Après trois longues années d'absence sur consoles HD, la Formule 1 est enfin de retour. L'heure est donc venue de tourner la page et d'en écrire une autre grâce à l'expertise des petits gars de Codemasters. L'éditeur a en effet décidé d'acheter toutes les licences nécessaires pour confier à un studio interne le développement d'une simulation de F1 que tout puriste attend de pied ferme.
La première et dernière fois qu'une simu de F1 a posé ses roues sur consoles HD, c'était sur PS3 avec Formula One : Championship Edition. Un épisode moyen-bon qui n'est pas resté dans les mémoires, développé à l'époque par Sony qui a du coup décidé de lâcher l'affaire, jugeant sans doute inutile d'insister, l'intérêt pour ce sport auto dégringolant. Dommage pour tous les amoureux de F1 qui ont dû accepter d'attendre qu'un éditeur prenne à nouveau ce risque. La lumière est venue de Codemasters, déjà bien rodé avec des titres comme GRID ou DiRT qui certes, ne jouent pas dans la même cour, mais apportent un certain crédit à cette relance. Après un F1 2009 étonnamment stable et jouable sur Wii, nous étions en droit d'attendre un résultat à la hauteur de cette première expérience, mais avec une réalisation et un contenu supérieurs. Mission accomplie puisque avec F1 2010, Codemasters réalise l'un des plus jolis coups de cette fin d'année grâce à un gameplay inspiré des meilleures années de la série et mâtiné de nouveaux mécanismes parfaitement bien étudiés. A n'en pas douter, voici la nouvelle référence du genre.
F1 2010 est une simulation mais n'attendez pas un titre trop pointu, trop élitiste, trop exigeant. Dans la droite lignée des F1 made in Sony, cet opus s'acharne à ne pas frustrer le joueur et surtout, tout en apportant son lot de fonctionnalités qui s'adressent aux connaisseurs, à ne pas virer dans le hardcore qui ne pardonne pas la moindre erreur. Du reste, il nous apparaît supérieur à ses ancêtres à tous les étages et notamment au niveau de l'IA, coupable récidiviste dans les précédents volets. Cette fois, on tient un lot de pilotes intelligents, dynamiques, possédant d'excellents réflexes et surtout là pour gagner plutôt que pour vous faire perdre. En ce sens, on ne peut que s'incliner devant l'acharnement qui a dû être celui des développeurs du jeu, consistant à équilibrer l'IA afin qu'elle soit à la fois compétitive, et elle l'est, et capable de réagir rapidement à la moindre situation d'urgence. Autrement dit, elle ferme la porte mais n'est pas kamikaze, elle sait s'avouer vaincue lors d'un dépassement propre, elle multiplie les tentatives d'intimidation sans jamais forcer un passage impossible, bref, elle est humaine, commet des erreurs et c'est tout ce que l'on demandait ! Le seul vrai reproche qu'on peut lui faire, et il est important, c'est de rouler aussi vite dans des conditions extrêmes que sur sec lors des essais libres et en qualifications... Le joueur, impuissant, doit s'incliner face à des chronos surréalistes et une IA tristement cheatée. Heureusement, ce n'est pas le cas en course.
Afin de ne se couper d'aucun public, F1 2010 propose au joueur un certain nombre de paramètres ajustables qui permettent de faire petit à petit corps avec le gameplay. Aide au freinage, ABS, contrôle traction, trajectoire dynamique... Autant d'aides que vous activez et désactivez selon votre niveau. Un grand classique. En plus de cela, on retrouve l'interface de configuration de touches de DiRT qui laisse le joueur maître dans l'association des commandes. Si vous voulez accélérer avec Select et freiner avec un stick analogique, c'est possible ! Et si vous demeurez hésitant malgré ça, vous pouvez toujours diminuer le niveau de difficulté général avec la possibilité de disposer de plus de flash-back. Ahhh les fameux flash-back que Codemasters tient absolument à nous servir à toutes les sauces, quitte à sacrifier carrément le réalisme d'une bonne simulation ! Ceux-ci, comme dans DiRT et GRID, permettent de remonter brièvement le temps afin de corriger une erreur quelle qu'elle soit. Autant vous le dire, en user et en abuser sabre carrément le principe et nous n'en sommes vraiment pas fans, a fortiori en F1 où l'idée est justement de rester suffisamment concentré pour ne faire aucune bourde... Pour autant, cette remarque n'influera pas sur notre note dans la mesure où ce mécanisme entre dans la logique d'ouverture du jeu. Mais quand même...
