De passage dans les locaux du studio suédois DICE, nous avons eu l’occasion de tester trois missions en solo et de goûter aux joies du multi pendant environ 1h. Voici donc, pad en mains, nos premières impressions sur ce nouveau chapitre de la saga Medal of Honor…
Deux studios auront été nécessaires pour développer ce Medal of Honor. D'un côté, Danger Close (nouveau nom du studio Electronic Arts Los Angeles) s'est occupé du mode solo. Tandis que les modes multi ont été confiés au studio Digital Illusions CE alias DICE, auteur de Battlefield Bad Company 2. Dès le premier contact avec l'aventure principale, on remarque rapidement que le jeu semble véhiculer un paradoxe. Alors qu'on est censé incarner un membre de l'unité spéciale Tier 1, dont l'observation, la discrétion et même le silence constituent les talents de rigueur pour évoluer en milieu hostile, le jeu s'avère extrêmement bavard. Que ce soit sous forme de séquences (longues et statiques) de dialogues entre le QG et vous. Ou bien par l'intermédiaire d'une voix off vous accompagnant en permanence. Y compris lors des moments les plus stressants (comme la scène du sniper dans les montagnes), dont l'ambiance environnante aurait mérité d'être davantage mise en avant. Heureusement, en contrepartie, les environnements des niveaux présentés sont plutôt soignés et, en dépit d'un léger aliasing, dépeignent bien les paysages contrastés de l'Afghanistan.
La première mission dévoilée est divisée en plusieurs objectifs et consiste au final à détruire une grosse tourelle de mitrailleuse afin que les renforts débarquent sans problème en hélicoptère. Aux côtés de vos trois coéquipiers, vous n'avez aucun problème pour éliminer toute résistance adverse. Les armes sont puissantes et le gameplay reste efficace car classique. Ainsi, vous pouvez sauter, lancer une grenade, tirer et zoomer en shootant, recharger, utiliser une arme secondaire ou encore donner un coup au corps-à-corps. Arrivé devant la fameuse mitrailleuse, il faut alors dégommer plusieurs fois de suite l'ennemi qui la contrôle. Problème : une rafale de balles bien placée suffit à tuer l'individu mais bizarrement une grenade n'a aucun effet. De même, si vous vous déplacez rapidement sur le terrain et allez trop vite en besogne, vos compagnons ne vous suivent plus. Et ils ne déclenchent donc pas le script pour détruire la tourelle. Il faut alors retourner en arrière et les attendre. Espérons au passage que ces soucis ne se retrouvent pas dans la version finale. Heureusement, la mission se termine par une certaine envolée guerrière : les Talibans vous assaillent de toutes parts alors que vous vous êtes réfugié dans une bâtisse qui part en charpie sous les balles ennemies. Le son d'une musique héroïque monte au fur et à mesure que vous vous abritez derrière les rares murets encore debout. L'effet est réellement sympathique et fait un peu penser au long-métrage de Ridley Scott "La Chute du Faucon noir" où, cachée derrière un hélicoptère crashé, une poignée de soldats subit l'assaut des rebelles locaux. Dommage néanmoins qu'ici les évènements paraissent encore une fois scriptés car, visiblement, peu importe le nombre de belligérants tués, le résultat demeure toujours le même.
