Deuxième opus de la série des Seiken Densetsu, Secret of Mana est pour beaucoup de joueurs un jeu unique et innovant. Il fut un choc pour tous ceux qui n'avaient pas encore touché de RPG. Sorti en 1994 en France, le titre se voit ré-adapté dans un nouvelle version sur iPhone bénéficiant d'une retouche graphique et de modifications bienvenues... Mais cela suffira-t-il à raviver la flamme ?
Comme tout le monde ne connaît pas Secret of Mana, commençons par le scénario. L'histoire se centralise sur le sort d'un jeune garçon qui va, bien malgré lui, rouvrir une guerre vieille de mille ans en découvrant l'Epée Mana. Etant maintenant le seul à pouvoir raviver l'épée pour sauver le monde, il va partir dans une quête qui s'avérera beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît au départ. Il rencontrera sur sa route une jeune princesse à la recherche de son bien-aimé et un lutin qui a perdu la mémoire. Tous les trois s'uniront pour lutter contre un Empire malfaisant, et surtout contre Thanatos, dont les intentions funestes ne sont pas vraiment expliquées, du moins au début. Même si on a du mal à accrocher aux quinze premières minutes de jeu, qui sentaient déjà le réchauffé à l'époque, on se laisse vite emporter par les différents rebondissements, ainsi que les petites histoires qui viendront se greffer à la trame principale.
L'une des grosses particularités de la version Super Nintendo venait de la possibilité d'y jouer à trois. Manque de bol, cette fonctionnalité n'est pas reprise dans cette itération iPhone, chose vraiment dommageable quand on sait à quel point vivre l'aventure à plusieurs était efficace. Bien entendu, il est toujours possible de passer d'un personnage à l'autre, en touchant son icône en bas de l'écran. L'innovant Ring System, un menu qui tourne autour du personnage, fait son retour et permet de choisir son arme, ses magies, ou encore son équipement, de façon simple et ergonomique. De plus, il nous est maintenant possible de définir quatre raccourcis pour des fonctions importantes. Par exemple, l'utilisation d'objets pour recouvrir HP et MP ou encore les sorts, qu'ils soient offensifs ou défensifs. Disponibles directement sur l'écran de jeu, ces raccourcis facilitent la tâche et évitent de trop couper l'action.
Concernant le gameplay, nous sommes toujours dans un A-RPG. On peut donc frapper et esquiver les ennemis en temps réel. Vous vous déplacez via un stick virtuel placé sur la gauche de l'écran. Malheureusment, non seulement ce dernier est placé un poil trop haut, obligeant donc votre pouce à gêner votre vue, mais en plus il ne permet pas d'être très précis dans un jeu qui demande un placement adéquat pour éviter de frapper dans le vent. Bien que l'on s'y fasse au bout d'un certain moment, il faut bien avouer que cela peut s'avérer dérangeant dans certaines situations. D'autant que l'une des modifications importantes (et positives) concerne l'IA des adversaires, qui a visiblement été revue à la hausse. Vous avez donc intérêt à être bien équipé pour ne pas mordre la poussière en un rien de temps. Si les ennemis s'avèrent déjà plus agressifs, les boss quant à eux n'hésiteront plus à spammer leur magie, leur permettant d'anéantir vos personnages rapidement si vous n'êtes pas préparé ou si vous êtes à bas niveau. D'un autre côté, cette amélioration de l'intelligence artificielle compte aussi pour les membres de votre équipe. Oui oui, ces derniers ont enfin bénéficié d'une greffe de cerveau et sont maintenant bien plus efficaces lorsqu'il s'agit d'attaquer l'adversaire. Mieux encore, leurs erreurs de pathfinding ont été corrigées et ils ne se bloquent plus dans le premier mur venu comme des guignols. Si ça c'est pas une bonne nouvelle !
De plus, il faut bien avouer que l'action a été accélérée rendant ainsi le gameplay plus vivant et jouissif. En fait, votre personnage marche tellement vite que vous utiliserez rarement la fonction servant à courir. Pour le reste, pas de changements : vous disposez de huit armes différentes, toutes évolutives, mais aussi d'une quarantaine de magies glanées au cours du jeu, bien que tous les personnages ne puissent pas les utiliser. En effet, le héros ne possède aucun sort, mais a davantage de vie et de puissance. En revanche, la fille pourra utiliser des magies curatrices ou de soutien tandis que l'elfe sera le magicien noir de la bande. Cette distinction rend chaque personnage totalement indispensable au sein du groupe, d'où l'utilisation du Ring System permettant ainsi d'avoir accès facilement aux magies de la fille et de l'elfe, même si on contrôle le garçon.
