Contrairement aux héros issus de l'univers Disney, dont les aventures ont quasiment toujours été remarquablement adaptées sur la Megadrive, les personnages de la Warner n'ont pas toujours été à la fête sur la 16 bits de Sega. Attardons-nous aujourd'hui sur le cas de Taz-Mania, aventure mettant en scène l'un des plus charismatiques d'entre eux, j'ai nommé le diable de Tasmanie.
Dans Taz-Mania, vous incarnez donc Taz qui s'est embarqué dans une quête de la plus haute importance puisqu'il s'agit ici de parcourir une île pour retrouver l'œuf géant d'un oiseau préhistorique, le tout dans un but purement alimentaire. Vous voilà parti à la découverte de cette île, composée de lieux aussi divers qu'un désert, une usine, une forêt, une mine, une banquise et enfin des ruines. Pour arriver au bout de ces niveaux de plates-formes, et avoir ainsi le privilège d'affronter les traditionnels boss, vous devez vous débarrasser de toute une série d'ennemis tout droit issus de la faune locale. Pour en venir à bout, deux moyens : leur sauter dessus (classique) ou utiliser votre fabuleuse et incontrôlable tornade, qui dévaste tout sur son passage. Cette tornade, bien connue des fans du dessin animé, constitue cependant une arme à double tranchant : elle réduit certes les ennemis en miettes, mais elle fait également disparaître tous les items de soin et les vies. A utiliser à bon escient, donc. Puisque l'on parle des items, il faut noter que l'ami Taz trouve parfois à manger d'exquis piments rouges, lesquels lui permettront de cracher du feu et de réduire ainsi en cendres tous les ennemis du coin. Attention, ce pouvoir spécial est bien sûr limité dans le temps.
L'univers loufoque du dessin animé est respecté à la lettre, et ce d'autant plus que l'animation du héros a fait l'objet d'un soin tout particulier. Ses mimiques sont tordantes (faites-lui avaler une bombe pour voir !), et la variété des situations dans lesquelles il se trouve n'a d'égale que la qualité de leur mise en scène. L'univers graphique respecte lui aussi à la lettre le dessin-animé. Les décors, même s'ils peuvent de prime abord paraître un peu vides, sont extrêmement réussis, avec des couleurs utilisées de manière fort judicieuse et qui changent radicalement en fonction de l'environnement traversé. Cette bonne réalisation est de surcroît renforcée par une fluidité de tous les instants : ça va vite, très vite même, et le tout sans aucun ralentissement. Mais, malgré une réalisation convaincante, le jeu n'est pas exempt de défauts.
Tout d'abord, on peut contester le parti pris qui consiste à avoir réduit l'environnement sonore à sa plus simple expression. Les musiques sont quasiment absentes du jeu (sans doute pour respecter l'esprit du cartoon), et quand il y en a, elles sont extrêmement discrètes. On doit donc se contenter la plupart du temps des seuls bruitages qui, s'ils sont excellents, ne suffisent pas à donner au jeu le dynamisme qu'il mériterait. Mais le gros point noir concerne la jouabilité. L'alternance entre le déplacement normal, pas très rapide, et le déplacement par tourbillon fait que l'on rate parfois des sauts ou que l'on se retrouve sans le vouloir le nez dans un ravin. C'est d'autant plus frustrant que certains niveaux, de pure plate-forme, reposent uniquement sur la gestion des sauts (le niveau de la mine pour ne citer que lui). Certains stages souffrent quant à eux carrément d'une jouabilité trés mal pensée, comme cette abominable séquence où l'on doit descendre un fleuve en sautant sur des rondins de bois, et où l'on se retrouve une fois sur deux à l'eau, faute d'avoir pu rattraper le rondin adéquat.
Du côté de la durée de vie, on est dans la petite moyenne des jeux de l'époque : comptez quelques heures pour en voir le bout la première fois, mais simplement une petite heure quand vous le connaissez par cœur. La difficulté est dans l'ensemble moyenne, mais très mal dosée : certains niveaux relèvent de la promenade de santé, tandis que d'autres, en partie à cause des soucis de jouabilité mentionnés plus haut, sont extrêmement pénibles et difficiles à terminer. Au final, Taz-Mania est toutefois sur Megadrive un jeu tout à fait correct, qui respecte à la lettre l'esprit du cartoon. Dommage que quelques soucis de maniabilité soient présents, et que l'aspect sonore n'ait pas été plus travaillé, car le titre aurait pu viser le haut du panier des jeux de plates-formes. Il n'en reste pas moins plaisant à découvrir, et est sans doute, avec Desert Demolition starring Roadrunner & Wile E. Coyote, l'un des jeux Megadrive les plus réussis sur les héros tirés de l'univers Warner.
- Graphismes14/20
Une réalisation très minimaliste, qui peut surprendre au départ, mais qui est très fidèle au cartoon, lequel bénéficiait lui aussi d'un style très épuré. L'animation du héros et des ennemis est excellente, et il n'y a absolument aucun ralentissement à signaler, et ce malgré la rapidité à laquelle défile l'écran quand Taz fait sa tornade.
- Jouabilité10/20
C'est là que le bât blesse. Si il n'y a pas de problème majeur quand Taz marche normalement, la jouabilité peut devenir très pénible car la rapidité de la tornade (que l'on déclenche parfois sans le faire exprès) rend les sauts hasardeux, et il arrive souvent que l'on perde des vies sans trop savoir pourquoi. A noter certains stages, proprement injouables, la faute à un level design très mal pensé.
- Durée de vie12/20
Plusieurs niveaux de difficulté, plus d'une dizaine de stages, le jeu propose une durée de vie honorable pour un jeu de cette génération. La replay value est bonne, sans plus, à cause en partie de cette satanée maniabilité.
- Bande son11/20
Difficile de noter une bande-son quand les musiques brillent par leur absence et ne sont présentes que par intermittence. Les rares thèmes joués sont pourtant de qualité. Les bruitages, quant à eux, sont corrects.
- Scénario13/20
Sacré Taz !! Qui d'autre serait capable de traverser tout un territoire pour aller gober un œuf ? A noter que le jeu connaîtra une suite en 1994, intitulée Taz in Escape from Mars.
Les premières aventures du diable de Tasmanie sur Megadrive se soldent donc par un résultat correct. La principale qualité du soft n'est autre que l'adaptation fidèle de l'univers du héros de la Warner, tant au niveau du style graphique que de l'animation. Mais à côté de ça, le jeu souffre de trop nombreux défauts pour prétendre rivaliser avec les ténors du genre. Dommage…