Chaque sortie d'une nouvelle console est accompagnée du même stratagème. Parmi les bons jeux qui semblent avoir fait l'objet d'un soin particulier, quelques immondices viennent se faufiler dans la mare, espérant se vendre comme des petits pains ni vus ni connus. Je vous présente Asphalt 3D.
Bwahaha ! C'est le genre de réaction typique que peut provoquer le nouveau titre de Gameloft, du moins quand on ne l'a pas acheté. Dès la vidéo d'introduction d'une qualité visuelle datant d'une bonne dizaine d'années, on devine à peu près où on a mis les pieds. Pourtant, la saga des Asphalt nous a habitués à de bonnes choses par le passé, souvent considérée comme l'une des meilleures séries de jeux de bagnoles sur portables. De ce fait, on attendait un produit de qualité à la réalisation impeccable, d'où la surprise devant ce bidule même pas fini.
Le principe d'Asphalt, on le connaît. Au volant de bolides de marque, on utilise items, dérapages et autres sauts longue distance pour remplir une jauge de nitro. Si on peut s'en servir pour des petits boosts de temps en temps, attendre que la jauge soit complète avant de l'utiliser permet de lancer un super turbo bien plus rapide. De plus, ce dernier nous montre les raccourcis et envoie valdinguer les adversaires en leur rentrant dedans. C'est simplissime et en théorie, c'est censé être efficace... Sauf que dans la pratique, il existe aussi une entité maléfique qui s'attaque souvent aux jeux développés à la va-vite : les bugs. C'est donc là que la magie opère, car Asphalt 3D en est blindé de bout en bout au point de se demander si le soft a fait l'objet d'un test par ses développeurs avant d'être mis sur le commerce. Commençons, par exemple, avec l'affreuse gestion des collisions qui a l'air basée sur un système totalement aléatoire. Le même choc à une même vitesse peut très bien se traduire par une élimination de votre véhicule ou de celui que vous venez de percuter. Pire encore, votre voiture peut très bien s'arrêter sur place alors que sa vitesse est toujours comptabilisée à 250 km/h, vous faisant donc redémarrer soudainement à fond les ballons. Du coup, chaque fois qu'on est poursuivi par la police, on se croit dans le Benny Hill Show. Les multiples contacts sont l'occasion d'assister à un festival d'illogismes et de ratages visuels, bref, de grand n'importe quoi. Mais si ces bugs ont déjà une belle incidence sur le gameplay, que dire des dérapages complètement ratés qui donnent l'impression de se traîner (voire pratiquement de s'arrêter) dans un virage alors que le compteur indique encore 220 km/h ? D'ailleurs en règle générale, le jeu subit d'impressionnantes chutes de framerate dès que plus de deux véhicules sont présents à l'écran en même temps, histoire de s'ajouter au chaos ambiant. Bien évidemment, ceci occasionne quelques surprises, comme des voitures de la circulation qui apparaissent juste devant vos yeux ébahis, comme par magie, causant ainsi un accident vous faisant perdre la course, ce qui n'arrivera jamais à l'IA d'ailleurs.
