Malgré une première trilogie relativement médiocre, Crash Time, inspiré de la série télévisée allemande Alerte Cobra, est déjà de retour. Le sous-titre The Syndicate laisse entendre que cet opus s'appuie sur un "vrai" (?) scénario qu'on espère un peu plus poussé que lors des premières tentatives...
Avec Crash Time, les développeurs de Synetic réussissent à tous les coups une véritable prouesse. Elle consiste à ne surtout jamais corriger ce qu'on reproche à la série et à resservir tels quels des mécanismes ratés ou une réalisation bâclée. The Syndicate n'échappe malheureusement pas à la règle et se présente comme une repompe assez honteuse des précédents volets, cumulant une liste de tares ahurissante qui amène le joueur lambda à se poser une question légitime : mais qu'ont-ils fait pendant douze mois ? Ils, les petits gars de Synetic. Apparemment pas grand-chose, si ce n'est écrire des dialogues creux comme un radis ou tenter sans succès de conférer à leur bébé un côté GTA-Like symbolisé par une map quasi inutilisable. Quelques efforts ont pourtant été faits pour les amateurs de multijoueur. A ce niveau, même si les possibilités sont plutôt restreintes et exploitent mal le profil du jeu, on apprécie pouvoir jouer à plusieurs aussi bien local, en liaison multiconsole ou en ligne. Faut-il encore trouver des kamikazes prêts à passer du temps sur un jeu de cette qualité à une période de l'année où les blockbusters sont légion...
Il suffit de zieuter la cinématique qui introduit le mode Carrière pour noter déjà un multitude d'imperfections. Outre sur l'incohérence flagrante entre les dialogues et l'action, on tique sur la réalisation dans son ensemble, vraiment dégueulasse, les contours étant bourrés d'aliasing, l'animation déplorable, la mise en scène pourrie et le clipping monstrueusement indiscret. Autant de taches qui souillent également le jeu in-game... Petite révolution tout de même, les deux héros que sont Semir Gerkhan et Ben Jäger sont modélisés ! Enfin ! Ne vous roulez cependant pas par terre de joie, vous n'aurez pas le plaisir de voir leurs modèles dans leur ensemble dans la mesure où les deux loustics ne quittent toujours pas leur voiture... Dans Crash Time, on procède à des arrestations par la pensée... La conséquence de l'absence de modèles complets est que les dialogues hors mission demeurent d'un ridicule indétrônable, la caméra se contentant de tourner autour du bâtiment dans lequel on imagine les acteurs converser. Chouette ! En même temps, The Syndicate est un jeu particulièrement laid et les doubleurs sont blasés et mono-ton, on ne perd donc peut-être pas grand-chose. Imaginez ce qu'aurait pu donner la synchronisation labiale !
Crash Time 4 possède l'un des pires modes Carrière qu'il nous ait été donné de voir dans un jeu de courses. Son architecture, incroyablement bancale, noie le joueur dans un fourbi sans nom. Ni linéaire ni ouvert, ce mode part dans tous les sens, abandonnant l'utilisateur dans une interface bordélique dénuée de raccourcis qu'il faut alors deviner... En fait, après être passé par les missions d'introductions obligatoires, on n'a plus aucune idée de ce que l'on attend de nous, on erre alors aux quatre coins de la carte, espérant ne plus tomber sur un message d'erreur indiquant que l'on s'est trompé de zone et qu'il n'y a rien à faire dans les environs... D'accord mais n'aurait-il pas été judicieux qu'on nous précise justement où nous rendre pour démarrer une nouvelle mission ? Dans le même sens, comment se fait-il qu'on découvre par nous-mêmes, en ripant sur une touche, qu'il est possible de configurer l'affichage de la carte routière ? En réalité, les développeurs n'ont pensé à rien et ont expédié le jeu sans même soigner les menus... Au moins, Crash Time 4 stimule votre soif de découverte puisque c'est à vous, et à vous seul, qu'il incombe de comprendre le fonctionnement surréaliste du mode Carrière...
