Ultime volet de la mythique série de FPS à être produit par le studio Bungie, Halo Reach constitue l'aboutissement absolu de plus de 8 ans de passion. En mettant en scène la chute d'un monde, le développeur américain a donné naissance à une sorte d'apocalypse flamboyante et tragique, à la fois plus sombre et terriblement plus prenante que tout ce que nous avions pu découvrir jusque-là. Au fond, Halo Reach constitue le plus beau remerciement que pouvait adresser le studio aux millions de fans qui l'ont soutenu depuis ses débuts sur Xbox. Un titre épique, grandiose et noir comme les profondeurs insondables de l'espace.
Comme vous le savez sans doute, Halo Reach est une préquelle à la trilogie originale et décrit donc des événements antérieurs à ceux de Combat Evolved. L'action prend place sur la planète Reach, ultime rempart de l'humanité contre les hordes bigarrées des forces Covenants et berceau des fameux Spartans. Cette histoire, les fans la connaissent sans doute déjà, puisque tout a été relaté dans le roman Halo d'Eric Nylund et évoqué depuis dans les différentes vidéos promotionnelles. Aussi, vous ne serez guère surpris si l'on vous dit que la bataille pour Reach est perdue d'avance, que la planète est bel et bien condamnée et qu'elle tombera inévitablement, quoi que vous fassiez. Sinistre, certes, mais le fait est que ce postulat de départ a permis à Bungie de se lâcher et de faire baigner son titre dans une atmosphère bien plus lourde et plus adulte que les autres volets de la série. La mise en scène, parfois grandiose, enterre littéralement celle de ses prédécesseurs et fait souvent du joueur le témoin impuissant d'effroyables actes de destruction. Au sortir de certaines missions, on se retrouve parfois à contempler, bouche bée, le spectacle désespérant d'un monde en train de se consumer. Tous les sacrifices et les actes héroïques dépeints dans la campagne prennent donc une teinte tragique à laquelle Halo ne nous avait pas habitués. Au fond, la première, la plus inattendue et la plus réussie des surprises de Reach, c'est sans aucun doute de parvenir à toucher le joueur, de l'impliquer au niveau émotionnel.
Cette optique particulière explique en outre le choix des couleurs, bien plus sombres que dans les autres opus. Ce n'est pas à dire que les armures et les vaisseaux flashy des Covenants ne sont pas de la partie, mais de manière globale, la représentation du conflit et de l'univers dans lequel il a lieu apparaît comme nettement plus "réaliste" que dans un Halo 3. Évidemment, Reach ne donne pas non plus dans le mélodrame, ne vous méprenez pas. L'objectif reste évidemment de vous faire participer à des tripotées de gunfights, à pied à bord de bons véhicules terrestres, aériens ou même spatiaux ! Sachez d'ailleurs que le titre, par définition, ne met pas en scène le célèbre Master Chief mais la Noble Team, une escouade de Spartans ultra-spécialisés, et finalement plus efficaces encore que ce bon vieux John. Toutefois, malgré ce que vous auriez pu penser, Halo Reach abandonne la narration à travers plusieurs protagonistes, introduite par l'épisode ODST, pour se focaliser sur le seul personnage de Noble Six, la dernière recrue en date de l'escouade. Homme ou femme selon votre choix, le guerrier arbore une armure largement customisable que vous pourrez modifier en empochant des crédits, que cela soit en terminant les missions de la campagne ou en jouant en ligne. Notez cependant que ces modifs n'ont qu'une valeur esthétique et ne changent en rien les performances de votre Spartan.
Ce qui change radicalement la manière de jouer en revanche, c'est la possibilité de mettre la main à intervalles réguliers sur des mods d'équipement correspondant d'ailleurs chacun à une classe de combattant en multijoueur. Chaque mod vous permet en effet d'accéder à un pouvoir particulier qu'il faudra activer en appuyant sur la touche LB (vous ne pourrez donc en porter qu'un à la fois). On comptera tout d'abord sur le Sprint qui ne nécessite pas de description ainsi que sur le Camouflage, permettant de se rendre invisible, de s'infiltrer derrière les lignes ennemies ou de prendre le temps d'ajuster son tir avec un fusil de snipe. Notez cependant que la qualité du camouflage dépendra de vos mouvements : plus vous serez statique, plus vous serez difficile à repérer. La liste continue avec le jetpack d'un côté, et l'hologramme de l'autre qui permet de générer un double de votre guerrier qui marchera en ligne droite vers le point que vous lui aurez désigné, avant de s'y poster quelques secondes. Reste encore à évoquer la Carapace, qui si vous l'activez, vous immobilisera, boostera votre bouclier au point de vous rendre invincible et de réexpédier les projectiles lourds vers l'envoyeur, pour finir par lâcher une onde EMP, histoire de court-circuiter les boucliers des troufions assez imprudents pour être restés dans le coin. Le dernier de ces mods se trouve être la bulle curative, extension de la fameuse bulle bouclier introduite dans Halo 3. Protégeant de tous les assauts extérieurs (jusqu'à ce qu'on s'introduise dedans pour vous coller une grenade ou vous asséner un méchant coup de crosse), elle vous permettra en outre de régénérer votre santé.
