Les petits gars de DICE n'ont plus grand-chose à nous prouver en matière de FPS multijoueur. La série des Battlefield s'est en effet imposée comme l'un des meilleurs représentants du genre. Il est donc temps pour ses développeurs de relever un nouveau défi en proposant non seulement un multi digne de ce nom, mais en intégrant aussi une campagne solo sérieuse et prenante. Battlefield 3 semble bien parti pour relever ce pari !
Rappelons tout de même que c'est sur nos PC que la série a fait ses premières armes. C'est ainsi en 2002 que le studio DICE accouchait d'un titre dédié au multijoueur qui répondait au doux nom de Battlefield 1942. Le titre proposait déjà à deux équipes de se mettre joyeusement sur le pif pour récupérer le maximum de points de contrôle sur une map donnée. Non seulement il était possible d'incarner différentes classes de combattants et de prendre le contrôle de véhicules particulièrement mortels, mais le jeu innovait surtout en mettant en place un système de respawn singulier. Pour faire simple, vous utilisiez un ticket chaque fois que vous mouriez et que vous reveniez dans la partie ; le camp qui ne pouvait plus appeler de renfort avait perdu. Ce système pousse nécessairement les participants à jouer en équipe. D'ailleurs les nombreux titres de la série ne se sont pas privés de décliner cette excellente recette à toutes les sauces. La licence a tout de même évolué au cours des années et elle a même donné naissance aux deux Battlefield Bad Company qui s'appuient non seulement sur des modes multijoueurs en béton mais aussi sur de vraies campagnes solo. Ces deux épisodes constituent toutefois des spin-off bien à part et les équipes de DICE accouchent cette fois-ci d'un titre qui est avant tout pensé comme la suite de Battlefield 2.
Bien entendu, il sera question d'un multijoueur conséquent capable de réunir 64 participants sur PC et 24 sur PS3 et Xbox 360, notez d'ailleurs au passage que les maps seront adaptées sur consoles pour convenir au plus petit nombre de participants. Mais la présentation à laquelle nous avons eu droit s'est concentrée sur la nouveauté la plus marquante de cet épisode : la fameuse campagne solo. Encore une fois, le contexte du titre se rapproche davantage de celui de Battlefield 2 que de ceux des Bad Company. Oubliez les discussions scabreuses et les blagues potaches entre Sweetwater et Haggard, le scénario se veut ici sérieux et réaliste. Il nous entraîne dans un futur proche : l'action débute en 2014 alors que les forces de la coalition cherchent à "pacifier" la frontière entre l'Iran et l'Irak. Un mouvement d'insurgés, le PLR, est visiblement en train de mettre la région sens dessus-dessous. Vous intervenez dans la peau d'un membre des Marines, le Sergent Black, qui part avec son groupe à la recherche d'une autre escouade portée disparue dans un quartier de la ville. Évidemment, cette mission ne va pas se dérouler comme prévue...
L'ambiance est posée, les séquences qui nous ont été présentées prenaient place dans un environnement urbain particulièrement dense. Il n'y avait pas vraiment de surprise à ce niveau-là puisqu'il s'agissait du niveau d'où étaient tirées les premières vidéos du jeu. Votre escouade est ainsi amenée à galoper joyeusement dans de petites ruelles incroyablement riches en détails ou à passer dans des bâtiments un peu plus sombres. Les choses dérapent lorsque l'un de vos collègues se fait allumer par un sniper. Vous commencez par mettre votre camarade à l'abri avant de faire face à l'assaut des forces rebelles situées de l'autre côté de la cour dans laquelle vous venez de pénétrer. Cette séquence est intéressante à plus d'un titre. Pour commencer, elle nous permet de constater que la dramatisation de cette campagne solo passe bel et bien par le recours à une avalanche de scripts : votre frère d'arme se doit de prendre une balle pile au moment où vous alliez vous approcher de lui. L'utilisation de scripts n'est pas une mauvaise chose en soi tant qu'ils sont employés à bon escient et qu'ils viennent soutenir l'action. C'était d'ailleurs le cas dans les séquences que nous avons vues, elles profitaient de ce procédé pour installer une mise en scène vraiment efficace.
