Après 14 ans d’attente, le roi sévèrement burné de la castagne tous azimuts et de la vanne décomplexée est de retour ! L’ultra mégalo Duke Nukem revient enfin sur le devant de la scène à travers une aventure techniquement dépassée mais heureusement aussi fun que surréaliste. Impressions à chaud après environ deux heures de jeu…
« Come Get Some! » (grosso modo, « Si tu me cherches, tu vas me trouver ! »). C'est avec cette accroche pour le moins rentre-dedans que le studio Gearbox Software a décidé de relancer le personnage de Duke Nukem, militaire blond obsédé par les guns et les jolies pépées, héros d'une bonne quinzaine de jeux depuis son apparition en 1991. Et on peut dire que les développeurs ont tenu leur pari ! Blindé d'action, de bons mots (en fait sacrément grossiers !) et de références multiples, Duke Nukem Forever aligne également les situations délirantes. A commencer par une séquence d'introduction qui met Duke, armé d'une grosse pétoire, face à une monstrueuse bestiole à dessouder au beau milieu d'une arène. Une fois la créature envoyée ad patres, la caméra recule et le joueur découvre alors Duke en train de jouer à son propre jeu vidéo, entouré des jumelles blondes Hilson (clin d'oeil à peine voilé aux jeunes actrices jumelles Olsen) en train de lui faire une petite gâterie ! Pas de doute, tout le long de cette aventure à la première personne, les références vont s'accumuler pour le meilleur et surtout pour le rire…
A l'instar du personnage principal, le scénario ne fait pas dans la dentelle. Ainsi, le président des USA vient de négocier un armistice avec les aliens et ordonne à Duke de se tenir à carreau. Manque de bol, ce sont les vilaines créatures de l'espace qui viennent chatouiller ce dernier, aujourd'hui plein aux as et propriétaire d'un superbe immeuble dans lequel est même installé un musée dédié à ses exploits. Il faut savourer au passage la galerie de portraits qui présente notre héros en astronaute, boxeur ou pêcheur de requin blanc, et qui témoigne assurément de sa mégalomanie galopante. Cela dit, chercher des crosses au père Duke, ce n'est rien du tout comparé à ce que les vilains E.T. décident de faire : kidnapper toutes les femmes de la planète ! Cette hérésie ultime doit évidemment se payer dans le sang et les boyaux, si possible répandus un peu partout sur les murs. C'est en tout cas ce que veillera à faire le père Nukem lors de chaque rencontre avec les belligérants. Pour cela, il dispose d'ailleurs d'un arsenal qu'il complète au fil des niveaux (mais il ne peut porter que deux armes en même temps) : Devastator, pistolet 1911, Super Taser... Duke peut même exécuter les ennemis d'un seul uppercut ultra violent (une touche à presser s'inscrit alors à l'écran) lorsque ceux-ci, sonnés, se retrouvent un genou à terre. Bien entendu, le bougre y va régulièrement de son commentaire quand ses adversaires rejoignent l'au-delà, tels que « Si ça saigne, ça peut être tué », « Quand vous déboulez en enfer, dites que c'est Duke qui vous envoie », ou encore « Rest in Pieces » (Allez en pièces !).
