PlatinumGames fait partie de ces rares développeurs pouvant se targuer de ne jamais s'être reposé sur ses lauriers. Certains mettront cela sur le compte de la jeunesse du studio japonais, d'autres reconnaîtront le talent et l'inventivité des équipes qui le composent. Après MadWorld, Bayonetta, Infinite Space et Vanquish, quatre jeux dotés d'un univers et d'un gameplay propres, voici venu le tour d'Anarchy Reigns. Un titre qui se différencie des autres productions du développeur par son orientation multijoueur.
Dans l'industrie du jeu, comme partout ailleurs, il y a certaines injustices que l'on a du mal à s'expliquer. Alors que certains studios empilent les suites en connaissant un succès insolent, d'autres s'évertuant à innover ne sont que rarement récompensés. C'est le cas de PlatinumGames dont les productions de grande qualité n'ont pas rencontré le succès qu'elles méritaient, tout du moins en Occident. Pour autant, ses membres ne se découragent pas et continuent d'essayer de faire rimer qualité avec rentabilité. A l'image d'Inaba Atsushi, l'un des fondateurs de l'entreprise japonaise, venu à Londres présenter son nouveau projet, Anarchy Reigns.
Pour faire simple, Anarchy Reigns est une sorte de jeu de baston débridé réunissant au moins huit joueurs simultanément dans des arènes. La présentation, à laquelle nous avons pu assister, avait pour vocation de nous faire découvrir toute la partie multijoueur. Et ce, pour une bonne raison, c'est que PlatinumGames est particulièrement fier d'avoir réussi à concevoir une expérience multi forte, chose qui demeurait impossible par le passé au regard du concept de ses autres productions. De fait, le jeu ne révélera tout son potentiel qu'à plusieurs, même s'il dispose également d'un mode Histoire jouable en solo et dont on ignore absolument tout. L'action prend donc place dans des environnements fermés mais globalement assez vastes. Le joueur contrôle son personnage via une vue à la troisième personne et peut parcourir à sa guise le terrain de jeu, aussi bien sur un plan horizontal que vertical puisqu'il est possible de grimper sur les immeubles et de sauter une fois au sommet de ces derniers. Le level design apparaît d'ailleurs comme très soigné. Pour ce qui est de la nature des maps, celle sur laquelle s'est déroulée la totalité des affrontements de la présentation se nommait Beer Street et proposait des décors urbains ravagés.
Selon Inaba, non seulement les niveaux auront une réelle identité visuelle mais ils proposeront aussi une expérience de jeu différente, notamment en raison des ATE (Action Trigger Event). Il s'agit là d'évènements propres à chaque map qui se déclenchent de manière aléatoire et viennent perturber le déroulement des affrontements. A travers un trailer dynamique, nous avons pu voir un tsunami déferler sur les combattants, une sorte d'énorme scie circulaire déchiqueter quelques malheureuses victimes ou encore des avions lâcher des bombes sur l'aire de jeu. Voilà qui devrait rendre l'issue des combats très incertaine. Anarchy Reigns mise également énormément sur la personnalité des différents protagonistes. Chacun possède bien sûr des aptitudes spécifiques mais aussi un look unique. Pour la première fois, PlatinumGames a décidé de ne pas faire dans l'originalité en recyclant des personnages déjà apparus dans leurs autres productions. Avant la présentation, le studio japonais avait annoncé la présence de Jack, le héros un brin bourrin de MadWorld équipé d'une tronçonneuse, de la blonde aux longs cheveux Sasha, du ninja métallique Zero et enfin du gros Big Bull qui semble avoir définitivement rayé de son vocabulaire le mot finesse. A cette joyeuse bande, le développeur nippon a ajouté deux nouveaux arrivants qu'il s'est empressé de présenter. Tout comme Jack, eux aussi proviennent de MadWorld. Il s'agit de la sanglante Mathilda armée de son énorme massue recouverte de piques et du très sympathique Baron qui en fera rire plus d'un avec ses attaques folkloriques. Qui a dit Sexy Fists of Fire ? Le casting est donc dense même si on est partagé entre la joie de revoir des visages connus et la déception que PlatinumGames n'ait pas été plus audacieux.