Bref, vous l'avez compris, F1 2010 s'adapte à votre façon de jouer mais nous ne saurons que trop vous conseiller de ne pas abuser des aides, de désactiver notamment l'assistance au freinage et de limiter le contrôle traction. A partir de là, on obtient un gameplay équilibré, relativement souple mais très pointilleux à l'accélération. Un peu trop de gaz sur un vibreur ou en sortie de virage et votre monoplace partira en tête-à-queue sans que vous ayez pu vous rattraper. Il faut en ce sens de nombreuses heures de jeu avant d'avoir le réflexe de contre-braquer et de lâcher les gaz, sans trop freiner, pour corriger la perte d'adhérence. D'ailleurs, on aurait aimé pouvoir davantage jouer avec les accélérations hâtives, cette façon de piloter carrément refoulée par le jeu est pourtant appréciée de certains professionnels, qui aiment jouer avec les limites de leur voiture. Le script qui fait partir la voiture en travers peut donc à la longue, vraiment agacer. En dehors de ce détail, le gameplay est réellement fidèle à nos attentes, pêchu, dynamique, nerveux et donc carrément grisant grâce à une impression de vitesse démentielle, ressentie même en utilisant les deux vues externes. Évidemment, les caméras les plus immersives demeurent les trois autres, au-dessus du casque du pilote, derrière ses yeux ou ras le sol.
Ces vues sont particulièrement dynamiques elles aussi. Le moindre vibreur fait trembler la caméra et la tête du pilote subit les effets de ces contacts un peu rugueux, notamment en chicane, à tel point qu'on a l'impression d'encaisser les G à sa place. Prodigieux ! Dommage que certains détails viennent assombrir le tableau, comme les rétroviseurs qui ne sont pas fonctionnels, contraignant le joueur à utiliser trop souvent la vue arrière afin de contrer les potentielles attaques ou s'assurer qu'un dépassement est terminé. Aussi, on aurait aimé que les départs soient plus manuels. Dans F1 2010, il suffit d'accélérer comme un sourd jusqu'à l'extinction des feux pour s'assurer une bonne propulsion. La gestion des dégâts de son côté est relativement sommaire et certains contacts ne laisseront aucune trace sur votre monoplace. Toutefois, on apprécie le fait de voir les ailerons se détériorer par partie et ne pas voir le bloc entier tomber dès le premier bobo. Il en faut tout de même beaucoup pour qu'un accident influe réellement sur le comportement de la voiture. De toute évidence, les développeurs ont préféré atténuer l'impact d'un accrochage afin de laisser une seconde chance au joueur (en plus des flash-back). Certains apprécieront, d'autres trouveront le traitement inapproprié dans la mesure où le châssis d'une F1 est déséquilibré pour un rien dans la réalité.
L'une des grosses nouveautés du jeu, c'est la gestion en temps réel et par le pilote de certains réglages afférents au moteur, aux ailerons et aux pneus. Ainsi, de sa propre initiative ou en suivant le conseil de son mécano, omniprésent durant la course, le joueur peut, grâce à une navigation rapide, corriger lui-même le comportement de sa monoplace. Il a ainsi tout loisir d'élever ou abaisser ses ailerons pour régler l'appui aérodynamique, réguler la puissance moteur pour éviter la surchauffe ou au contraire, profiter de ses performances ou encore programmer un changement de pneus lors de son prochain arrêt au stand. L'idée est lumineuse et novatrice mais la manœuvre peut, logiquement, parfois être périlleuse selon votre configuration de commandes. Elle met en tout cas en avant le rôle primordial du mécano qui suit l'évolution de votre monture, jamais avare en infos techniques. En revanche, il s'avère un peu moins assidu pour annoncer l'écart qui vous sépare de la voiture qui vous précède, se plantant même parfois carrément dans ses chronos. Qu'importe, sa présence rassure et ses interventions sont généralement très utiles et appréciables. Cela permet de combler le vide laissé par les commentaires, carrément absents de notre version. Ce qui n'est pas forcément un mal.
