Premier titre de la série Need for Speed à s'engager franchement dans la catégorie simulation, Shift 2 : Unleashed (qui perd au passage l'étiquette Need for Speed) atteint-il les sommets de réalisme annoncé ? Voici quelques éléments de réponse...
"Conçu par des pilotes pour les pilotes" : Electronic Arts et Slightly Mad Studios, le développeur en charge du projet, n'y vont pas par quatre chemins pour nous expliquer que ce Shift 2 Unleashed est LA simulation de courses automobiles ultime. Il faut dire qu'avec 5 millions d'exemplaires vendus de Need for Speed Shift, débarqué en 2009 tel un sauveur après une série de sorties de route, l'éditeur est regonflé à bloc. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit pour Electronic Arts de s'imposer une bonne fois pour toutes dans le club très fermé des simulations automobiles même si l'éditeur souhaite, par l'intermédiaire d'autres titres, garder un pied dans la catégorie Arcade où il a fait ses preuves.
Concrètement, à l'exception notable de la gestion avancée des dégâts, des circuits de nuit et de l'Autolog, ce mini-réseau social déjà intégré au Need for Speed Hot Pursuit, on ne peut pas parler de révolution mais plutôt d'une exploitation des bonnes idées de Need for Speed Shift. C'est donc sur le circuit de Dubaï (parmi la centaine en catalogue) que nous nous sommes lancés, d'abord pour juger de ce niveau de réalisme et goûter l'ambiance de l'habitacle, pour ensuite, avouons-le accrocher quelques concurrents histoire de vérifier s'il est toujours possible de rester en course avec un véhicule un brin diminué physiquement.
Quelques tours de piste seulement suffisent à constater que, côté simulation en effet, Shift 2 se situe un cran au-dessus de son prédécesseur. Pour un niveau de difficulté intermédiaire et d'assistance réduite, la conduite se révèle plus précise et bien plus exigeante, ne laissant que peu de chance au conducteur après un écart de trajectoire, un virage mal négocié, un freinage mal dosé. Le titre, plus exclusif, devrait donc recevoir les faveurs des purs et durs. En revanche, pas sûr que les novices y trouvent leur compte. Il y a bien les assistances à la conduite, freinage automatique, antiblocage, contrôle de motricité ou de stabilité, mais celles-ci une fois activées ne laissent que peu de liberté au joueur, qui dans les cas les plus extrêmes n'a plus qu'à gérer la trajectoire. C'est un peu juste. En revanche côté immersion, le titre atteint un niveau rarement égalé pour peu que l'on choisisse la vision de l'habitacle (pilote ou casque) parmi les cinq proposées. C'est même bluffant. Les éléments qui ont fait le succès du titre précédent, vibrations, bruit aigu du moteur, vision floue à pleine vitesse ou vision noir et blanc en cas de collision, sont réellement amplifiés dans ce nouveau titre. On ressent même la fébrilité du pilote à travers le mouvement de va-et-vient de ses mains entre le volant et le levier de vitesse. Assurément, sur ce point, c'est un coup de maître !
Reste l'aspect dégâts. Instaurer une gestion des dégâts digne de ce nom est un passage obligé pour toute simulation qui se respecte, mais cela n'est pas chose aisée. Il faut en effet prendre en considération la vitesse du véhicule au moment du choc, l'angle de ce choc et la matière de l'obstacle rencontré pour modéliser de façon crédible toute déformation sur la carrosserie. Mais aussi, quand il y a lieu, répercuter sur la conduite de façon tout aussi crédible les dégâts subis. Sur ce point, le contrat est plutôt bien rempli ; de la petite aile froissée sans incident sur la conduite, au choc fatal qui voit le véhicule amputé de ses roues et donc immobilisé sur le bitume, tous les cas de figure existent en apparence. Evidemment, cette gestion des dégâts n'est pas une fatalité, il suffit de désactiver l'option "Full Damage" pour revenir à quelque chose de moins réaliste (dégâts qui n'affectent que l'esthétique ou aucun dégât). A noter d'ailleurs que la gestion de ces dégâts concerne aussi les pistes, aspect que nous n'avons pas pu évaluer, faute de temps.
Avec Shift 2 Unleashed, Electronic Arts est en passe de réussir son pari : devenir un acteur majeur du jeu de simulation automobile tout en restant plus que jamais présent dans la course orientée arcade. Mais au-delà de ce virage simulation bien négocié, c’est l’immersion restituée dans l’habitacle qui force l’admiration. Pas sûr en revanche que l’accessibilité n’en pâtisse pas.