelle plus rapide, blindage plus épais, canon plus performant, moteur gonflé, chenilles améliorées et radio (cette dernière permettant à un blindé de recevoir des infos sur la position d'un ennemi, en sachant que seuls les alliés situés à portée de votre récepteur pourront vous communiquer ces "petits" détails). Les crédits vous permettront quant à eux d'acheter et d'installer sur votre char les équipements débloqués par vos avancées technologiques. Sachez en outre que la progression se fait de manière linéaire : pour débloquer un char moyen (et ensuite l'acheter avec beaucoup de crédits), vous devrez au préalable déverrouiller la plupart des technologies liées au char léger.
Enfin, pour clore le chapitre de la progression, sachez que vous devrez également acheter vos munitions, réparer votre monstre d'acier en cas de souci et gérer le personnel (un char ne se pilote pas seul). Constitué de 3 à 6 personnes, l'équipage peut être personnalisé et surtout évolue en fonction de vos actions (même s'il ne peut pas mourir lors de la destruction de votre tank). En effet, chacun des membres possède des aptitudes spéciales qui sont boostées au fur et à mesure de votre progression. En bref, plus votre équipage gagne de l'expérience et plus il devient efficace (le canonnier vise mieux, l'artilleur recharge plus vite…). Ce petit côté jeu de rôle apporte encore un peu plus d'intérêt à ce World of Tanks. En somme, en termes de contenu et de progression, le jeu tape dans le haut de gamme. Alors certes, si on ne dépense pas un sou, la progression se révèle assez lente et les débuts frustrants, mais sur le long terme, on profite tout de même de quelque chose de très gratifiant, et donc de très prenant.
Pour ce qui est des modes de jeu, il faut dire qu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, le jeu ne propose qu'un seul et unique type de parties : le match à mort en équipe. Il s'agit tout simplement d'affrontements à 15 contre 15 où tous les types de chars se côtoient. Des chars allemands se battent aux côtés des américains, sans que cela pose problème. Et si l'objectif principal est évidemment de réduire les tanks ennemis à l'état de carcasses fumantes, il est également possible de capturer leur base de départ pour remporter la victoire. Ainsi, on ne compte plus le nombre de percées héroïques dans les lignes adverses qui se soldent finalement par une défaite, tout simplement parce qu'on n'aura pas su défendre sa zone d'en-but. Du coup, même si les promesses des développeurs en termes de modes de jeu ont de quoi mettre l'eau à la bouche, la note présente en bas de ce test reflète cet état de fait. Mais à titre informatif, sachez que si tout se passe bien, nous pourrons rapidement goûter à Assault, Convoi, Survie, Tournoi, Capture du drapeau, Speed Racing, Campagnes historiques ou spécifiques (ex : conquérir la France en 3 heures) ainsi que Garage Battle (le joueur doit utiliser à la suite tous les tanks de son garage pendant un temps limité). Il est aussi question de défis spéciaux, tels que défendre un périmètre attaqué par une équipe deux fois plus importante que la sienne.
A cela, il faut ajouter enfin quelques idées folles qui démontrent la liberté extrême des développeurs. Ainsi, selon leurs dires, ils pourraient prévoir, pour célébrer un futur Halloween, un mode Zombie Tanks, sorte de Survival dans lequel il faudrait se battre contre des tanks dégradés, pourrissants et invulnérables... excepté aux balles et obus en argent ! Mais on attend surtout l'activation des Clan Wars. Il s'agit en fait de véritables joutes stratégiques qui s'effectuent sur une carte du monde évoluant en temps réel. Ainsi, chaque équipe peut faire partie d'un clan plus global (contenant jusqu'à 100 joueurs) dont le but est de conquérir des territoires, c'est-à-dire des pays. Plus vous en prenez et plus cela vous rapporte de crédits. Le but est de construire l'empire le plus large possible. Inutile de préciser que la stratégie pourra pleinement s'exprimer, à travers par exemple une série d'alliances ou de traîtrises dans le seul but de dominer la planète. On attend donc tout cela de pied ferme pour juger de la qualité, souris à la main, mais si les développeurs y apportent autant de soin qu'au reste du jeu, on peut d'ores et déjà sabrer le champagne.
