Entièrement conçu par le génial créateur de Rez, paru sur Dreamcast et PS2 il y a une dizaine d'années, Child of Eden est un nouveau jeu de tir conceptuel combinant harmonieusement musiques d'avant-garde, graphismes hallucinés et mouvements du joueur pour en faire une expérience absolument unique. Nous avons pu planer durant une quinzaine de minutes devant un écran géant afin de vous faire partager nos premières impressions sur un titre qui devrait encore pas mal faire parler de lui dans les mois à venir.
Le nom de Tetsuya Mizuguchi n'est pas forcément très connu dans nos vertes contrées. Pourtant, ce game designer talentueux n'est autre que le fondateur du studio Q Entertainment, à l'origine de puzzle-games aussi convaincants que Lumines ou Meteos sur PSP et DS. On se souvient également de lui pour le travail qu'il a effectué chez Sega entre 1990 et 2003. Sega Rally Championship ou Space Channel 5 sont effectivement des jeux sur lesquels Tetsuya Mizuguchi a pu exprimer sa créativité mais c'est surtout sur le shooter conceptuel Rez, que son génie s'est révélé. Véritable kaléidoscope de sons et de couleurs, Rez fait partie de ces ovnis vidéoludiques qu'on adore ou qu'on déteste. Expérience psychédélique pour les uns, délire incompréhensible pour les autres, une chose est sûre : Rez n'a laissé personne insensible lors de sa sortie.
Child of Eden justement, se positionne en tant qu'héritier direct de Rez. Entendez par là que ce nouveau titre signé Q Entertainment se présentera lui aussi sous la forme d'un jeu de tir synchronisant des graphismes en 3D sublimes avec des musiques très entraînantes. Cette fois-ci, néanmoins, le voyage se fera à la première personne pour plonger littéralement le joueur dans un tourbillon d'images et de sons. De plus, la version Xbox 360 est entièrement compatible avec le système Kinect, ce qui permet de rajouter la sensation de mouvements à l'ouïe et à la vue. Il suffit de se positionner devant son écran et d'effectuer quelques gestes simples de la main pour avoir rapidement l'impression de contrôler une extraordinaire symphonie de sons et de lumières à la manière d'un chef d'orchestre. Spécialement développé avec l'idée d'exploiter le potentiel immersif de Kinect, Child of Eden sera toutefois jouable au pad sur PS3 comme sur 360.
Une petite partie seulement de l'un des cinq niveaux thématiques de Child of Eden était jouable durant la démonstration à laquelle nous avons participé mais c'était largement suffisant pour se rendre compte de l'ambiance assez exceptionnelle de ce titre atypique. Assez semblable à l'univers de Rez, le niveau en question évoquait l'espace et la haute-technologie. On fonçait à travers des tubes de lumière, on croisait des centaines d'objets lumineux se baladant en tout sens tandis que divers effets lumineux nous en mettaient plein la vue. La musique électronique ralentit ou accélère en fonction de l'action et des formes qui apparaissent et disparaissent alternativement de l'écran. Au bout de quelques minutes de jeu, la partie audio et la partie visuelle se confondaient tellement dans notre esprit que l'on avait l'impression d'entendre des images et de voir des sons, exactement comme une personne atteinte de synesthésie. Et pour un peu, on en aurait presque oublié notre mission consistant à éliminer les virus infestant la mémoire d'un gigantesque programme informatique.
Simplifié à l'extrême, le gameplay Child of Eden se résume à viser et à détruire la quantité impressionnante d'ennemis qui surgissent dans les décors. On peut au choix lancer des missiles guidés ou utiliser une sorte de mitrailleuse plus rapide mais moins puissante. En cas de soucis, on peut également recourir à une bombe qui nettoiera les environnements dans une explosion de formes et de couleurs. Après avoir blasté toutes sortes de créatures improbables ressemblant tantôt à des calamars électroniques tantôt à des polygones bizarroïdes, nous sommes finalement tombés sur un boss en forme de sphère protégé par une nuée de cubes lumineux. A l'aide de la mitrailleuse, il fallait dégager les cubes avant de tirer quelques missiles, le temps que la sphère était vulnérable. Tout aussi étonnant que le reste, ce combat épique nous a une nouvelle fois éblouis au niveau des effets visuels et de la musique. Ceci dit, il faut bien reconnaître que beaucoup de joueurs n'adhèreront pas à l'aspect expérimental du soft. Plus proche d'une oeuvre d'art que d'un shooter à part entière, Child of Eden souffre également parfois de contrôles imprécis et de quelques ralentissements. Les développeurs nous ont bien entendu assuré que tous ces petits soucis seraient corrigés d'ici la sortie du soft, prévue pour le premier trimestre 2011.
A mi-chemin entre une expérience artistique et un jeu vidéo, Child of Eden s'annonce comme un titre vraiment surprenant dans la droite lignée de Rez. Bien réalisé et formidablement créatif, Child of Eden fascinera sans aucun doute les amateurs de nouvelles sensations et de jeux d'avant-garde. Il faudra néanmoins adhérer à son concept des plus étranges pour se laisser entraîner dans son univers envoûtant.