De passage en France, Tomasz Gop, producteur de The Witcher 2 nous a offert de prendre les commandes de son nouveau bébé, le temps d’une quête. Juste assez pour réaliser que l’on tient sans doute là le RPG de l’année. Et nous avons été furieusement emballés.
Quiconque se rappelle de ce mois d'octobre 2007 où The Witcher, jeu de rôle d'un studio polonais parfaitement inconnu, a débarqué chez nous, ne peut qu'être attentif quant à sa suite. Du lourd, forcément du lourd, puisque les petits gars de Varsovie l'air de rien nous avaient concocté la plus belle surprise de l'année, en faisant preuve d'une grande maîtrise en matière de background, de gameplay et de level design. Sans parler d'une qualité graphique qui n'est pas non plus passée inaperçue, loin s'en faut. Trois ans plus tard, donc, le même héros Geralt de Riv, sorti faut-il le rappeler de l'imagination de l'écrivain fantastique Andrzej Sapkowski*, reprend du service pour déjouer une malédiction qui pèse sur toutes les têtes couronnées des environs. Geralt est un sorceleur, mercenaire mutant usant de magie et expert en alchimie, qui aura pour mission de tirer cette sombre affaire au clair, même s'il doit pour cela faire couler le sang, ce qui arrivera évidemment, et plus que de raison.
C'est donc catapulté au cœur de l'acte II que nous prenons en main la destinée du héros, avertis d'emblée que cette expérience ne durera que le temps d'une quête en trois parties. Dix secondes suffisent pour la prise en main, assurément très intuitive. Les déplacements sont réalisés avec les touches habituelles du clavier, la discussion avec un PNJ, voire une transaction marchande, est déclenchée via un clic gauche (une icône représentant une souris s'affiche en approchant le personnage). Le même clic gauche, face à des ennemis, permet d'engager le combat. Sans surprise, l'icône du héros, son médaillon, sa barre de vie et d'endurance sont affichés dans la partie supérieure gauche de l'écran. La mini-carte est à l'opposé, en haut à droite. Et comme dans l'épisode précédent, le signe du sorceleur actif (à sélectionner via la touche Ctrl), apparaît dans le coin inférieur gauche, juste à côté de l'icône de la bombe, préalablement fabriquée grâce aux talents d'alchimiste du personnage. Bref, on est tout de suite à l'aise.
Tout commence donc à Vergen, petite bourgade médiévale baignée de soleil accrochée à la montagne, où les passants et marchands (elfes, humains et nains) vaquent à leurs occupations. Une jolie carte postale qui permet d'apprécier en deux coups de cuillère à pot le rendu graphique du jeu, et qui sera sans nul doute un de ses points forts. Outre une lumière tout simplement saisissante, c'est le décor tout entier qui apparaît d'emblée somptueux. Bâtisses, terrasses ou portes de la cité, et même simples pavés ou murets des ruelles escarpées apparaissent incroyablement réalistes. Tout comme la végétation qui plie sous la brise, l'eau (celle d'une rivière en contrebas de la cité) qui ondule sur les galets. Ou encore les motifs des costumes. Rien n'a visiblement été laissé au hasard, et les différents lieux semblent avoir été composés dans leurs moindres détails comme des tableaux de maîtres. La comparaison est forte, certes, mais c'est véritablement une claque.
