Il y a 16 ans, Rare fut à l'origine de l'un des chefs-d'œuvre de la Super Nintendo : Donkey Kong Country. Après avoir successivement été le héros d'un jeu en 3D, pilote de courses ou encore joueur de conga, le singe le plus connu du jeu vidéo revient à ses premières amours : la plate-forme pure et dure, en défilement 2D. Lui et son pote Diddy ont-ils gardé la main ?
Cet opus pas innocemment baptisé Returns est une sorte d'hommage à DKC, un titre avant-gardiste qui propulsa la Super Nintendo dans des cieux inattendus au milieu des années 90. Les modèles 3D et la modélisation des personnages en images de synthèse avaient à l'époque surclassé la génération de machines en place. Il a donc fallu attendre 16 longues années avant que cette architecture soit reprise, sans conga, sans mécanisme superflu. Mais DKC Returns n'est pas un remake puisqu'il propose une aventure originale et tout un tas de petites nouveautés. Il n'échappera cependant pas à la comparaison avec Donkey Kong Country dont il s'inspire largement. Toutefois, Retro Studio, qui s'est chargé du développement, n'a pas hésité à piocher quelques idées ailleurs, notamment du côté de New Super Mario Bros. Wii. Le mélange est explosif, validant sans mal le come-back du gorille qui, accompagné de son pote chimpanzé, est le héros de l'un des tous meilleurs jeux de plates-formes sur Wii. Pas étonnant me direz-vous, fallait-il encore avoir les épaules assez larges et les idées assez claires pour faire de ce Returns le digne successeur d'un jeu aussi mythique que Donkey Kong Country !
Que ce soit avec la Wiimote et le Nunchuk ou avec la Wiimote seule, les commandes répondent parfaitement bien et on retrouve le gameplay dynamique de l'époque, exigeant en termes de timing. Car une fois de plus, Donkey valdingue souvent dans les airs, que ce soit via des canons, des lianes ou encore aux commandes du tonneau-fusée, nouveau moyen de locomotion. De fait, la gestion des sauts a évidemment une importance majeure, des sauts que nous avons trouvés bien moins assistés que dans le passé. Toutefois, certains passages hardcore peuvent rapidement tourner en galère si vous avez ce réflexe de vieux joueur qui consiste à évoluer constamment avec la touche accélérer enfoncée. Dans ce cas, la précision n'est pas toujours au rendez-vous et gare aux morts idiotes ! A ce sujet, prévoyez de recommencer de nombreuses fois des niveaux ou des portions de niveau (selon les checkpoints, très bien placés d'ailleurs) puisque la progression dans les derniers tableaux de chacun des huit mondes se fait par l'échec. Pas de panique pour autant ! On ne connaît aucun autre jeu, tous genres et tous supports confondus, où il est aussi facile de gagner des vies ! Que ce soit en récoltant 100 bananes, en décrochant les fameux ballons rouges ou en utilisant vos pièces-bananes comme monnaie d'échange dans la cabane de Cranky, il existe de nombreux moyens de gonfler votre stock de vies. A titre d'exemple, nous en avions 99 (le nombre maximal) dés le monde 3 en ayant pourtant de nombreuses fois échoué. Et pour ne rien gâter, si vous mourrez trop souvent au même endroit, on vous propose de suivre les conseils de Super Kong pour vous débloquer !
L'architecture des niveaux ressemble de près à DKC premier du nom. Si les tableaux ont gagné en longueur, ils sont toujours autant truffés de passages secrets qui donnent accès à des caves remplies de bananes. Ces passages font appel à votre dextérité pour récupérer chaque fruit et le cas échéant, une pièce de puzzle. Ceux-ci, une fois recomposés, permettent de débloquer des images et des dioramas dans le menu bonus du jeu. Un menu qui abrite aussi des musiques pour ceux qui parviennent à rassembler les quatre lettres du mot KONG, une quête bien connue des fans de la série. Tout ceci pour dire que si l'aventure n'est pas très longue, terminer le jeu à 100% avec chaque puzzle, chaque mot KONG et toutes les pièces-bananes nécessite des heures et des heures de pratique. Mais pour vous aider, vous pouvez compter sur un perroquet dont les services sont à vendre dans la cabane de Cranky. Il vous donnera des indications sur les emplacements parfois torturés des pièces de puzzle. L'esprit DKC est conservé puisque c'est souvent en loupant un saut qu'on découvre une grotte ou une pièce de puzzle. Évidemment, chaque monde compte un boss, de difficulté variable mais généralement, il s'agit d'un animal qui se goinfre en s'enfilant des bananes qui ont été volées dans la réserve de Donkey et Diddy. De quoi mettre les deux singes en rogne ! Sans parler de mise en scène, on apprécie les petites cinématiques pré-combat où l'on constate que ce sont des masques vaudous qui contrôlent l'esprit de tous les animaux sauvages sauf... les singes !
