Duke Nukem Forever, c'est un peu l'histoire de la plus grosse Arlésienne du jeu vidéo. Annoncé initialement en 1997, le projet a été reporté un nombre incalculable de fois pour diverses raisons jusqu'à la mort l'an dernier de son développeur, 3D Realms. On croyait alors le jeu mort et enterré. Mais c'était sans compter sur Gearbox Software, acclamé récemment pour Borderlands, qui a annoncé il y a quelques semaines le rachat de la licence. Et voilà comment nous nous sommes retrouvés en octobre 2010, une version de Duke Nukem Forever entre les mains. Enfin... Hail to the king baby !
Qu'il était fier Randy Pitchford, le patron de Gearbox Software, de pouvoir présenter Duke Nukem Forever à la presse. Lui qui avait bossé en tant que designer sur Duke Nukem 3D il y a plus de quinze ans, peut maintenant se targuer de mener à bien sa suite, l'un des projets les plus rocambolesques de l'histoire du jeu vidéo. Pourtant, ce n'était pas gagné. Avec la fermeture de 3D Realms en mai 2009, tout espoir semblait avoir disparu. Mais c'était sans compter sur la motivation de Pitchford et de son studio, prêts à investir pour ramener Duke à la vie. Il faut dire qu'il y a de l'argent à gagner à la clé, tant les fans de la série sont nombreux. Mais pour être certain de ne pas les décevoir, Gearbox a décidé de réengager une partie des équipes de 3D Realms, qui avait fait naufrage avec la boîte. Ce serait donc leur vision du jeu que l'on a eu le plaisir d'expérimenter. Et après quelques minutes passées à chasser des aliens et à insulter tout ce qui bouge, il n'y a plus matière à en douter.
Duke Nukem Forever prend place douze années après Duke Nukem 3D. Après avoir sauvé la planète, notre héros jouit pleinement de son nouveau statut de superstar mondiale. Il possède ainsi, en plus d'une crédibilité éternelle auprès de la population, casinos et hôtels. Autant dire que son côté narcissique en a pris un coup. Duke est absurde, ridicule mais il vit au sommet d'un hôtel, dans un cadre luxueux, entouré de jolies filles. Voilà qui suffit à son bonheur. Mais alors qu'il profite pleinement des plaisirs de la vie, les aliens refont surface. Et si, de prime abord, ceux-ci paraissent venir en paix, Duke sait qu'en réalité, il n'en est rien. Et en effet, ces monstres révèlent vite leur vraie nature en décidant d'enlever toutes les femmes de la planète. Voilà une motivation dont Duke n'avait pas vraiment besoin pour botter les fesses de ces satanés extraterrestres.
Afin d'éviter de reproduire les erreurs du passé et d'alimenter encore des rumeurs qui auraient remis en cause l'existence même de Duke Nukem Forever, Gearbox est venu sur Paris avec une version jouable du titre. Celle-ci proposait deux niveaux bien distincts, l'un situé au début de l'aventure et l'autre, bien plus loin, histoire de nous laisser tout loisir de tester une partie de l'arsenal dévastateur de Duke. Mais prenons les évènements dans l'ordre chronologique. Le premier passage jouable prend place dans les vestiaires d'une équipe de football américain. Et comme prévu, cela commence fort. Le ton est donné d'entrée. Vous débutez face à un urinoir, en vue subjective bien entendu et il vous est demandé de soulager votre vessie à l'aide de l'un des boutons de la manette. Une fois ceci terminé, vous voilà livré à vous-même dans les toilettes du vestiaire. Comme dans Duke Nukem 3D, vous pouvez interagir avec tout un tas d'éléments du décor. En vrac, il est possible de mettre en route les robinets, les douches ou encore le sèche-mains automatique. Passer son temps dans les toilettes, c'est cool, mais très vite, l'envie de découvrir la suite s'est fait sentir. Nous voilà gambadant joyeusement à travers les couloirs du stade à la recherche d'aliens à tabasser. Après quelques minutes, notre souhait se révèle plus qu'exaucé... Une énorme bestiole de plusieurs mètres de haut occupe en effet le terrain de foot. Armé de votre lance-roquettes, vous êtes chargé de l'abattre. Normal ! Une tâche pas franchement compliquée puisqu'il suffisait de tirer en rafale sur l'ennemi en évitant ses allées et venues aux quatre coins du terrain pour en venir à bout. Une scène qui se conclut par une jolie transformation de Duke, propulsant l'œil du monstre entre les perches. Enfin... pas tout à fait, car à l'issue de ce passage, le logo apparaît à l'écran et la caméra s'éloigne progressivement de l'action pour vous laisser découvrir Duke, dans sa chambre d'hôtel, face à sa télé, manette en mains, en train de jouer son propre personnage. Le tout, accompagné par deux demoiselles qui semblent prendre soin de lui et le questionnent sur le plaisir qu'il a pris en jouant. Ce à quoi notre héros leur répond en substance : « Après douze putain d'années, heureusement ! ». Voilà qui en dit long sur l'humour des concepteurs.