En tout cas, sur le terrain, World of Tanks semble privilégier le fun, car non seulement il suffit d'une poignée de secondes pour entrer dans la bataille, mais en plus la maniabilité des engins, plutôt arcade, paraît optimale en dépit de la lenteur inhérente à ce genre de véhicules. Néanmoins, ces derniers répondent très bien au doigt et au clavier. Au point qu'il est facile de piloter son tank et de se cacher rapidement dans les buissons épais (le char est alors entouré d'un liseré blanc permettant à son propriétaire de le repérer). Ou même de traverser prestement les rues de la ville en défonçant des platanes (aucun dégât n'est heureusement infligé à votre engin à cette occasion). De même, histoire de favoriser l'ambiance et de faciliter le gameplay, plusieurs vues sont disponibles, dont une à l'intérieur du char qui permet de viser plus précisément les adversaires entourés d'un liseré rouge. Plutôt réussis graphiquement, les décors de la dizaine de maps disponibles pour le moment se révèlent assez variés avec de vastes prairies, des montagnes enneigées et des villes aux rues étroites, mais aussi un désert, un canyon ou encore une jungle. Les affrontements sont souvent assez statiques, avec des tanks planqués dans les fourrés prêts à reculer dans des creux après avoir lâché un obus. C'est un style qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui fonctionne tout à fait, d'autant que le système de match automatique semble généralement donner lieu à des parties équilibrées.
Au final, le succès dont profite d'ores et déjà le jeu ne semble donc pas usurpé, et si World of Tanks évolue dans le sens promis par les développeurs, ceux qui viendront par la suite auront sans doute du mal à atteindre un tel niveau de qualité en concevant des free-to-play. En l'état et malgré un manque flagrant au niveau des modes de jeu, World of Tanks constitue une très bonne pioche pour celui qui n'a pas peur de s'impliquer et de progresser à la dure. Quant à nous, on vous laisse, on a de nouvelles chenilles à installer !
- Graphismes14/20
Pour un free-to-play, World of Tanks est plutôt agréable à regarder. Les décors sont certes assez basiques, mais ils restent variés et cohérents, offrant au passage de nombreuses approches différentes pour les combats. Les chars en eux-mêmes sont bien animés et modélisés avec beaucoup d'amour et de précision. Du tout bon.
- Jouabilité15/20
Si les contrôles sont simples et s'apparentent finalement à ceux d'un FPS, il faut être conscient que les premières heures de jeu vont se faire dans la souffrance tant vos 3 trois tanks de base ne font finalement office que d'inoffensives boîtes de conserve. L’intérêt de World of Tanks n’apparaît vraiment que sur la longueur, à travers un système de progression bien conçu, complet et gratifiant.
- Durée de vie15/20
Un critère très délicat à évaluer dans le contexte d'un jeu dans lequel la plupart des modes ne sont pas encore disponibles. De fait, la note ne tient compte que de ce qui est présent dans le soft à l'heure où nous écrivons ces lignes. Mais le fait est qu'en l'état World of Tanks offre déjà beaucoup de possibilités. On pense en premier lieu à son système de progression bien fichu qui vous maintiendra rivé à l'écran pendant de longues nuits, mais aussi bien sûr à ses batailles - même si relativement basiques pour le moment - très fun à jouer dès lors que l'on travaille avec les autres joueurs.
- Bande son14/20
Les musiques sont dans le ton, quoiqu'un tantinet grandiloquentes. Les bruitages et les voix, en français s'il vous plaît, sont quant à eux de très bonne facture. Ils permettent ainsi de se plonger facilement dans l'ambiance.
- Scénario/
World of Tanks a toujours bénéficié d'un excellent bouche-à-oreille depuis sa sortie et on comprend pourquoi. Même si le free-to-play de wargaming.net se révèle pour l'instant trop avare en modes de jeu, la qualité de son gameplay et le soin apporté à un système de progression très gratifiant en font un très bon choix pour celui qui souhaite s'essayer à autre chose. Parfaitement jouable et relativement bien équilibré même pour qui n'entend pas dépenser de l'argent dans la boutique, World of Tanks se montre même mieux ficelé et plus généreux que la plupart des autres représentants du genre. Alors certes, il faudra batailler ferme pour arriver à quelque chose sur le terrain et il faudra peut-être même attendre quelques heures pour détruire son premier char, mais le jeu en vaut la chandelle. En attendant de voir le titre s'étoffer, c'est donc un petit 15 qui vient conclure ce test. Un jeu à essayer et sans doute à adopter.