Tiens, l'IA, parlons-en. Si vous aviez l'impression que la console trichait quand vous jouiez à Super Mario Kart, Asphalt 3D est l'occasion de découvrir que des boîtes utilisent encore une IA vieille de 20 ans. Par exemple, quand bien même vous roulez à 400 km/h, il n'est pas rare de voir une voiture de police vous dépasser à une vitesse complètement hallucinante qu'on pourrait pratiquement se calculer en Mach. A vrai dire, peu importe votre vitesse, ils sont réglés pour s'y adapter. C'est à peu près la même chose pour vos adversaires : il est tout à fait possible d'en doubler un en appuyant à peine sur l'accélérateur alors que la seconde suivante, la même voiture est impossible à rattraper peu importe si vous êtes à plein turbo. Si on y ajoute la gestion aléatoire des chocs, on a souvent l'impression de jouer à la roulette russe, défaut particulièrement énervant dans un jeu de courses. Fatalement, le contenu réel du titre nous passe un peu au-dessus. Pourtant, les types de courses essaient de se diversifier entre les poursuites avec la police ou encore les épreuves d'élimination où il faut virer un maximum d'adversaires du tracé. L'argent amassé permet de débloquer de nouveaux véhicules et améliorations. Plus vous faites de courses, plus vous montez en niveau ce qui offre la possibilité de trouver de nouveaux sponsors octroyant des bonus supplémentaires. Par contre, si le jeu propose un multi en local, les amateurs de jeux en ligne peuvent se brosser. En effet les seules fonctionnalités « online » sont les classements et les téléchargements de fantômes. Ca a beau être sympathique, il manque tout de même quelque chose là non ? Enfin, puisque c'est le leitmotiv de la console, abordons brièvement l'effet 3D, qui se situe sans doute dans la moyenne de ce qu'il nous a été donné de voir. Le problème, c'est que quand les décors sont laids à la base, vous avez beau rajouter un effet de profondeur, cela reste laid. Seule la modélisation des véhicules s'en sort plutôt bien. Pour clôturer en beauté, juste pour rire encore des problèmes de finitions, il est fort possible qu'Asphalt 3D soit le premier jeu où toutes les voitures ont une boîte de vitesses... infinie ! Oui oui, quand bien même vous êtes au maximum de votre vitesse de pointe, votre véhicule continue de changer de rapport sans aucune raison, pour un résultat sonore tout juste ridicule. Bref, que faut-il de plus pour faire d'Asphalt 3D le plus mauvais choix possible comme premier achat de votre Nintendo 3DS ? Quand bien même il vous faudrait absolument un jeu de voitures pour accompagner votre toute nouvelle console portable, préférez-lui donc Ridge Racer 3D, qui bien que moyen, ne vous éblouira pas de toute son absurdité.
Dans l'impossibilité de prendre nos propres captures d'écran, les images proviennent de l'éditeur.
- Graphismes5/20
Si votre véhicule s'en sort plutôt bien, tout ce qui l'entoure s'avère d'une platitude étonnante. Même avec l'effet 3D, dur de voir le prochain raccourci si vous ne connaissez pas le circuit par coeur ou si vous ne vous fiez pas exclusivement au plan. Si on y ajoute les bugs visuels lors des chocs et sauts ou encore les terribles ralentissements, sans compter les voitures qui apparaissent tardivement sur votre route, c'est la catastrophe.
- Jouabilité5/20
Mais à quoi devaient ressembler les dérapages à la base ? Ce n'est pas censé être le côté grisant de ce type de jeu ? Au lieu de ça, la voiture donne l'air de se ralentir jusqu'à l'arrêt malgré ce qu'indique le compteur de vitesse. Joli ratage. Mais quand on voit la gestion des collisions indigne d'une PS1, plus rien ne nous étonne.
- Durée de vie7/20
Même s'il existe différents type de courses, on a un peu l'impression de toujours y faire la même chose. Certes, finir toutes les épreuves, débloquer les 17 circuits et obtenir tous les véhicules (dont des motos) prend du temps, mais encore faudrait-il qu'on s'y amuse.
- Bande son4/20
Le nombre de morceaux se compte sur les doigts d'une main là où Ridge Racer 3D, concurrent direct, propose une bonne trentaine de musiques. Mais le plus risible est sans aucun doute le bruit du moteur qui n'a parfois aucune relation avec votre conduite. Ca surprend légèrement quand on est à la vitesse max de s'entendre en sous-régime continuel, comme si vous rouliez à deux à l'heure, même si c'est un bug occasionnel. Mais le must reste le coup de la boîte de vitesses infinie. On ne nous l'avait pas encore faite celle-là, chapeau !
- Scénario/
Mais en voilà un beau foutage de gueule ! Asphalt 3D est une bêta vendue en boîte à 40 € dans le simple but de passer inaperçu dans le line-up de sorties 3DS. Une réalisation foirée, des ralentissements dignes de Matrix sans le côté cool et des bugs qui sentent fort le produit bâclé, le titre de Gameloft est le vilain petit canard que tout le monde pointe du doigt en riant bien fort. La note pourra paraître sévère, mais le principe de sortir un jeu dans ces conditions est juste inacceptable.