Le moins que l'on puisse dire c'est que 2011 s'annonce d'ores et déjà comme un bon cru en termes de jeux de rôle. La cuvée 2012 aura d'ailleurs pas mal de travail pour se démarquer de mastodontes tels que The Witcher 2, Skyrim ou Dark Souls. Pourtant, certains des titres attendus pour l'année prochaine méritent amplement le coup d'œil. C'est notamment le cas de Kingdoms of Amalur : Reckoning qui s'annonce comme un action-RPG particulièrement sympathique.
La communication autour de Reckoning se faisait pour l'instant plutôt discrète, tout juste connaissions-nous le casting des bonnes fées qui se penchaient sur son berceau. Il faut dire que le développement de ce jeu rassemble quelques grands noms qui à eux seuls suscitent la curiosité. Le design est ainsi chapeauté par un certain Todd Mc Farlane qui est bien connu des amateurs de comics. On lui doit en effet un relooking magistral de Spiderman et la création de Spawn, certainement le super-héros le plus sombre et le plus torturé qui soit. On aura aussi le plaisir de retrouver R.A. Salvatore au scénario, un célèbre écrivain qui est surtout connu et reconnu pour ses romans qui se déroulent dans les Royaumes Oubliés, l'univers de Donjons et Dragons. Enfin le jeu est développé sous la coupe de Ken Rolston qui s'est fait connaître dans le milieu du jeu de rôle papier avant de devenir lead designer sur Morrowind ou Oblivion. Bref, nous nous retrouvons donc ici avec un casting des plus alléchants qui laisse présager plutôt de bonnes choses concernant le jeu.
La présentation qui nous a été faite nous a notamment donné l'occasion d'assister au début de l'aventure. Tout commence avec votre propre mort : vous êtes en effet un cadavre que des gnomes vont jeter dans une fosse commune. Vous vous retrouvez ainsi au beau milieu d'un amoncellement de corps lorsque vous revenez à la vie. Ce miracle ne doit rien au hasard, vous ne tarderez pas à apprendre que c'est le résultat d'une série d'expériences menées par un gnome particulièrement savant... Le fait de faire un voyage aux enfers n'a visiblement pas mis votre personnage dans une humeur très joviale et il n'hésitera pas à se défouler sur toutes les bestioles qu'il rencontrera. Pas la peine d'y aller par quatre chemins : Reckoning est un jeu de rôle vraiment très axé sur l'action. Il n'a d'ailleurs pas été pensé pour plaire uniquement au public traditionnel des RPG, il est aussi destiné à capter l'attention de ceux qui s'ennuient facilement lorsqu'il s'agit de réaliser des combats au tour par tour ou de comparer attentivement les statistiques de leurs loots. On aura ainsi droit à une interface particulièrement dépouillée qui nous permettra par exemple de nous rendre compte rapidement si oui ou non l'objet laissé par un monstre mérite d'être récupéré ou d'enchanter les armes en un clin d'œil à l'aide de gemmes magiques.
De manière générale, tout a été fait pour simplifier la prise en main, mais cette simplicité n'est pas forcément synonyme de pauvreté. Vous pourrez ainsi réaliser des combos en utilisant successivement deux armes ou en faisant appel à différentes magies, mais vous n'aurez pas besoin pour cela d'apprendre par cœur des combinaisons de touches particulièrement complexes. Il vous suffira de prédéfinir les combos en question puis de presser les boutons avec le bon rythme. De la même manière, le système de classes pourrait paraître plutôt rigide et assez classique : on nous a ainsi présenté le guerrier, le mage et le voleur. Mais derrière ces archétypes bien connus, se cachent en réalité des arbres de compétences dans lesquels vous pouvez piocher à votre guise pour créer votre personnage. L'exemple qui nous a été donné est assez simple : l'une des compétences du mage lui permet de se téléporter sur de courtes distances pour éviter de se faire encercler, un voleur peut parfaitement trouver intérêt à débloquer cette aptitude et à s'en servir pour aller poignarder ses ennemis dans le dos.
Vous pouvez donc panacher vos compétences à l'envi mais la présentation s'attardait plutôt sur trois archétypes de personnages un peu plus classiques. Le guerrier a ainsi joué de ses muscles pour faire de belles roulades au sol, pour parer à l'aide de son bouclier et pour profiter de l'étourdissement de son adversaire pour lui infliger un déluge de coups. Le voleur est bien entendu capable d'empoisonner ses lames et de se fondre dans l'ombre. Un petit œil au-dessus de ses adversaires indique si ces derniers l'ont repéré ou non, s'il se montre discret il peut les assassiner au terme d'une petite QTE. Le mage enfin ne correspond pas à l'image que l'on se fait habituellement des ensorceleurs : ici pas question pour lui de rester à l'écart du champ de bataille, il est au cœur du combat et nous offre un véritable feu d'artifice de pouvoirs en tous genres. Le feu, la glace, l'électricité et même une pluie de météorites, tout est bon pour nous en mettre plein la vue et pour faire le ménage. Faut-il encore le rappeler, tout est fait pour nous offrir un titre dans lequel l'action prime. Dans ces conditions, on se réjouit que les développeurs aient mis au point un système de caméra dynamique capable de dézoomer automatiquement pour nous permettre de voir correctement tous les adversaires à l'écran.
On note aussi au passage que le design des différents types d'ennemis qui nous ont été montrés était vraiment soigné. Une créature reptile rappelant les Nagas de l'univers de Warcraft va ainsi pondre des œufs et envoyer ses rejetons vous refaire le portrait. On croise aussi d'étranges petits bonshommes masqués qui n'hésitent pas à se faire exploser lorsque la situation leur semble désespérée ou encore un troll imposant qui rêve d'incruster votre visage dans son tronc favori. L'ensemble ne brille pas par son originalité et autant être francs, nous avons eu du mal à reconnaître la patte du fameux Todd Mc Farlane dans ce travail. On a plutôt eu l'impression de se retrouver face à un univers heroïc-fantasy assez classique mais réellement enchanteur. Non seulement les décors sont riches en détails et profitent même d'un cycle jour/nuit, mais le style général aussi fait mouche et rappelle celui d'un Drakensang dans son débordement de couleurs. Il y a tout de même un prix à payer pour avoir droit à des environnements aussi travaillés : même si on nous promet que le jeu proposera bien un aspect exploration, les passages qui nous ont été montrés se distinguaient plutôt par leur linéarité. Si la plupart des jeux de rôle occidentaux optent désormais pour des mondes ouverts, le level design de Kingdoms of Amalur : Reckoning s'approche visiblement davantage des enfilades de couloirs que proposent généralement les RPG japonais... On espère donc que la prochaine présentation du titre nous permettra de mieux nous rendre compte de l'envergure de son univers.
Cette première présentation de Kingdoms of Amalur : Reckoning nous a permis de découvrir un univers enchanteur, des décors réellement soignés et un gameplay efficacement axé vers l'action. Par contre, l'ensemble ne brille malheureusement pas par son originalité. Il s'agit tout de même d'un titre que les amateurs d'action-RPG se doivent de surveiller de près afin de découvrir si oui ou non il tiendra toutes ses promesses.