Plutôt que de tenter de vous l'expliquer, nous préférons vous parler du gameplay, lui aussi, riche en bizarreries et scripts mal foutus. En gros, vous passez votre temps à faire des allers-retours en suivant un GPS pas toujours sûr de lui, pour aller chercher des "infos" au poste de police ou pour partir en "reconnaissance". Certaines missions sont tellement burlesques qu'on peine à croire ce qu'elles exigent de nous... Par exemple, arrivé sur un lieu d'enquête, vous allez devoir vous déplacer avec votre caisse d'une station de lavage à une pompe à essence en passant par le devant de machines à café (promis juré, je n'invente rien) pour que votre investigation soit validée... et c'est tout ! Les deux comiques jugeront alors avoir fait leur boulot et tireront des conclusions surnaturelles de ces dix secondes de "je vais au point A, je fais une pause, je vais au point B, je fais une pause, je vais au point C, je fais une pause". Dans tout ça, on en oublierait presque les courses-poursuites qui sont, vous l'imaginez, du même acabit. Votre rôle consiste simplement à rentrer gaiement dans les véhicules des prétendus voyous jusqu'à ce qu'on vous félicite pour une arrestation que vous n'avez même pas effectuée... Pire encore, lorsque vous réussissez à faire partir l'IA en tête à queue, elle s'avouera vaincue dés lors que vous collez votre voiture à la sienne pendant cinq secondes. Du grand n'importe quoi ! En revanche, si vous immobilisez les malotrus à un moment de la poursuite qui ne convient pas, ceux-ci s'en tireront par un magnifique respawn à quelques dizaines de mètres de l'action ! Impensable... Autre exemple. Vous filez un malfrat, découvrez qu'il est amateur de courses sur circuits, vous rendez sur le circuit mais malheureusement, il n'est pas là. Résultat ? Vous le remplacez et courrez à sa place !!!! Mais... mais... mais pourquoi ????
- Graphismes7/20
La ville entière est dépeuplée puisque aucun piéton n'a été modélisé, même pas les deux héros (sauf dans leur voiture) ou les protagonistes qu'ils rencontrent durant leurs missions... Mais surtout, le jeu est techniquement à la ramasse, bourré d'aliasing et en proie à un clipping intrusif. L'animation manque également beaucoup de fluidité. En revanche, la modélisation des dégâts est plutôt sympa bien que peu crédible même si les voitures ont été grossièrement dessinées.
- Jouabilité6/20
La prise en main n'est pas mauvaise en soi, c'est son exploitation qui n'a pas de sens. Entre les réactions idiotes de l'IA, ses respawns intempestifs, le désintérêt total et la répétitivité des missions, on ne récupère pas grand-chose. Pour deux flics chevronnés, les allers-retours de coursiers, les balades inutiles et les courses sur circuits manquent franchement de piment... En gros, on a l'impression d'incarner deux incompétents avec un gros poil dans la main.
- Durée de vie7/20
Le mode Carrière assure l'essentiel du contenu mais il est tellement mauvais qu'il ne tient pas sur le long terme. Quant au multi, il n'assure qu'un rôle de distraction même s'il faut rendre hommage à ses multiples modes de connexion (écran splitté, multiconsole, online). Bref, on s'ennuie ferme devant si peu d'inspiration.
- Bande son7/20
Les doublages, enregistrés dans une boîte en ferraille, sont ridicules, les bruitages de collisions guère plus réussis et les musiques trop discrètes pour qu'on y prête attention. Bon, soyons honnêtes, on s'amuse comme des petits fous à déclencher la sirène pour faire les malins au milieu du trafic mais c'est à peu près tout.
- Scénario1/20
Manquer d'idées, être peu inspirés, peu créatifs, pas trop doués pour mettre au point une histoire prenante est une chose. Mais multiplier les incohérences, discréditer de la sorte les deux héros, ôter tout sens aux missions et enchaîner les illogismes en est une autre. On atteint un niveau de médiocrité absolu qui aurait presque pu passer s'il s'agissait de 50ème degré. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
Crash Time 4 est un florilège d'aberrations sonnant comme une vaste escroquerie. Au lieu de rendre hommage à la série Alerte Cobra, "The Syndicate" finit malgré lui par s'en moquer, la faute à des missions grotesques et incohérentes. Techniquement dépassé, le jeu de Synetic accumule les maladresses qui découlent d'un manque d'investissement flagrant. Alors qu'on s'attendait à des courses-poursuites haletantes, on n'a finalement droit qu'à des errements interminables sur une map bordélique, face à une IA buggée et cheatée. Plutôt que de relancer une série bien médiocre, Crash Time 4 l'enterre jusqu'au toit.