D'un point de vue graphismes, on découvre avec surprise que les modifications effectuées sont particulièrement réussies, sans pour autant trop dénaturer l'oeuvre d'origine, à moins de jouer les puristes aigris. Quelques monstres et esprits magiques ont subi un petit lifting et les décors ont été affinés, déjà qu'ils étaient incroyablement variés et originaux dans la version Super Nintendo, sans compter le bestiaire, plus que conséquent. Se balader dans les différents environnements devient vite un plaisir, surtout quand on retrouve des passages mythiques comme le Temple de la Lune, le Continent Perdu (où l'on trouvera un métro… ?!) ou encore Puritas, une forêt pleine d'embûches. De plus, votre voyage aux quatre coins du monde sera toujours accompagné par les compositions d'Hiroki Kikuta (Soukaigi, Koudelka), œuvres atypiques, parfois expérimentales, mais tellement indissociables du soft. Le lancinant Angel's Fear, qui ouvre le jeu, explique à lui tout seul que la bande originale de Secret of Mana soit considérée comme un monument du jeu vidéo. De la flûte au piano, en passant par les percussions, vos oreilles voyageront autant que vos yeux, empruntant les mêmes routes vers le plaisir absolu.
Dernier point important, et non des moindres, la traduction française a été entièrement revue, et ceci depuis la version japonaise du titre ! Quand on sait combien celle de la version originale était chaotique au point d'en être risible, c'est un joli cadeau fait aux fans de la première heure, mais aussi aux nouveaux venus. Du coup, tous les personnages, lieux, et magies récupèrent leur nom d'origine (Chacha s'appelle Niccolo, Jean s'appelle Gemma, etc, etc). Les puristes apprécieront. Au final, cette version iPhone est une fantastique occasion de retrouver un mythe du jeu vidéo, tout en corrigeant quelques défauts au passage. Le titre est toujours porté par son ambiance singulière en partie grâce à son bestiaire et à ses graphismes colorés, les rebondissements nombreux de son scénario, et une bande-son enivrante, de celles qu'on écoute volontiers sur son lecteur mp3. Cependant, la maniabilité iPhone n'est sans doute pas parfaitement adaptée au jeu, et même si on s'en sort avec un peu d'entraînement, cela s'avère plus compliqué que dans la version d'origine. En fait, le véritable point noir vient bien évidemment de la disparition du multijoueur, même si Secret of Mana est aussi une incroyable aventure solo. Bref, Que vous connaissiez déjà le jeu ou non, Secret of Mana sur iPhone est un titre à posséder absolument pour les amateurs d'action-RPG old-school !
- Graphismes16/20
Les légères retouches visuelles fonctionnent à merveille, permettant au titre de ne pas piquer les yeux sans pour autant perdre son style d'antan. Comment ne pas être transporté par la diversité des environnements voire par la beauté de certains comme le Haut-Pays ? Le même compliment peut s'appliquer au bestiaire et aux différents effets visuels, notamment les magies. Secret of Mana est un jeu possédant une identité visuelle propre, et d'une grande profondeur, ce qui le rend inoubliable.
- Jouabilité15/20
Le stick virtuel, on en dira ce que l'on veut, mais ce n'est pas vraiment adapté à certains types de jeu. Secret of Mana fut créé dans l'optique d'une jouabilité à la croix directionnelle, et cela se sent. Néanmoins, une fois adapté, les problèmes s'avèrent rares, et le joueur pourra découvrir un gameplay à la fois technique et plaisant, d'autant que le challenge a été légèrement relevé pour l'occasion.
- Durée de vie15/20
Même si Secret of Mana ne nécessite pas de grosses séances de leveling intensif, il se termine en à peu près 30 heures. Dommage qu'aucune quête annexe ne vienne prolonger votre aventure dans ce monde merveilleux...
- Bande son19/20
Du début à la fin, les compositions d'Hiroki Kikuta n'ont de commun que le talent de leur créateur. Utilisant toutes sortes de sonorités, les thèmes peuvent passer de la douce mélancolie (La Forêt de Cristal, le thème principal) à des musiques très rythmées (le fameux Boss Theme, ou l'encore plus fameux Dark Lich Theme). Il vous faudra avoir l'esprit ouvert pour certains morceaux, mais cela reste un chef-d'œuvre indéniable. On note toutefois que le loop de la plupart des titres n'est plus aussi naturel qu'auparavant, étonnant, mais rien de bien grave.
- Scénario16/20
Le démarrage est classique mais débouche sur quelques petites histoires ici et là. Il y a beaucoup de protagonistes, autant alliés qu'ennemis. Au final, on se laisse très facilement emporter et on veut savoir la suite. Les rebondissements sont suffisamment nombreux pour ne jamais lasser, et certains combats contre les boss sont particulièrement inattendus, chose rare dans un RPG.
D'un point de vue artistique, Secret of Mana est toujours aussi parfait. L'environnement visuel est tellement en adéquation avec l'environnement sonore qu'on a parfois l'impression qu'ils ne font qu'un. Pas une seule faute de goût. Les modifications de cette version iPhone apportent non seulement une légère remise à niveau graphique, mais aussi des améliorations concernant le gameplay même s'il faudra apprendre à maîtriser le stick virtuel. Dommage que l'absence du mode multi vienne ternir un tableau pourtant idyllique, mais si vous aviez de toute façon l'intention de jouer en solo, nous vous conseillons de prendre ce petit bijou sans aucun hésitation.