Après trois ans et demi de développement, Deus Ex : Human Revolution est enfin prêt. Le producteur du jeu, David Anfossi, est venu à Paris pour le présenter à la Presse, et passer les commandes aux journalistes. On ne s’est évidemment pas fait prier…
Le Deus Ex, FPS à la sauce RPG, qui sortira dans quelques semaines, tout comme le Deus Ex d'il y a dix ans devenu culte depuis, avance sur des terrains aussi excitants qu'effrayants. Il traite en effet de transhumanisme, de biotechnologie, de cybernétique, autant de concepts qui convergent vers un principe : la fusion entre la technologie et le corps humain, source d'amélioration des capacités de l'homme, principalement physiques mais pas seulement. Le jeu vidéo a maintes fois exploité le filon, avec par exemple Half-Life 2 et Bioshock pour ne citer que ces deux-là, mais là où Deus Ex fait mouche, c'est qu'il nous projette dans un univers très crédible qui se situe dans un futur très proche. D'un côté la technologie avance à pas de géant, de l'autre le chaos, le terrorisme, la conspiration progressent, inexorablement.
Plonger dans cet univers pendant deux à trois heures (les premiers moments du jeu), ça ne se refuse pas, d'autant que le premier Deus Ex sorti en 2000, un modèle de liberté d'action, a servi de modèle aux développeurs. David Anfossi, le producteur du jeu l'annonce d'emblée : son équipe a eu pour première instruction de jouer à cet épisode culte et de le terminer, c'est dire si ce Human Revolution a été placé sous influence ! Mais histoire de rassurer les joueurs qui n'y ont jamais touché, il rajoute que la trame de Deus Ex : Human Revolution n'est pas reliée à celle des précédents opus. Seuls l'esprit, le gameplay et le contexte sont importés.
Dans ce nouvel épisode donc, le joueur incarne l'agent spécial Adam Jensen, ex-swat un brin taciturne à la voix monocorde, au service de Sarif Industries (visitez www.sarifindustries.com), une société de biotechnologie florissante quelque peu débordée par des groupes d'activistes-terroristes. Nous sommes en 2027, Adam sort tout juste de six mois d'hospitalisation, requinqué façon Steve Austin (pour les plus jeunes, il s'agit du héros d'une série culte des années 70 : L'homme qui valait trois milliards). Il reprend du service sans délai pour une première mission : gérer une attaque terroriste avec prise d'otages au sein d'une unité de production d'augmentations. Voilà pour l'entrée en matière.
Ces augmentations, modules qui boostent les capacités physiques ou mentales humaines, sont au cœur du scénario comme du gameplay de Deus Ex. Achetées au fil du jeu par notre héros (l'expérience progressivement acquise est convertie en Praxis, la monnaie d'échange), elles s'appliquent sur les parties du corps humain que sont le crâne, le torse, les yeux, les jambes, les bras, le dos ou la peau. Comment les choisir ? Simplement en fonction de l'orientation que l'on souhaite donner à son personnage : certaines améliorent des capacités de combat, d'autres développent les compétences d'infiltration, d'autres encore ont une dimension sociale (par exemple la persuasion dans le cadre d'une discussion) ou une influence sur les aptitudes de piratage informatique du héros. Quatre directions (deux principales, deux secondaires) qui constituent l'essence même de Deus Ex : il s'agit d'offrir au joueur une totale liberté dans la façon de mener les missions. Foncer dans le tas en bourrin, avancer discrètement en privilégiant les conduits d'aération ou en assommant les ennemis un à un, utiliser le piratage informatique (des mini-jeux) et la discussion avec les personnages non joueurs pour obtenir des informations capitales : à lui de faire ses choix.
L'expérience de jeu promet par conséquent d'être unique pour chaque joueur, d'autant qu'il est impossible, matériellement et financièrement, d'acquérir toutes les augmentations existantes. Ainsi, entre la vision améliorée pour scruter à travers les murs, les jambes pour courir plus vite, sauter plus loin ou ne pas faire de bruit, les poumons immunisés contre les gaz toxiques, l'armure dermique qui réduit les dégâts, le système “Icare” utile pour sauter de haut, les capacités de persuasion, l'invisibilité et des dizaines d'autres, il faudra faire des choix cruciaux... tout en prenant aussi en considération la consommation énergétique, très variable, de ces éléments (ils ne vous serviront à rien si vous n'avez pas l'énergie pour les faire fonctionner !). A noter également que pour quelques Praxis de plus, certains modules déjà acquis peuvent être améliorés plus encore. Par exemple, le système Typhoon qui déclenche une explosion à 360° laissant sur le carreau tous les humains dans un rayon de 8 mètres, peut être “upgradé” afin d'éliminer dans la foulée tous les robots présents. Pratique, non ?
Le choix, encore, s'invite surtout lors du briefing des missions toujours dans le but de proposer au joueur de mener sa mission comme il l'entend. Et pour reprendre la première que nous avons abordée, l'attaque de l'unité de production avec prise d'otages, la discussion qui s'engage avec le chef des forces de sécurité propose d'opter pour une arme létale ou non-létale, une arme à distance ou au corps-à-corps mais aussi les objectifs prioritaires et secondaires. Le choix peut s'avérer cornélien et la question peut être posée dans ces termes : Faut-il sauver les otages ou pas ? Il faut savoir que si vous décidez de les laisser mourir lors de la mission ou qu'au contraire, si vous les sauvez tous (mieux vaut faire preuve dans ce cas de discernement au cours de la discussion avec le chef des terroristes), vos choix auront une incidence sur les missions suivantes comme sur le dénouement. Quoi qu'il en soit, les discussions seront nombreuses et le joueur sera régulièrement placé devant des choix cruciaux.
Une seule mission en plus de l'introduction, c'est certes un peu maigre pour affirmer avec certitude que ce Deus Ex est à la hauteur de son ancêtre, mais c'est toutefois suffisant pour se faire une idée plutôt positive. Et en tout cas affirmer que l'équipe de Eidos Montréal n'a rien laissé au hasard afin de recréer l'ambiance tout comme la liberté d'action du Deus Ex original. On se laisse facilement happer par le héros et l'atmosphère cyberpunk qui règne sur la ville, au point de fermer un peu les yeux sur une intelligence artificielle discutable et un graphisme qui n'a rien d'exceptionnel. A noter enfin que l'approche infiltration est clairement privilégiée dans le jeu et qu'un système de mise à couvert, à utiliser seulement si vous le souhaitez, se révèle particulièrement utile pour examiner les environs en toute discrétion, puisque la caméra passe en effet à la troisième personne. L'ensemble, assez difficile en définitive (il y a peu de munitions et de modules d'énergie à récupérer dans les placards et sur les corps des ennemis), est évalué à 25 heures de jeu, selon les concepteurs.
Jouez comme vous voulez... la formule résume bien ce Deus Ex : Human Revolution qui revient aux sources, respectant ainsi le cahier des charges que s’étaient fixé les concepteurs. Articulé autour des quatre “piliers” que sont l’action, l’infiltration, la réflexion (pour le piratage) et la socialisation, il propose au joueur de choisir sa propre voie notamment en piochant dans les fameuses augmentations, qui se révèlent pour certaines très originales. L’univers cyberpunk recréé s’avère en tout cas très prometteur et apparaît d’ores et déjà comme un des points forts du titre.