Jusqu'à présent, Electronic Arts s'était contenté d'exposer fièrement la nouvelle direction prise par la série des Sims avec l'épisode Medieval. Des présentations réellement prometteuses qui demandaient toutefois confirmation. C'est pour cette raison que l'éditeur américain nous a conviés à un nouvel événement permettant enfin de prendre en main le titre. Après quelques heures passées au côté de notre avatar à mettre des sujets au pilori et à confectionner des plats à base de rat, on peut affirmer que le résultat semble à la hauteur des ambitions affichées.
Il faut bien l'admettre, depuis son apparition au début des années 2000, la série des Sims était progressivement devenue une sorte de refuge pour Electronic Arts. Un endroit où le géant américain se savait en sécurité. Qu'il s'agisse d'épisodes principaux ou d'extensions, que ces titres soient ou non de qualité, le succès était au rendez-vous. Une prise de risque minime systématiquement récompensée par des gains impressionnants. En témoigne la réussite commerciale fabuleuse des Sims 3, sorti en 2009. Il faut dire que le concept de la série est ingénieux et que chaque jeu bénéficie d'une replay value exceptionnelle leur conférant une durée de vie infinie. Pour autant, malgré cette spirale positive, EA a décidé de prendre un pari plus osé qu'à l'accoutumée en bousculant les habitudes des joueurs. C'est ainsi qu'après dix ans d'existence, la saga initiée par Will Wright va donner naissance prochainement aux Sims Medieval. Un voyage au temps du Moyen Age qui demeure déjà une grande nouveauté en soi mais qui marque aussi l'apparition d'un gameplay complètement repensé. C'est ce que nous avons pu constater l'espace de quelques heures.
La session de jeu nous a permis de débuter une partie de manière classique. L'occasion d'admirer en premier lieu une cinématique d'introduction légitimant votre rôle dans l'aventure. En gros, vous incarnez une sorte de force surnaturelle qui guidera le souverain du royaume dans son désir de pouvoir. A vrai dire, au départ, vous ne comptiez pas intervenir. L'arrivée d'un seigneur ambitieux vous laissait entrevoir l'avènement d'une puissante civilisation, ce qui satisfaisait votre curiosité en tant que simple observateur. Mais la stupidité du peuple et de son leader finit par tous les conduire à leur perte. Il fallait donc une aide extérieure pour reconstruire ce royaume en totale déconfiture. Armé de votre clavier et de votre souris, vous voilà donc prêt à remettre tout ce beau monde dans le droit chemin. Mais avant de partir tête-bêche dans l'aventure, il convient tout d'abord de choisir une ambition, comprenez par là un objectif vers lequel tendre à long terme. Au départ, cette dernière vous est imposée. Il s'agit de bâtir les fondations de votre royaume. Logique... Plus tard, d'autres ambitions se débloqueront, qu'elles soient militaires, économiques ou encore pacifiques, offrant ainsi une variété de buts à atteindre.
Dans la foulée, il vous est immédiatement demandé de nommer votre royaume puis de créer le Sims souverain, celui qui est amené à exercer la fonction suprême. Vous pouvez bien sûr définir son nom et ses traits physiques. Du poids à la taille en passant par la forme de la bouche ou du nez, tout est paramétrable à volonté, comme d'habitude. De même, il faudra aussi choisir les vêtements portés par le roi ou la reine. A ce niveau, soit vous optez pour un modèle prédéfini, soit vous piochez parmi vos créations puisqu'il est possible d'ajuster les motifs, les couleurs et tout un tas d'autres petites choses qu'on vous laisse le soin de découvrir. Ne relâchez pas votre attention, le travail de personnalisation n'est pas terminé ! A tous ces éléments touchant à l'apparence de votre avatar s'ajoutent en effet les traits de caractère sur lesquels vous aurez aussi votre mot à dire. Certains seront positifs, d'autres carrément négatifs. Il sera de toute façon impératif de choisir des points forts et faibles. Un roi pourra avoir une attitude chevaleresque, être érudit mais également s'avérer cruel, arrogant ou trouillard. Tout cela définit son attitude face à ses sujets et donc par conséquent, son aptitude à régner. Certains individus particulièrement caractériels ont ainsi montré dans l'histoire une incapacité criante à assumer leur statut et dans le même temps, une relative tendance à la débauche. A vous de voir quelle trace vous souhaitez laisser dans les livres.