Si l'ambiance s'avère totalement jouissive, ce n'est pas le cas en revanche de l'aspect technique du titre. Il s‘agirait même de son point faible. Doté d'une esthétique vieillotte (graphismes simplistes, décors peu colorés et détaillés…) et d'une animation à la ramasse (il faut voir un ennemi mourir en deux frames ou Duke sauter devant un miroir pour comprendre), le moteur du jeu fait donc assez pâle figure. D'autant qu'à cela s'ajoute même de l'aliasing. Mais honnêtement qu'importe ! Car, plus que son aspect purement technique, la valeur d'un jeu avec Duke réside aussi - et peut-être même avant tout - dans son atmosphère, son gameplay et son interaction avec l'environnement. Et sur tous ces points, le jeu réserve bien des surprises ! D'abord, au niveau de la maniabilité, Duke se dirige sans aucun problème et demeure capable d'effectuer plusieurs actions : s'accroupir, sprinter, sauter, tirer, lancer des bombes ou encore recharger et changer d'arme. Mais ce n'est pas tout car la croix directionnelle permet d'activer des Holodukes et de recourir à des stéroïdes qui augmentent la force de Nukem. Elle permet aussi d'enclencher la Dukevision qui autorise de voir la nuit (l'écran devient alors bleu), mais également de boire de la bière (celle-ci booste la résistance de Duke et provoque hélas une espèce de flou peu artistique qui fait un peu mal aux yeux). Bonne nouvelle : ces diverses actions sont à l'image même du gameplay qui varie souvent d'une séquence à l'autre…
FPS, shoot them up ou encore jeu de courses : Duke Nukem Forever grignote à tous les râteliers ! Résultat : le joueur n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Par exemple, après avoir botté les fesses de quelques ennemis et placé quatre piles énergétiques au sommet de son immeuble, Duke s'empare d'une tourelle de mitrailleuse et canarde un des vaisseaux mères des aliens. Une séquence de shoot plutôt sympathique mais assez difficile dans la mesure où il est nécessaire d'éliminer certains petits vaisseaux porteurs de lasers capables de vous tuer en deux coups. Satisfaction légitime lorsque le colossal vaisseau est détruit : Duke fait un doigt magistral – en plein écran - aux aliens ! A un autre moment, pendant deux niveaux, notre héros se retrouve rétréci après avoir marché dans une espèce de bouse extraterrestre verdâtre. Il s'empare alors d'un buggy miniature et part explorer quelques étages mis en pièces par de redoutables Pigcops. Résultat : aux commandes du véhicule, le joueur use du turbo pour effectuer des sauts spectaculaires sur des pans du décor et fonce sur les ennemis pour leur briser les pattes (les créatures hurlent alors en se tenant la guibolle et sautillant sur place). Même si la caméra s'emballe parfois, la maniabilité reste correcte, d'autant plus qu'il est possible à tout moment de quitter le buggy et de shooter à pied les vilains.
Outre son gameplay diversifié, l'un des principaux attraits du jeu réside dans son environnement délicieusement interactif. Délicieusement car le joueur est parfois capable de faire des choses qu'il n'a même pas imaginées, en appuyant simplement sur la touche qui apparaît à l'écran (les objets/éléments des décors interactifs clignotent). Ainsi, outre certains éléments du décor à pousser, il est possible d'utiliser un tas de distributeurs (canettes à boire, paquets de cigarettes (impossibles à fumer), faire tourner des sièges sur eux-mêmes, taper dans un punching-ball, prendre une douche ou encore faire cuire des rats dans un micro-ondes (!). Cet environnement interactif n'est pas seulement là pour distraire la galerie mais sert aussi judicieusement le joueur. Car, dès lors que vous vous comportez comme le Duke, à rouler les mécaniques, agir comme un macho ou même à faire des choses idiotes dans le décor, vous êtes récompensé par l'augmentation du maximum de votre jauge d'Ego (c'est ainsi qu'est nommée la jauge de vie du Duke). Manipuler des haltères, s'admirer dans le miroir ou briser la mâchoire d'un imbécile de manager rapporte donc aisément un ou deux points d'Ego. Une idée brillante qui renforce l'ambiance « comico-testostérone » du jeu ! Mention spéciale à la séquence des toilettes au début de l'aventure où le joueur, en vue subjective évidemment, doit uriner en pressant une touche. Humour extrême des développeurs oblige, si vous décidez d'uriner dans chaque toilette présente (« C'est pas un jeu de pisse ! » vous fait alors remarquer Duke), vous découvrez un magnifique étron (« C'est dégueu, faut que j'me débarrasse de ça ! » précise alors notre héros). Et bien entendu, il est possible de projeter la chose contre les murs afin de les salir méchamment. Comble de l'interactivité : on peut parfois vraiment dessiner avec des crayons de couleur, tantôt sur la couverture d'un livre (en guise d'autographe à un gamin pétri d'admiration pour Duke – libre à vous alors d'écrire les pires choses), tantôt sur un tableau blanc pour expliquer votre plan d'attaque contre les aliens. Cette dernière séquence est à mourir de rire car, tandis que vous vous mettez à dessiner n'importe quoi, le soldat vous accompagnant s'extasie littéralement devant votre projet. Des scènes comme celle-ci, l'aventure en regorge ! Au final, entre humour décomplexé et action non-stop, Duke Nukem Forever promet de jolies heures de fun !
Pour son grand retour, Duke Nukem est prêt à casser la baraque ! Même si la technique apparaît un peu à la traîne, nul doute toutefois que sa nouvelle aventure – après tout de même quatorze années d’attente ! – saura satisfaire les amateurs d’action rock’n roll, d’atmosphère délirante et de comique potache. Bref, un titre définitivement dans l’esprit de série B, comme Baston burnée et Blagues balaises !