Outre le fameux tonneau-fusée, on découvre quelques originalités dans ce Returns. On pense notamment aux parois habillées d'un gazon qui permettent à Donkey de s'accrocher et d'évoluer le long de celle-ci tant qu'elle est couverte par cette herbe, quelle que soit la forme de la paroi (plate, circulaire...). Autre élément de gameplay original, la superposition de plusieurs plans dans la profondeur. En effet, certains canons expédient notre héros vers le fond de l'écran, soit dans une zone cachée, soit sur une plate-forme, un effet visuel souvent utilisé durant l'aventure et qui ne dénature aucunement le principe du jeu ! Bien au contraire ! Les nostalgiques ne pourront pas se sentir dépaysés avec, par exemple, la présence des niveaux de chariots miniers (parmi les plus compliqués du jeu). Terminons par un mot sur le mode coopératif, principale feature de ce jeu mais qui se révèle assez décevante. Alors qu'on s'attendait à un réel mode coop avec une interaction poussée entre les deux singes, il ne s'agit finalement que de refaire les niveaux à deux. La différence, c'est que le joueur qui incarne Diddy, pour le coup descendu du dos de Donkey sur lequel il demeure toujours en solo, peut lancer des cacahuètes grâce à son pistolet magique, afin de se défaire des ennemis qu'il ne peut assommer. L'intérêt de ce coop, c'est sans aucun doute de doubler vos chances de dénicher des objets dangereusement perchés puisque lorsqu'un des deux artistes meurt, il lui suffit d'appuyer sur A pour débarquer accroché à un ballon. Son collègue doit alors le dénicher en se jetant sur lui, comme dans New Super Mario Bros. Wii. S'il n'y parvient pas avant la fin de la "chute", son ami perd une vie ! Le mode coop peut alors se transformer en mode embrouilles...
- Graphismes17/20
Donkey Kong Country Returns brille par la variété que Retro Studio a apporté aux niveaux, tantôt colorés et paradisiaques, tantôt sombres et apocalyptiques. Le level design est très supérieur au tout premier DKC, ce qu'il faut prendre en compte autant pour l'aspect visuel que pour la prise en main. Si l'on regrettera toujours que la Wii n'affiche toujours pas de jolies textures HD, on ne peut que s'incliner devant la fluidité du jeu et le soin qui a été apporté aux animations des différents protagonistes.
- Jouabilité18/20
Certes, Donkey Kong Country Returns est par moment très hardcore et on en vient rapidement à pester contre la progression par l'échec que certains niveaux nous imposent (notamment les chariots miniers). Mais comment ne pas s'incliner devant un gameplay aussi simple et intuitif ? Malgré quelques soucis de sauts, on retrouve une jouabilité fidèle à DKC, enrichie par un level design équilibré et fort inspiré. Du tout bon !
- Durée de vie16/20
Si le mode coopération n'apporte pas tout ce qu'on espérait, la longueur accrue des niveaux, la difficulté relativement élevée (malgré la possibilité de regagner des vies très facilement) et les quêtes d'"objets" boostent substantiellement la durée de vie. En elle-même, l'aventure se termine en 6 ou 8 heures mais terminer le jeu a 100% requière énormément de pratique.
- Bande son18/20
En reprenant les thèmes originaux, légèrement remixés pour l'occasion, Retro Studio sert aux fans une bande-son savoureuse, pleine de nostalgie. Chaque environnement possède une ambiance qui lui est propre au point qu'on reconnaît rapidement à quel niveau appartient chaque atmosphère sonore.
- Scénario/
A ce niveau, il est difficile de parler de scénario. L'histoire tourne simplement autour du vol du stock de bananes de Donkey. Ça ne vous dit rien ?
Donkey Kong Country Returns fait partie des meilleurs jeux de plates-formes de 2010, tous supports confondus. Retro Studio est parvenu à rendre hommage à l'épisode originel tout en imaginant une toute nouvelle aventure et en greffant des mécanismes qui apportent beaucoup de fluidité à l'action. Le travail effectué sur la physique de Donkey permet au singe de prendre une toute autre dimension dans cet opus. Beau, parfois hardcore mais finalement plutôt équilibré, rigolo, appréciable seul ou à deux, DKC Returns est un petit bonheur à côté duquel vous n'avez pas le droit de passer !