Le deuxième niveau, situé donc beaucoup plus loin dans le jeu, débute alors que Duke se trouve à bord d'un véhicule tout terrain dans un environnement désertique. Au menu, pas grand-chose de bien palpitant puisqu'il faut juste foncer à travers un chemin balisé devant vous en actionnant un boost et en dérapant lorsque le besoin s'en fait sentir. Une phase de gameplay sympathique mais en rien transcendante. Après un saut brillamment effectué pour éviter un gigantesque gouffre qui vous tend les bras, votre bolide stoppe rapidement sa course, la faute à une panne mécanique. Qu'importe, Duke s'éjecte du véhicule et sort son flingue. Très vite, vous ferez la connaissance d'aliens peu enclins à vous laisser tranquille. Ça tombe bien, vous n'avez pas non plus l'intention de les laisser vaquer à leurs occupations. Pour nous aider à les dégommer, nous avons trouvé sur la route quelques armes évoquant forcément des souvenirs comme le Ripper, cette mitraillette dont la fréquence de tir hallucinante permet de trucider un ennemi en moins de deux ou encore le Shrink Ray, qui réduit très largement la taille des ennemis pour que vous puissiez les écraser, au sens propre du terme. Enfin, le fusil à pompe sera aussi de la partie, ce qui nous fait dire que les fans retrouveront dans le jeu toutes les armes mythiques de la série. En tout cas, démembrer les Pigcops a été un réel plaisir durant la partie.
Ce qui risque d'en irriter certains en revanche, c'est le nouveau système de santé. Terminés les kits, vous devez maintenant patienter quelques secondes à l'abri des balles pour recharger votre barre de vie. Autre changement assez pénible par rapport au titre original, vous ne pouvez porter sur vous que deux armes et non plus l'ensemble de l'arsenal. De quoi vous obliger à faire des choix douloureux... Quoi qu'il en soit, ce premier aperçu de Duke Nukem Forever a été très encourageant. Mais pour pouvoir y jouer, il faudra patienter. Contrairement à ce qui est apparu sur le Net, le mois de février n'est pas à l'ordre du jour. La seule chose dont on est sûr actuellement, c'est que le jeu sortira en 2011 sur PC, Xbox 360 et PS3. C'est déjà pas mal...
2K Games ne souhaitant pas diffuser d'images de Duke Nukem Forever pour l'instant, nous avons été contraint de publier des screenshots qui ne sont pas de bonne qualité (car capturés sur des vidéos de salon).
Après tant d'années d'attente, retrouver Duke en pleine possession de ses moyens est un réel plaisir. Irrévérencieux, brutal, fun, cet épisode semble avoir conservé l'esprit de ses ancêtres. Il reste néanmoins pas mal de données inconnues. A commencer par les capacités du moteur graphique, qui semblait franchement daté sur la démo que l'on a testée. Reste également à voir aussi si le jeu tient le rythme sur la longueur, si l'humour est toujours aussi gras et efficace, si l'action ne s'essouffle pas. Bref, beaucoup de "si" qui ne trouveront pas de réponses dans l'immédiat. Pas grave, Duke est de retour et c'est bien là l'essentiel !