En bon titre multijoueur, Anarchy Reigns sera bien sûr doté de plusieurs modes de jeu. Celui qui occupera le plus clair de votre temps devrait être le Battle Royal. Du bon gros deathmatch bien gras comme on les aime ! Son fonctionnement est assez simple. Les participants doivent se taper dessus allègrement en essayant de faire grimper au maximum leur score. Sur la map présentée, huit joueurs se sont affrontés dans la plus grande confusion. Il apparaissait en effet difficile de comprendre toutes les subtilités de ces combats en raison de la densité et de la nervosité de l'action. Seules les personnes ayant les manettes en mains paraissaient en mesure de décrypter ce qui se passait à l'écran. Ils semblaient même y prendre du plaisir les bougres. Sans avoir joué nous-mêmes, difficile de donner ses premières impressions sur le gameplay. Toutefois, le passé de PlatinumGames nous incite à plus grande confiance, chacune de leur production ayant bénéficié d'un système de jeu conçu avec le plus grand soin. Il en a résulté des expériences systématiquement satisfaisantes à ce niveau.
Grâce à une image affichant à l'écran les coups assignés aux différents boutons, nous avons pu voir que les commandes seront a priori assez classiques. Frapper, chopper, sauter, courir et utiliser des coups spéciaux, voilà ce que proposera à la base le jeu. On sait également que les personnages pourront entrer dans une sorte de rage. Reste à savoir quelles en seront les conséquences. Lors des phases au corps-à-corps, nous avons aussi remarqué qu'il y avait comme des QTE. On suppose que ces derniers se déclenchent si les deux joueurs ont fait la même action et que celui qui appuiera rapidement sur la bonne combinaison de boutons prendra l'avantage. L'utilisation d'items en tout genre semble également avoir une grande importance dans les combats. Certains permettent de se protéger telle la bulle magnétique, d'autres d'attaquer, voire de provoquer en duel. Dans ce dernier cas, le joueur désigne l'opposant à qui il désire coller une rouste. Les deux adversaires sont alors transportés dans une sorte de dimension parallèle. S'ensuit un combat en un contre un dans une petite arène fermée et dans un temps limité. De quoi se venger d'un adversaire trop zélé. Au final, ce que l'on retient de ce mode Battle Royal, c'est une action dense et un rythme enlevé, notamment grâce aux respawns très rapides dont bénéficient les joueurs.
La castagne, c'est sympa mais l'entraide, ça a du bon aussi. Un mode coop nommé Survival nous a ainsi été présenté. Son déroulement est assez classique. Les joueurs doivent résister au déferlement de vagues d'ennemis de plus en plus fortes. Aux petits adversaires de base sont donc venus se greffer des snipers que l'on aurait cru sortis de Vanquish puis des sortes d'énormes bêtes en armure roulant sur elles-mêmes pour vous attaquer. L'objectif était visiblement de tenir les dix minutes affichées par le chronomètre situé en haut de l'écran. Le tout, en faisant en sorte qu'aucun des participants, au nombre de quatre ici, ne soit en difficulté. Du classique mais le tout semblait agréable à jouer. Pour terminer cet aperçu, impossible de ne pas dire un mot sur la direction artistique. Jusqu'ici, PlatinumGames avait toujours su imposer des univers et des personnages forts. Pour être honnête, il est difficile de dire qu'il en est de même pour Anarchy Reigns. Et ce, même si le casting offre des têtes connues. Pour le moment, l'identité du jeu est donc compliquée à cerner. Pour autant, le titre tient la route visuellement grâce notamment aux animations très réussies des différents combattants. Nul doute que le jeu fera d'ailleurs honneur aux qualités respectives des machines HD qui l'accueilleront. La date de sortie n'est pour le moment pas encore fixée. Mais ne comptez pas sur Anarchy Reigns avant la fin de l'année.
Si durant les premières présentations de MadWorld, Bayonetta et Vanquish, l’incroyable potentiel de ces titres nous avait immédiatement sauté aux yeux, il faut reconnaître que ce n’est pas tout à fait le cas avec Anarchy Reigns. Ne serait-ce que parce que le jeu ne dégage pas la même force de caractère que ses prédécesseurs à cause d'une direction artistique un peu quelconque et d’un concept globalement moins engageant qu'à l'accoutumée. Un constat en grande partie imputable à la présentation qui a laissé de grandes zones d’ombre planer sur de nombreux aspects du titre. De toute façon, loin de nous l'idée de remettre en cause le savoir-faire de PlatinumGames, qui n'a plus rien à prouver à personne depuis longtemps. Au cœur des combats, l'action paraît d'ailleurs très dynamique et promet d'excellents moments manette en mains. Le plaisir devrait en plus être décuplé par la densité du contenu puisque sont prévues pléthores de modes de jeu et de personnages. Quant au gameplay, nul doute qu'il sera une nouvelle fois conçu avec intelligence et soin.