Changement d'ambiance avec les deux autres niveaux en solo. D'abord, place à la destruction massive. Puisque vous vous retrouvez aux commandes d'un hélicoptère et devez canarder les nids de mitrailleuses dans les montagnes à l'aide d'un nombre illimité de missiles. Si on ne dirige pas vraiment l'appareil qui suit un tracé prédéfini, comme sur des rails, en revanche on contrôle aisément ses tirs, y compris de mitrailleuse sur les silhouettes de Talibans qui détalent comme des lapins. Le résultat est plutôt jouissif, d'autant que si vous manquez une cible capitale, le jeu vous replace automatiquement quelques secondes auparavant. Facile ! Le niveau de difficulté n'est guère plus élevé lors de la séquence de sniper qui constitue la dernière mission dévoilée. A l'aide d'un fusil sniper de très longue portée, vous devez dégommer deux ou trois petits groupes de Talibans sur le versant de la montagne face à vous. Une touche permet de retenir son souffle et ainsi de stabiliser sa visée. Le paysage est plutôt vaste et il n'est pas facile de les repérer. Mais une voix off, suivie carrément d'un symbole qui s'inscrit à l'écran, finissent rapidement par vous indiquer leur position. Dommage car on aurait aimé avoir le temps de scruter tranquillement l'horizon. Même lorsqu'un ennemi au loin vous a repéré et se cache pour vous tirer dessus, on vous le montre trop vite et on vous prive finalement d'un hypothétique duel de sniper. Résultat : il suffit d'aligner les adversaires pour que les têtes explosent et les corps s'affaissent. Toutefois, une ultime surprise vous attend : au beau milieu de cette séquence de tirs surgissent des Talibans qui vous foncent dessus. Il faut alors se relever prestement et courir se cacher. Une bonne idée de mise en scène concluant cette démo en solo qui, finalement, offre sa dose de grand spectacle, même si le joueur ne semble être guère libre de ses actions…
Place désormais aux modes multijoueurs réalisés par DICE. Le moins que l'on puisse dire est que le studio s'est largement inspiré de son expérience en multi sur Battlefield Bad Company 2. Au point d'ailleurs d'en proposer ici une sorte de version light. Ainsi, dans Medal of Honor, deux camps s'affrontent : les Américains et les Talibans. Et on dénombre 4 modes de jeu accueillant jusqu'à 24 joueurs (12 contre 12) sur 8 maps différentes (village de Garmzir, Montagnes enneigées de Shahikot, base militaire de Kunar, marché de Kandahar…). Il y a d'abord Team Assault, l'équivalent d'un ultra classique Deathmatch. Ensuite, on recense deux modes qui évoquent clairement les parties Ruée et Conquête de Bad Company 2 : Sector Control et Objective Raid. Dans le premier, il faut prendre trois lieux dans n'importe quel ordre et en rester maître un certain temps. Quant au second, il permet des parties éclair de 5 minutes maximum où il est nécessaire, dans un premier temps, de détruire deux installations ennemies, et, dans un second temps, de défendre les siennes. Le résultat est efficace mais on regrettera tout de même l'absence de nombreux véhicules. En effet, Medal of Honor n'en propose qu'un seul : le char. Enfin, quatrième et dernier mode, certainement le plus intéressant : Combat Mission. Celui-ci propose de remplir une série d'objectifs qui se déclenchent les uns après les autres. Par exemple : neutraliser des gardes, faire sauter un dépôt de munitions, sécuriser une zone et enfin permettre l'extraction de civils en hélicoptère. L'action y est assez épique et on n'a pas le temps de chômer. A noter qu'il faut mentionner aussi le niveau de difficulté Hardcore, réservé aux pros de la gâchette. Ici, pas de régénération de santé, impossible de ramasser des munitions, aucune carte disponible pour se repérer et le Friendly Fire (tir ami) se retrouve activé d'office. Bref, l'enfer sur Terre !
Rifleman (soldat de base), Special Ops (ingénieur) et Sniper : voici les trois classes de personnages disponibles qui possèdent armes de prédilection et compétences spéciales. Ces dernières se débloquent au fil des points accumulés en cours de bataille. Côté équipement, chacune des 24 armes est caractérisée par 4 critères : Précision, Portée, Dégâts et Cadence de tirs. Et il est possible de customiser celles-ci en ajoutant des accessoires à trois emplacements précis. Exemple : pour un fusil de sniper SVD, on peut mettre une meilleure lunette de visée, un laser invisible qui améliore la portée et enfin un chargeur de munitions supplémentaire (ou choisir un style de balle plus mortel). En cours de jeu, tous les joueurs peuvent opter pour un style de combat offensif ou au contraire défensif. Concrètement, lorsque vous tuez d'affilée plusieurs ennemis ou effectuez des actions particulières (secourir un coéquipier, maîtriser une zone…), vous marquez un certain nombre de points. A chaque palier de points atteint, en pressant la croix directionnelle à gauche ou à droite, vous pouvez déclencher respectivement une action offensive ou défensive prédéterminée. Les gestes offensifs prennent la forme d'un tir de mortier ou d'une attaque de missile AGM-114 que vous commandez en vue subjective. Tandis que les gestes défensifs aboutissent à un gilet pare-balles ou des munitions spéciales qui percent les blindages. L'avantage est que, grâce à cette option, vous pouvez retourner d'un seul coup une situation désespérée en votre faveur. Bref, un petit côté stratégique bienvenu qui vient contrebalancer le classicisme général de ce titre.
Ce contact avec Medal of Honor laisse présager d’une aventure solo sympathique et d‘un multi efficace, même si l’un et l’autre auraient pu proposer nettement plus d’originalité et de contenu. Quoi qu'il en soit, si les quelques petits défauts constatés ici ou là sont corrigés, on imagine sans peine que Medal of Honor se montrera tout à fait capable de tenir tête aux ténors du genre à la fin de l'année.