Dans le deuxième volet d’Assassin’s Creed, le chemin d’Ezio Auditore s’était arrêté à Rome un peu brusquement. C’est donc tout naturellement dans la ville éternelle qu’il revient pour une nouvelle aventure qu’Ubisoft nous a invité à découvrir dans ses locaux parisiens. Voici nos impressions, après trois heures d’assassinats en bonne et due forme.
Précédemment dans Assassin's Creed… La formule consacrée pour les séries télé américaines aurait pu figurer au début de ce troisième volet : une cinématique nous remémore l'assassinat de Rodrigo Borgia au cœur du Vatican, puis notre héros reprend du service là où on l'avait laissé. Sa première mission ? S'enfuir de la forteresse en état d'alerte pour rejoindre le fief familial, Monteriggioni. Une formalité si l'on est un habitué du jeu : quelques gardes à éliminer, un peu d'acrobatie sur les toits de la ville et l'affaire est pliée. Suivent quelques petites quêtes de mise en bouche, assez quelconques, histoire de se réapproprier le héros. A ce stade, tout semble identique à ce que l'on connait, l'interface n'a pas bougé d'un iota, l'environnement Renaissance (plus somptueux que jamais) non plus, et on retrouve la famille d'Ezio (enfin, ce qu'il en reste…). Bref, on est dans le bain. La trame se met doucement en place et la bataille peut commencer.
Car bataille il y aura, assurément. Plus stratégiques, plus intenses mais aussi plus longs, les combats dans Assassin's Creed : Brotherhood prennent une toute nouvelle dimension, avec des ennemis plus nombreux et plus coriaces. D'autant que désormais, Ezio peut être attaqué par deux assaillants à la fois, contrairement à ce que l'on avait vu dans les volets précédents (ce qui n'était d'ailleurs pas très logique quand on y pense). Pour s'en sortir, l'ami a plus d'un (nouveau) tour dans son sac : balancer des coups de pied dans les jambes de ses adversaires pour les déstabiliser et reprendre l'avantage, dégainer deux armes à la fois (pistolet dans une main, épée dans l'autre par exemple) ou manier l'épée sans bouger de son cheval, ce qui lui confère un sérieux avantage. Et c'est sans compter avec un arsenal qui s'améliorera au fil du temps, grâce notamment au génie de Léonard de Vinci, mais que nous n'avons pas pu hélas passer totalement en revue, faute de temps. De quoi en tout cas faire face. D'ailleurs, le jeu n'apparaît pas de prime abord plus difficile que le précédent.
La nouveauté majeure de cet épisode se révèle être assez jubilatoire. Notre héros s'improvise en effet chef de guilde et a désormais la faculté de recruter, au fil de ses missions, des assassins qui lui prêteront main forte au premier claquement de doigts. Ils sont autant d'alliés qui se feront la main avec des mandats d'assassinat donnés par Ezio lui-même (via les pigeons voyageurs) aux quatre coins du continent. En clair, plus ils iront assassiner à tour de bras, plus ils seront compétents, plus ils seront efficaces en épaulant Ezio dans les moments délicats. Normal. Et finalement assez fun. A noter d'ailleurs que dès le premier recrutement, une nouvelle jauge apparaît à l'écran indiquant sur le nombre d'assassins disponible. C'est un coup à devenir fainéant, certes, mais bon, c'est bien pratique.
L'autre nouveauté de taille tient dans le découpage de la cité romaine en secteurs qu'Ezio doit s'efforcer de libérer les uns après les autres de l'emprise de César Borgia, l'ennemi du moment. Pour y arriver, la seule solution consiste à incendier la tour qui se dresse dans chaque zone, après avoir éliminé son gardien. Quand l'opération réussit, la vie sociale et commerçante du quartier enfin libre reprend alors ses droits, ce qui confère à notre héros un avantage stratégique et économique sur son ennemi Borgia. Les commerces rouvrent et peuvent être rénovés selon un principe d'amélioration des bâtiments déjà expérimenté au village de Monteriggioni, dans Assassin's Creed 2. Un aspect gestion bien plus prononcé qu'auparavant.
Si ces innovations offrent quelques expériences inédites, tous les éléments du jeu précédent sont toujours là, bien présents, histoire de rassurer les aficionados. Ezio évolue toujours dans la ville en escaladant les façades des bâtiments, en sautant de balcons en fenêtres, en courant sur les toits ou dans les ruelles encombrées. Tout en prenant soin bien sûr d'éviter de se faire remarquer par les gardes, quitte à utiliser les services des courtisanes, entre autres. A chaque instant, comme d'habitude, le joueur a le choix entre la mission principale qui permet d'avancer dans le scénario, ou les missions secondaires qui sont plus que jamais des occasions de s'enrichir, de se faire des alliés, de mettre la main sur des objets, parfois après de longues séquences de plates-formes. Et dans tous les cas d'assurer toujours plus de variété. Dans cette optique justement, considérant sans doute, et à juste titre, que l'épisode de la machine volante de Léonard de Vinci était trop court dans le dernier épisode, les concepteurs ont introduit une série de missions « Leonardo ». A chaque fois, il s'agit de mettre la main sur les plans des machines de guerre que l'inventeur, contraint et forcé, a conçues pour Borgia, puis de détruire celles existantes. Non sans les avoir retournées contre les gardes… ce que nous avons expérimenté, le sourire aux lèvres avouons-le, à bord d'un char de guerre aux allures de tortue en bois !
En plus de ces nouvelles missions, et quelques autres qui permettront de replonger dans l'adolescence d'Ezio, Assassin's Creed : Brotherhood instaure une foule de petits plus qui ouvrent de nouvelles perspectives. On aura par exemple la possibilité d'utiliser des souterrains pour rallier plus facilement un point à un autre. Il devient aussi possible d'arpenter les rues de la ville à cheval pour, soudain, se projeter sur une façade sans mettre un pied à terre (ou inversement sauter sur sa monture depuis une fenêtre). Ou encore exercer ses talents d'assassin dans un « virtual training » à n'importe quel moment. Tout ça sur un terrain de jeu annoncé par Ubisoft comme trois fois plus grand que celui de Florence de l'opus précédent. Bref, vous l'aurez compris, l'éditeur semble avoir joué encore une fois la carte de la démesure avec brio. Et sans parler du scénario que nous n'avons pu mener à terme mais qui s'annonce des plus prometteurs. Verdict le 18 novembre.
Trois heures d’Assassin’s Creed : Brotherhood, ne suffisent certes pas à faire le tour du propriétaire, mais elles permettent d’entrevoir une fois de plus l’impressionnant travail des studios Ubisoft de Montréal qui maîtrisent assurément leur affaire. Plus riche, plus varié, encore mieux raconté et toujours aussi beau, ce troisième volet va sans nul doute, et une fois de plus, surpasser son prédécesseur. Et si on rajoute à cela son mode multijoueur inédit qui s’annonce décidément très excitant, cette fois c’est sûr, tous les chemins mènent à Rome…