Objet de conflit, la série Gothic est passée des mains expertes de Piranha Bytes à celles de Spellbound, nouveau venu dans l'aventure. Étant donné la bonne réputation des premiers épisodes, certes remplis de bugs, mais pourvus d'un réel univers et d'un gameplay open world très grisant, il n'était évidemment pas question de tout bouleverser, mais de modifier quelques détails. Premier changement notable, le héros anonyme des précédents épisodes, qui règne désormais sur le royaume, cède sa place à un modeste berger. C'est au milieu de moutons et dans un minuscule village au sein duquel réside votre fiancée, que vous commencerez donc votre aventure. Puisque Gothic 4 conserve la structure des précédents volets, personne ne sera étonné de la nature des premières quêtes. Afin de tester votre capacité à rendre sa fille heureuse, votre beau-père vous demandera de tuer quelques rats-taupes, de chasser des cerfs dans une clairière ou encore de rapporter un poignard lourd de symboles, caché au fond d'une grotte. Quelques missions en forme de tutoriel qui permettent de se familiariser avec le monde de Gothic.

Les habitués retrouveront le système de combat classique, bien qu'ici un peu plus dynamique que d'ordinaire. Il est ainsi possible d'opter pour une arme efficace au corps-à-corps, du type épée à une ou deux mains, pour un arc afin de casser les distances ou, plus tard, pour la magie. Comme d'habitude, l'évolution de votre avatar ne passera pas par un système de classes. Vous serez chargé de répartir des points dans huit compétences différentes, ce qui aura pour conséquence de spécialiser votre personnage dans certains domaines. En augmentant le courage, vous serez à même d'esquiver de nombreuses attaques alors qu'en misant sur la vigueur, c'est votre puissance qui s'en trouvera boostée. Attendez-vous aussi à retrouver le système de crafting habituel, la possibilité de cuisiner ou de pêcher. Du classique ! Mais revenons-en au début du jeu. Après une grosse heure à se balader pour tuer des ennemis plus mignons que méchants, tout se décante. Alors que vous êtes de retour dans votre village, une vision d'horreur retourne vos tripes. Tout le monde a été assassiné, y compris l'amour de votre vie. Vous voilà donc lancé à la poursuite des coupables, rongé par la haine. L'occasion pour le joueur de quitter l'îlot originel pour prendre le large et découvrir le vaste monde qui l'entoure.

Gothic 4 offre la possibilité aux joueurs d'explorer la map comme bon leur semble. Une liberté de mouvement habituelle que Spellbound a tout de même choisi de restreindre. Les joueurs ne pourront plus agir comme ils le souhaitent. Si auparavant, il était possible de tuer n'importe qui, y compris des PNJ, ce ne sera plus le cas ici. Tout simplement parce que les développeurs ont pensé que cela conduirait à des impasses, pour peu que l'on ait assassiné un personnage important pour le scénario. Pour autant, les joueurs auront toujours de multiples choix dans les dialogues, influençant le déroulement de l'histoire. Bien sûr, Spellbound n'a pas pu nous prouver la véracité de ces affirmations. Mais au regard de ce que l'on a déjà pu voir dans les premiers épisodes, des choix cruciaux seront à effectuer pour aider tel ou tel camp, avec, par la suite, une réelle incidence sur le scénario. L'autre force de la série, c'est sa capacité à immerger les joueurs dans son aventure. Tout d'abord grâce aux PNJ vaquant à leurs occupations, en particulier dans les villages, qui paraissent ainsi plus vivants que jamais. Mais aussi et surtout par le biais de petites actions que le joueur peut effectuer à tout moment comme se rafraîchir le visage grâce à un bac d'eau ou encore forger son épée. Autant de détails qui, mis bout à bout, donnent à cette aventure un accent réaliste des plus plaisants.

Entre 2006 et 2010, la technologie a fait un bon en avant. Et forcément, la série a elle aussi franchi un cap graphique important. C'est avec fierté que les développeurs ont exposé les quelques nouveautés d'ordre esthétique. A commencer par un cycle jour nuit complet, une heure de temps réel correspondant à 24 heures virtuelles. Les décors changent ainsi au gré de la luminosité ambiante, des allées et venues du soleil. De jolis effets spéciaux ponctuent d'ailleurs les moments bucoliques pendant lesquels notre héros regarde l'horizon, armé d'une confiance et d'une indéfectible envie de se venger. Spellbound a tenu à nous montrer également la pluie et son incidence sur l'environnement. Et force est de constater que le sol était bel et bien mouillé lorsque l'eau tombait dru et séchait progressivement quand les nuages laissaient place à un ciel d'un bleu éclatant. De même, le vent faisait son travail en agitant les feuilles des arbres, ainsi que l'herbe verdoyante des prairies. A priori, une grosse configuration ne sera pas forcément nécessaire pour faire tourner le jeu. Un processeur Dual Core couplé avec 2 Go de RAM et une carte graphique honnête devrait suffire. Pas de quoi effrayer les possesseurs de PC donc. Mais à vrai dire, les fans de la série savent que les problèmes ne proviennent généralement pas d'une configuration trop gourmande mais de bugs gâchant à eux seuls l'expérience. Et là, aucun moyen de savoir lors de cette présentation si ces soucis techniques seront absents de la version définitive du jeu. Sur ce que l'on a pu constater de visu, seul un lag un peu gênant lorsque de nombreux ennemis se présentaient devant nous et une synchronisation labiale moyenne pouvaient témoigner d'hypothétiques lacunes techniques. Rien de bien méchant toutefois.