Si les modes Contre-la-montre et Grand Prix permettent de se faire la main, celui qui a le plus d'intérêt est sans conteste le mode Carrière dont le principal défaut est d'être limité à 7 saisons (pourquoi 7 ?...). D'entrée, le joueur décroche un volant, chez Lotus, Virgin ou Hispania sans effectuer d'essai mais doit petit à petit faire ses preuves pour espérer décrocher un contrat chez une écurie plus huppée, avant de finir dans un top team. A chaque GP, les exigences de votre écurie évolueront, selon que vous assurez en qualifs ou non et surtout, selon votre niveau par rapport à votre équipier. Ce mode est en effet conçu de sorte à ce que la concurrence entre les deux pilotes soit exacerbée avec en point de mire, le fameux statut de numéro 1. En parallèle un menu interactif en 3D permet de se déplacer dans le paddock (évolutif selon les destinations) afin de répondre à trois petites questions de Christophe Malbranque ou de s'entretenir avec votre agent sur quelques banalités. Mais le lieu clé, c'est votre garage. Depuis votre voiture, vous pouvez interagir avec l'ingénieur et choisir les réglages qui s'imposent en fonction du profil du circuit et des conditions météo. D'ailleurs, un bulletin vous informe sur votre écran perso des prévisions météo afin que vous adaptiez votre stratégie, toujours en concertation avec votre team. Le joueur pourra alors opter pour des réglages rapides, souvent appropriés, parmi sept configurations, ou se plonger dans l'interface de réglages réservés aux initiés. Mais mieux encore, s'il devient pilote numéro 1, il bénéficiera en priorité des progrès résultant de recherches effectuées sur le long terme par la team ! Comme en vrai ! En ce sens, le mode Carrière de F1 2010 est le meilleur qu'un jeu du genre ait proposé, non sans rappeler, dans le principe, celui de V-Rally 3. Une sacrée référence.
- Graphismes17/20
Plus que des circuits, ce sont carrément des lieux entiers et des atmosphères bien distinctes que se sont affairés à modéliser et à retranscrire les développeurs de F1 2010, bien aidés par l'authenticité apportée par toutes les licences. En soignant le background jusqu'à supprimer toute interface classique pour les remplacer par des interfaces interactives en 3D, ils ont réussi à faire de leur bébé un titre bourré de personnalité. Techniquement parlant, il impressionne également, réaliste, hyper crédible et surtout parfaitement fluide à quelques exceptions près (Monaco notamment). On regrette simplement l'absence de podiums.
- Jouabilité17/20
Équilibré, immersif, grisant, F1 2010 procure d'excellentes sensations, non sans rappeler l'âge d'or de la série. Bien qu'il ait quelques défauts, le gameplay rend bien hommage à ce sport auto délaissé depuis trop longtemps sur nos consoles. S'il vire plus du côté de la simulation que de l'arcade, il n'est toutefois pas élitiste et se veut suffisamment souple et paramétrable pour que n'importe qui y trouve son compte. Grâce à une IA de grande qualité (en dehors des retardataires qui ne s'écartent pas) et une météo dynamique, F1 2010 nous assure des Grand Prix tout à fait crédibles, respectant scrupuleusement le règlement 2010, jusqu'à l'utilisation couplée de pneus option et prime par temps sec. Il ne manque plus que le tour de chauffe et la voiture de sécurité.
- Durée de vie16/20
F1 2010 s'appuie sur un mode Carrière riche et évolutif, bien pensé, complet et suffisamment réaliste pour nous occuper des dizaines et des dizaines d'heures. La progression du pilote est lente et passionnante, depuis une écurie de fond de grille jusqu'à un top team et le titre de Champion du Monde en vue. Si le multijoueur est bien au rendez-vous, par le biais de LAN ou du Online, il manque toujours un mode écran splitté.
- Bande son17/20
Soignées et fidèles à la réalité, les sonorités des moteurs varient considérablement d'une voiture à l'autre, leur chant remplaçant largement la musique, pour le coup totalement inutile. Les commentaires sont de leur côté carrément absents, Christophe Malbranque n'intervenant que dans le paddock pour de brèves interviews sous forme de QCM. Ce n'est pas un défaut en soi, les interventions de l'ingénieur rythmant parfaitement chaque GP.
- Scénario/
Nous n'attendions pas forcément autant de F1 2010. Après trois années d'absence, la série effectue un come-back tonitruant et cet opus s'impose sans mal comme l'un des meilleurs jeux de courses du marché. En squattant un créneau laissé vacant, Codemasters a eu le nez fin, fallait-il encore assurer en proposant un gameplay aussi riche et réaliste que celui de F1 2010. Le plaisir qu'il procure touchera aussi bien les joueurs du dimanche que les puristes, ces derniers loueront les efforts qui ont été faits pour redonner à la F1 la place qu'elle mérite sur le marché.