Car oui, si votre fier Spartan dispose bel et bien d'un bouclier perso qui se recharge lorsque vous ne subissez pas de dégâts, le bougre devra tout de même veiller à l'état de sa barre de santé. Reach reprend donc à son compte le vieux schéma classique des FPS (employé d'ailleurs par Combat Evolved et ODST), avec ses kits de soin planqués un peu partout qu'il s'agira de dénicher en cas de pépin. Pour le reste, Halo Reach fait dans le Halo. Votre soldat répond à toutes les sollicitations en un éclair grâce à des contrôles toujours aussi intuitifs. Fans comme néophytes ne devraient donc pas mettre trop de temps à prendre leurs marques. On notera tout de même la possibilité d'utiliser un filtre de vision nocturne ainsi que celle d'assassiner un ennemi au corps-à-corps par le biais d'un joli finish move. Une technique pas si facile que ça à exploiter, puisqu'il vous faudra vous trouver dans le dos de votre victime et maintenir enfoncée la touche dédiée aux coups de crosse. Bref, rien de vraiment nouveau en dehors de ce fameux système de mods. Mais il faut dire que ces derniers, comme leur nom l'indique, changent véritablement la manière dont on aborde les combats.
Cela est d'autant plus net que le level design, qui gomme allègrement les répétitions que l'on croyait devenues quasi traditionnelles dans la série, offre vraiment une multitude de possibilités pour exploiter à plein ces nouvelles capacités. Qu'il s'agisse de zones ouvertes ou de couloirs à nettoyer, on trouvera toujours moyen de faire bon usage de notre mod du moment. Cela dit, certaines séquences vous obligeront à utiliser un mod particulier, sous peine d'éprouver toutes les difficultés du monde à progresser. Ainsi, on se retrouvera par exemple à suivre une escouade de troufions dotés de jetpacks entre deux énormes gratte-ciel, ou à tenter d'immobiliser un char Covenant à coup d'onde EMP parce qu'on ne disposera pas nécessairement d'armes lourdes. Quant à la structure même de la campagne, elle s'avère assez semblable à celle des précédents Halo. En effet, celle-ci comprend 10 chapitres, ce qui représente environ 8 heures de jeu. Attention cependant, la difficulté générale semble avoir été revue à la hausse et les deux derniers chapitres vous opposeront pas mal de résistance, et ce dès le mode Normal ! Voilà sans doute de quoi réconforter les aficionados et leur assurer un minimum de challenge, même lorsqu'ils traverseront la campagne en coop avec 3 potes.
Mais dans tous les cas, on profitera d'une action intense, variée, rondement menée où se mêlent des séquences de combat à pied dans la plus pure tradition des Halo et des sessions en véhicules extrêmement intenses, et donc toujours aussi plaisantes. En outre, Reach se distingue de ses prédécesseurs par des combats à grande échelle, impliquant parfois plusieurs dizaines de Grunts, d'Elites, de Brutes et de Marines ! Bien découpé, le jeu se paie même le luxe de nous faire participer à une bataille spatiale (avec un maniement exemplaire) dans la veine d'un Rogue Leader, avant de nous laisser aborder un croiseur Covenant et d'y affronter les aliens face à face, sous une gravité forcément amoindrie ! Le jeu est en plus marqué par une superbe montée en puissance, jusqu'à un finish retentissant. A ce titre, nous vous recommandons d'ailleurs de ne pas lâcher votre manette jusqu'à la fin des crédits... En fait, le seul petit bémol viendra peut-être de la tendance du jeu à nous placer dans une position défensive, dans des zones vastes mais fermées qui évoquent des arènes conçues spécifiquement pour le mode Firefight.
Transition un peu artificielle, mais transition tout de même, qui nous permet d'évoquer maintenant l'autre facette d'Halo Reach, à savoir son multijoueur. Nous nous contenterons ici d'en décrire quelques aspects, un multi de cette trempe ayant besoin de vivre un peu au contact des joueurs pour qu'on puisse vraiment juger de sa qualité. Mais le fait est que le potentiel est considérable, Reach allant bien plus loin encore qu'Halo 3. Outre une interface largement revue, des options de configuration qui couvrent absolument tous les domaines, le jeu ressort évidemment tout ce dont nous profitions déjà dans son prédécesseur tout en ajoutant quelques nouveautés. On comptera tout d'abord sur le mode Chasseur de Têtes, une sorte de Deathmatch pendant lequel chaque victime laissera tomber un crâne. Pour marquer des points, vous devrez en rassembler un maximum avant de les porter dans une zone précise. Le hic, c'est que la zone en question est mobile et qu'en plus, un marqueur indiquera toujours à vos adversaires votre position ainsi que le nombre de crânes que vous transporterez… Le mode Invasion quant à lui, s'avère assez semblable à la Ruée de Bad Company 2 : une équipe de 6 Spartans se frotte à 6 Elites bien déterminés à protéger deux objectifs. Si ces derniers sont détruits, la map s'agrandit pour offrir une nouvelle base et un nouveau duo d'objectifs à détruire/protéger.