L'autre enseignement de ce passage particulier tient à l'apparition d'actions contextuelles. Vous n'aviez par exemple ici pas d'autre choix que de reculer au moment où il fallait mettre votre camarade en sûreté. Au cours de la présentation, nous avons aussi assister à la scène de lutte qui avait déjà donné lieu à une vidéo : le joueur doit tout simplement utiliser alternativement les deux boutons de la souris pour lancer des attaques au corps à corps. Ces fameuses QTE ne viennent finalement que renforcer la dimension très "grand spectacle" de cette campagne solo. La démonstration se clôturait d'ailleurs sur une scène vraiment impressionnante : Alors que le personnage utilisait une mitrailleuse montée sur un véhicule, il est jeté au sol par une violente secousse : un tremblement de terre fait onduler le bitume de la rue et un immeuble tout entier finit par s'effondrer à ses pieds... La campagne ne se cantonne pas à cette ville du Moyen-Orient, on aura aussi l'occasion de découvrir des paysages plus ouverts et plus montagneux et même d'aller visiter des villes telles que Paris et New York. La Grosse Pomme américaine est devenue un passage obligé pour bon nombre de jeux d'action mais on est forcément curieux de savoir si les développeurs de DICE ont osé transformer les Champs-Elysées ou la cathédrale Notre-Dame en champs de bataille.
Quel que soit le cadre, les décors risquent bien de souffrir au passage du joueur. C'est bien simple, Frostbite, le moteur physique des Bad Company, proposait déjà une gestion des destructions assez bluffante. C'est un nouveau pas qui est franchi avec le Frostbite 2 qui est à l'œuvre dans Battlefield 3. La façon dont sont retranscrits les dégâts sur le décor est sans commune mesure avec ce que l'on peut observer dans les autres FPS. Qu'il s'agisse de simples impacts de balles dans une paroi, d'un muret qui vous servait de protection et qui part en gravats ou même d'un immeuble qui s'affaisse ou qui s'écroule, il y a de quoi rester bouche bée devant le niveau de réalisme de ces différents effets. Le moteur Frostbite 2 gère aussi admirablement les effets de lumière, tant les rayons de soleil à l'extérieur que les éclairages en intérieur. Cerise sur le gâteau, les gars de DICE ont profité du travail effectué par leurs confrères d'EA Sports pour fignoler l'animation des soldats. Concrètement, vos frères d'arme vont courir avec la même fluidité de mouvement et le même naturel que les footballeurs de FIFA.
Bref, vous l'aurez compris, cette campagne solo nous promet d'ores et déjà un spectacle de choix. Les vieux briscards du FPS ne seront pas forcément rassurés par de telles promesses mais les équipes de DICE nous assurent qu'elles n'ont pas pour autant oublié les fans de la première heure. En termes de gameplay pur et dur, cet épisode revient donc aux fondamentaux de la série en s'approchant de ce que l'on connaissait avec Battlefield 2. C'est ainsi qu'on retrouve la possibilité de ramper comme dans les premiers opus de la série. On nous a aussi assuré que les véhicules du mode solo n'étaient pas là pour nous infliger des séquences de rail-shooting, mais bien pour être conduits par le joueur. D'ailleurs Patrick Bach, l'executive producer du jeu, nous a précisé que la campagne pouvait parfaitement être appréhendée comme un tutoriel du mode multijoueur, comme un moyen de se faire la main sur les différentes armes et les véhicules qui nous permettraient ensuite de fraguer joyeusement ses amis en ligne. Finalement, ce Battlefield 3 pourrait donc réconcilier les amateurs d'action explosive en solo ainsi que les aficionados d'une certaine forme de réalisme lors des combats en ligne.
Difficile de rester insensible face aux charmes de Battlefield 3. Le prochain titre de DICE ne se contentera visiblement pas de proposer un multijoueur solide, il compte bien partir chasser sur les terres d'un certain Call of Duty en proposant une campagne solo qui s'annonce époustouflante. Il place pour cela la barre très haut en exploitant les capacités du moteur Frostbite 2 pour nous offrir un rendu visuel tout simplement éblouissant.