Immédiatement après cette phase de jeu hautement récréative, il vous faudra choisir une quête. Là encore, elle nous est imposée au départ puisqu'il est nécessaire de découvrir les fonctionnalités de base du titre. Malgré tout, on s'aperçoit tout de même dans les menus qu'il sera possible plus tard de choisir l'approche à adopter pour remplir la quête mais aussi le héros qui partira à l'aventure. Parfois, trois personnages seront même nécessaires pour parvenir à ses fins. Quoi qu'il en soit, nous voilà donc face à notre premier objectif. Et il est plus que simple. Il va falloir pour notre souverain bien-aimé aller chercher des plantes dans la forêt. Au départ, le joueur est en effet bien seul. L'absence de sujets à exploiter se fait cruellement sentir. Seule la présence d'un château somme toute assez basique est là pour nous rappeler notre fonction. Nous voilà donc en train de guider pas à pas sur la carte notre roi en cliquant à plusieurs reprises pour lui indiquer le chemin à suivre. Une fois arrivé sur place, l'endroit s'avère peu accueillant. Au beau milieu de la cueillette surgit un odieux personnage venu dépouiller votre avatar. S'ensuit un combat au déroulement très simpliste. Le joueur doit en effet se contenter de veiller à ce que les barres d'endurance et de vie n'atteignent pas le zéro absolu avant celles de l'adversaire tout en assénant des coups spéciaux si le personnage en possède. Le résultat dépend essentiellement des aptitudes au duel des protagonistes que vous pourrez développer ou non par la suite.
Après avoir dérouillé convenablement votre adversaire, la quête continue. Celle-ci contient en effet un nombre important d'étapes. Plus tard, certaines d'entre elles s'avéreront plus complexes à finir que d'autres et requerront un degré d'implication élevé du joueur. Pour notre part, puisqu'il s'agit du début du jeu, rien n'a réellement posé problème. Après avoir parlé au bourreau, envoyé au pilori un interlocuteur un brin énervant, récolté quelques pierres, nous avons fini par construire nos premiers édifices. Ceux-ci donnent droit à la création d'un nouveau personnage, nommé héros. Ce dernier est contrôlé par le joueur également et possède sa propre vie. Il exerce par exemple un métier (barde, chevalier, espion, forgeron, marchand, médecin, prêtre Jacoban ou Prétérien et sorcier) qui définit sa position dans la société et son domaine de compétences. Chacun aura du coup son propre gameplay. Les développeurs ont par exemple tenu à montrer avant la session de jeu le rôle que peut tenir un espion. Celui-ci pourra à l'insu de tous les convives, empoisonner n'importe quel invité d'un copieux repas médiéval. Voilà qui pourrait être utile pour calmer un opposant au pouvoir. Pour ce qui est de notre partie, elle s'est arrêtée là, l'occasion de faire un point sur les premières sensations.
D'un point de vue pratique, le titre nous a semblé particulièrement bien conçu avec tout d'abord, un tutoriel extrêmement dense introduisant intelligemment les mécaniques de jeu de cet épisode un peu singulier. Ensuite, l'interface nous a paru claire avec la possibilité via quelques clics de passer du management de son royaume à celui des personnages. La vue faisant disparaître les murs pour laisser les joueurs pénétrer dans les différents bâtiments et observer ainsi les différentes scènes de vie s'y déroulant est d'ailleurs très intéressant. Le contenu promet lui aussi énormément avec des quêtes très longues et des objectifs vraiment variés amenant l'avènement d'un peuple qui pourra ensuite aspirer à des rêves de grandeur en conquérant les contrées voisines. On n'oubliera pas non plus ce qui concerne la personnalisation des différentes pièces de chacune des constructions qui risque d'accaparer le temps des fans de Valérie Damidot. La gestion des points de quête, de royaume et d'expérience, qui permettent notamment de bâtir de nouveaux édifices et de développer les compétences des personnages, confère un petit côté jeu de rôle fort sympathique à l'ensemble. L'aspect social est quant à lui toujours présent avec la possibilité d'interagir (parler de tout et de rien, donner des ordres, vous fâcher, manifester votre joie, séduire) avec toutes les personnes de votre entourage. Finalement, le petit regret qui subsiste après nos premiers pas dans Les Sims Medieval concerne les besoins des personnages. Rappelons que seuls sont gérés la faim et le sommeil. Lorsque se manifestent ces envies, le joueur se voit contraint de stopper des activités importantes conditionnant l'avenir du royaume pour confectionner un ragoût de rat ou piquer un petit somme. Cela oblige par ailleurs à des allers-retours incessants au château. Heureusement qu'il est toujours possible d'accélérer le temps à notre guise.
Nos premiers pas dans l'univers impitoyable des Sims Medieval a confirmé la bonne impression laissée par les différentes présentations auxquelles nous avions pu assister. Le jeu affiche une réelle richesse et regorge de bonnes idées. En témoignent l'interface bien pensée et les mécaniques de gameplay conçues avec soin. Aucun point faible ne nous a d'ailleurs sauté aux yeux. A l'instar des épisodes classiques, Les Sims Medieval risque donc de s'avérer particulièrement chronophage pour peu que le contexte historique ne nous rebute pas. Reste également à savoir si l’introduction de quelques éléments issus des jeux de stratégie et de rôle ne risque pas de décourager le grand public à qui se destine pourtant clairement le titre.