Passons maintenant au mode Stockpile. Également jouable en équipe, ce mode vous imposera de partir collecter des drapeaux neutres répartis un peu partout sur la carte afin de les ramener dans votre camp. Classique me direz-vous. Oui, sauf que les drapeaux récupérés ne seront en fait comptabilisés qu'à l'issue d'un compte à rebours d'une minute environ, une minute qui vous paraîtra particulièrement longue lorsque l'ennemi s'invitera dans votre camp. D'autres surprises nous attendent évidemment, d'autant que Bungie continuera comme à son habitude de faire évoluer le jeu dans les mois à venir. Mais le simple principe des classes, correspondant chacune aux mods que nous décrivions précédemment, permet de changer du tout au tout l'expérience multi d'Halo. Pour terminer et rassurer les fans de longue date, disons simplement que depuis la bêta du jeu, les développeurs se sont évertués à rééquilibrer le titre et à en accélérer légèrement le rythme, de sorte à pouvoir offrir une expérience aussi furieuse que technique. Cerise sur le gâteau, le mode Forge prend plus que jamais la forme d'un éditeur de niveaux complet, complet tout en restant assez accessible. Bref, Halo Reach, quel que soit l'angle considéré, apparaît comme l'épisode le plus abouti d'une série exceptionnelle. Un must absolu que tous les possesseurs de 360 se doivent d'intégrer à leur ludothèque.
- Graphismes15/20
Halo Reach est largement plus présentable que ses deux prédécesseurs sur 360, même si les graphismes apparaissent parfois assez inégaux. Dans une large mesure, on profite en effet de décors vastes, grandioses même qui mettent vraiment en images l'agonie de tout un monde, mais il arrive aussi qu'on se retrouve dans des bouts de niveaux tout gris et peu inspirés, notamment lors des phases urbaines. Mais le design global, marqué par une volonté de donner plus de maturité à l'univers Halo, compense largement ces petits écarts. Nul doute que les fans seront comblés.
- Jouabilité18/20
Sans aucun doute le titre le plus réussi de la série. Outre sa prise en main exemplaire maintenant dynamisée par l'ajout des packs de spécialisation, Halo Reach nous assène une campagne massue, extrêmement variée, bien construite et magnifiquement mise en scène. Du côté du multijoueur, Reach reste résolument plus classique et se concentre sur ce qu'il sait faire de mieux, à savoir offrir aux fans une variété de modes sur des cartes habilement conçues.
- Durée de vie18/20
Une campagne de grande qualité jouable à 4, une tripotée de modes multijoueurs amenés de surcroît à évoluer et à s'étoffer au fil des mois, un mode en arène qui a lui seul risque de nous maintenir suspendus à l'écran pendant des nuits entières, le tout complété par une quantité quasi invraisemblable d'options de configuration et un éditeur de maps complet, voilà ce que vous réserve la galette d'Halo Reach. Bungie a véritablement tout fait pour faire de son bébé l'expérience Halo ultime, et cela se sent.
- Bande son17/20
Les différents Halo nous ont toujours habitués à des bandes-son dignes de gigantesques blockbusters hollywoodiens et ce nouvel opus ne fait pas exception à la règle. Le titre associe avec bonheur compositions animées d'un souffle épique et morceaux plus bruts, parfois même agressifs lors de séquences de combat pur. Ces derniers s'avèrent toutefois un peu moins inspirés qu'à l'accoutumée et l'on se demande occasionnellement ce qu'ont bien pu fumer les musiciens. L'ensemble, associé à des bruitages de qualité et à un solide doublage français, permet néanmoins de se plonger en plein apocalypse avec une redoutable efficacité.
- Scénario15/20
Si le scénario d'Halo Reach n'est pas à proprement parler exceptionnel, il donne tout de même lieu à de fantastiques moments de tension, mis en scène avec talent, au point qu'on se croirait parfois dans un épisode de Call of Duty. Mais l'étonnante force de Reach, c'est de parvenir à générer une atmosphère lourde où quoi que l'on fasse, la perspective de la défaite reste toujours présente. Cela passe notamment par des arrières-plans grandioses qui nous donnent constamment l'impression d'évoluer sur un monde à l'agonie. Une vraie réussite.
Si le studio Bungie a toujours insisté pour que son dernier bébé réponde au doux nom d'Halo Reach, n'en doutez pas, le titre est bel et bien le Halo 4 que nous attendions tous. Maîtrisé de bout en bout, le jeu fait s'enchaîner les moments de bravoure et nous plonge au coeur d'un conflit futuriste qui n'aura jamais paru aussi épique, cohérent et désespéré. Et comme de coutume maintenant, ce nouvel opus de la série phare de Microsoft se pose en plus en nouvelle référence du Xbox Live tant le contenu multijoueur proposé est incroyablement riche. En somme, il ne nous reste plus maintenant qu'à remercier les petits gars de Bungie pour tant de bonheur, avant de partir ensanglanter les champs de bataille de la planète Reach pendant les 5 prochaines années.