C'est un dénommé Dandelion, barde de son état, qui posté devant la taverne, donne la première quête de la série. La porte de la taverne incite toutefois à jeter un coup d'œil avant de se lancer dans l'aventure. Cette taverne tenue par les nains, respectant ainsi une certaine tradition pour ce type d'univers, est l'occasion de retrouver les mini-jeux qui existaient dans The Witcher premier du nom, et qui permettaient de récolter piécettes ou infos. Le poker aux dés ou le combat à mains nues (à mener au rythme de QTE) et désormais le bras de fer (pour gagner, il faut garder le curseur symbolisé par une puce sur une barre qui rétrécit au fil de l'exercice). Des activités amusantes, mais qui n'ont rien d'obligatoire, la liberté de choix restant plus que jamais une des caractéristiques du jeu. Pour en revenir à notre quête, Dandelion raconte que de jeunes hommes ont disparu de Vergen et que des corps brûlés et affreusement mutilés ont été découverts dans un village incendié en contrebas. La mission consiste à se rendre sur place pour les étudier. Si la mini-carte indique la direction pour la quête active, le dédale de rues incite toutefois à faire une “pause interface” afin d'étudier la carte de plus près (via la touche M du clavier). Celle-ci est dotée d'un zoom extrêmement précis commandé par un curseur que l'on déplace sur une réglette. Et un clic gauche prolongé fait défiler la carte de gauche à droite ou de haut en bas. L'exercice permet en tout cas de réaliser à quel point le terrain de jeu est immense, ce qui augure d'une durée de vie tout à fait conséquente, une fois de plus. A noter d'ailleurs, et on s'en réjouira, que les innombrables écrans de chargements du premier épisode, qui cassaient franchement l'ambiance, ont disparu, et que ceux restants passent désormais rapidement.
Le chemin jusqu'au village incendié est l'occasion d'être confronté aux premiers combats, offerts par quatre ou cinq assaillants. Une formalité avec le nouveau système de combat dynamique bien plus facile à appréhender. Il n'est ainsi plus nécessaire de frapper à un moment précis pour faire mouche, et on peut enchaîner les coups assez naturellement. Des combats plus naturels et plus fluides donc, mais aussi plus spectaculaires pour ne pas dire gore... A noter que, exactement comme dans le précédent épisode, Gerarlt dispose de ses fameux signes qui sont autant de coups magiques en perspective pour terrasser des adversaires. Mais également que le principe de glaive d'argent ou de glaive d'acier, deux types d'armes à sélectionner en fonction de la nature des ennemis, est conservé. Sans oublier celui des bombes à fabriquer préalablement.
Donc, une fois les assaillants éliminés, l'identification d'un premier corps peut être réalisée (par simple clic), ce qui mène inévitablement à une seconde identification plus élaborée, cette fois-ci, dans les catacombes de l'autre côté du village. A cette occasion, on jouera un peu aux Experts (oui, oui, la série TV), en validant ou pas les propositions qui apparaissent à l'écran comme un système de dialogue : examen des yeux, du cou, de la tête, des mains, du torse afin de constater blessures et mutilations, et permettant ainsi de récolter certaines informations. L'examen poussé à son maximum se voit en tout cas couronné par la proposition de retourner le corps, lequel dissimule un livre de poèmes. Celui-ci, donné au barde Dandelion pour valider la quête, dissimule une œuvre permettant d'accéder à la planque d'un succube, succube que l'on devra soit séduire, soit tuer... Sans vouloir en dévoiler davantage, la décision que l'on prendra aura bien évidemment des incidences sur le déroulement de l'aventure. Des “aiguillages” comme ceux-ci, les concepteurs en ont truffé le jeu, histoire de garantir une expérience différente pour chaque joueur.
Alors bien sûr, cette phase de jeu destinée surtout à goûter l'atmosphère et à apprécier les qualités graphiques du jeu, voire à s'essayer à des combats simples contre des ennemis assez peu puissants, ne permet pas de faire le point sur tout, notamment les aspects compétences et alchimie. Quoi qu'il en soit, elle est suffisante pour se faire une idée de la richesse de ce deuxième opus et du travail réalisé autour des personnages et de l'atmosphère. Et on est déjà sous le charme.
* La Saga du Sorceleur - 4 tomes (Le sang des elfes, Le temps du mépris, Le baptême du feu, La tour de l'hirondelle) - édition Bragelonne
Le joli mois de mai, selon la formule consacrée, sera peut-être cette année un brin plus joli pour les amateurs de jeux de rôle puisque avec The Witcher 2 : Assassins of kings, il y a assurément du chef-d’œuvre dans l’air. CD Projekt s’est de toute évidence surpassé pour cet épisode très prometteur en matière d’immersion, à l’atmosphère plus sombre et plus violente que la précédente. Sans parler des aspects techniques et graphiques qui d’ores et déjà laissent bouche bée. Sans nul doute, c’est du lourd !