Les Phoenix Wright avaient su se démarquer en proposant un concept novateur, dans lequel les personnages, leurs relations, et les nombreux dialogues qui composaient l'aventure tenaient une place primordiale. Si Ghost Trick se démarque heureusement de son illustre aîné, il conserve tout de même cette recette, en prenant soin de son scénario et de sa galerie de personnages hétéroclites. Et c'est dès le début de l'histoire que vous vous en apercevrez, puisque vous ferez immédiatement la rencontre de Sissel, intronisé personnage principal, et surtout totalement mort. Ghost Trick s'ouvre ainsi sur la scène de crime qui vous a rendu dans cet état. Mais vous vous apercevrez bien vite compte que la mort est toute relative, puisque Sissel conserve son âme, et la capacité de déplacer celle-ci d'objet en objet, en agissant également sur eux. Ces facultés, nommées « tours de fantômes » en version française, seront bien utiles à notre personnage, puisqu'il décidera bien vite de comprendre pourquoi il a été lâchement assassiné. Petit détail qui a vraiment son importance : la mort a fait perdre la mémoire à Sissel, il tentera donc également de la retrouver. Et c'est en une seule nuit que la lumière devra être faite sur toute cette histoire, composée de 18 chapitres de diverses longueurs.

Mais les choses se font encore un peu plus complexes, car lorsque Sissel meurt au début de l'aventure, Lynne, jeune femme au tempérament et aux cheveux de feu, se trouve également sur cette fameuse scène de crime. C'est après elle que le tueur en aura maintenant, et vous devez donc tout faire pour la sauver... de nombreuses fois. Car ne vous inquiétez pas, elle aussi y passera ! Mais vos pouvoirs ont une autre particularité, et peuvent vous faire remonter le temps, jusqu'à 4 minutes avant le décès des personnages secondaires. C'est durant cette période chronométrée que vous devrez rapidement agir sur les divers objets de l'environnement afin de modifier le cours de l'histoire et sauver Lynne, ou un autre personnage. Dans la pratique, l'utilisation de tous ces pouvoirs se fait de façon très intuitive, et un très court apprentissage vous sera donc nécessaire. C'est tout au stylet que vous contrôlerez votre âme, la déplaçant d'objet en objet afin de provoquer quelques réactions. On pourra par exemple faire passer Sissel d'une porte de voiture à un vélo non loin de lui, puis pédaler pour atteindre un item encore trop éloigné, actionner sa sonnette, changer encore une fois d'emplacement... c'est dans le mode Fantôme que vous pourrez passer d'un objet à l'autre, sans aucune limite de temps. En retournant dans le monde réel, les minutes recommenceront à s'égrener lors des missions chronométrées. C'est ici que vous pourrez directement agir sur les objets sélectionnés lors du mode Fantôme.

On pourrait penser qu'un fantôme resterait cantonné à un unique lieu, mais certainement pas dans Ghost Trick ! C'est grâce aux lignes téléphoniques que Sissel changera d'emplacement, ce qui implique qu'il ait auparavant découvert le numéro de téléphone de l'endroit auquel il désire se rendre. C'est en progressant au sein du scénario que ces possibilités se débloqueront, au fil de l'aventure. Chacun des chapitres vous demandera d'atteindre un objectif bien précis, avec comme but ultime la découverte du fin mot de l'histoire, dans laquelle cette fameuse Lynne semble bien impliquée jusqu'au cou. Si ce système de jeu semble au prime abord plutôt complexe, il se révèle être un modèle de simplicité et d'ergonomie, accessible en quelques pressions de stylet sur l'écran. Vous ne disposerez parfois que d'une poignée de secondes pour agir, le timing jouant alors un rôle essentiel afin d'enclencher la bonne action juste au bon moment. Un exemple : pour effrayer un sniper, vous devrez d'abord l'éclairer en actionnant un projecteur, puis transférer rapidement votre âme vers la matraque d'un policier faisant sa ronde, avant de finir votre route dans le gyrophare de sa voiture pour l'utiliser. Et encore, ce n'est que la partie cachée de l'iceberg, certaines situations se complexifiant au fil des niveaux.

On regrettera cependant que ce fameux gameplay, offert sur un plateau dès le début du jeu, n'évolue finalement que très peu en cours d'aventure. Les mêmes mécanismes, certes réjouissants, y seront souvent employés, provoquant parfois une petite pointe de lassitude. Mais s'il y a bien deux points sur lesquels Ghost Trick ne manque pas de panache, c'est sa mise en scène et son scénario bourré d'humour. Car c'est avec bonheur que l'on retrouve cette petite touche qui avait fait le succès de Phoenix Wright. Une galerie de personnages délicieuse, des dialogues et une mise en scène théâtralisés, des musiques bien particulières, mais au style reconnaissable entre mille... ces ingrédients font de ce Ghost Trick un jeu à part, se laissant découvrir peu à peu, au fil de son scénario prenant. Il a également le mérite de proposer un gameplay original et totalement adapté, qui, s'il manque parfois de renouveau, parvient pourtant à retenir le joueur, qui se sentira impliqué par le sort de tous ces personnages. Au final, on prendra beaucoup de plaisir à utiliser tous ces pouvoirs de fantôme, pour tenter de démêler les causes de l'assassinat de Sissel.