Tail Concerto est un jeu qui est passé relativement inaperçu en France, bien qu’un spot publicitaire passait à la télévision à l’époque de sa sortie. Cependant, ce titre a tout de même marqué les esprits d’un certain nombre de jeunes joueurs qui posent aujourd’hui un regard nostalgique sur lui, grâce à son histoire, son univers et ses personnages attachants. Tail Concerto en a d’ailleurs sûrement initié plus d’un aux jeux d’aventure et de plates-formes.
L'histoire prend place dans un monde flottant appelé Prairie, composé d'une dizaine d'îles, où vivent 50 000 hommes chiens et 2 000 hommes chats. Sur ce continent aérien reposant sur les vestiges d'une ancienne civilisation mystérieusement disparue, les habitants puisent leurs ressources dans la terre avec des reliques de grande valeur aux pouvoirs inconnus et qui permettent aujourd'hui au royaume de prospérer. Voici le topo : Un gang de chats appelé sobrement les « chats noirs » décide, sous les ordres d'un mystérieux personnage aux intentions obscures, de s'emparer de 5 cristaux assez spéciaux disséminés à travers les différentes îles du royaume. Dans quel but ? Sachez juste que cela a un rapport avec une vieille légende concernant un Dieu géant d'acier, et que ça ne sent pas bon du tout.
Vous incarnez Waffle, un sympathique homme chien policier, qui va faire tout son possible pour arrêter cette machination et tenter de capturer et de raisonner les adeptes des chats noirs, dont l'une n'est pas inconnue de notre héros ! A peine levé du lit à la suite d'un rêve bien nostalgique, vêtu d'un somptueux pyjama et profitant comme il se doit de son premier jour de congés, Waffle est soudainement tiré de ses rêveries par la sonnerie du téléphone qui retentit comme un rappel à la réalité : les chats noirs ont été repérés à Resaca, et leurs terrifiants sbires qui ne sont autre que des… mignons et malicieux petits chatons, sèment la zizanie en ville ! Ni une ni deux, finies les vacances et le revoilà à nouveau endossant son uniforme de chien-policier et son RoboArmure bien pratique.
Arrivé sur les lieux et n'étant à vrai dire pas des adversaires très coriaces, ces chatons permettent de se familiariser avec les commandes de notre personnage durant ces premières minutes de jeu. La touche Rond permet d'attraper objets et chatons ainsi que d'interagir avec des éléments du décor ou avec les personnages. La touche Carré est utilisée pour lancer des bulles permettant d'emprisonner les chatons pendant quelques secondes, et donc de les attraper plus facilement. La touche Croix quant à elle est affectée au saut (ou au vol grâce à une sorte de jetpack que l'on utilise dans un niveau du jeu en particulier). Relativement simples, ces commandes se laissent vite apprivoiser. Cependant, on touche ici à un petit problème du jeu : son gameplay.
En effet, bien que la jouabilité soit agréable dans l'ensemble, notre personnage équipé de son armure de métal demeure un peu raide dans les déplacements, et certaines actions sont assez approximatives. De plus, la caméra qui est automatique (bien que l'on puisse à l'aide des touches L1 et L2 l'orienter différemment sur l'axe vertical) rencontre parfois quelques problèmes, notamment dans les passages de plates-formes pures où la précision est de mise. Cela dit, la difficulté du jeu n'étant pas très élevée et la progression assez simple, ces quelques défauts sont bien vite oubliés face aux nombreuses qualités dont Tail Concerto fait preuve.
En effet, l'univers innocent de Tail Concerto est riche en couleurs chatoyantes, et profite d'un style manga « steampunk » avec une pointe de mystère qui lui donne beaucoup de charme et de profondeur. De plus, les cinématiques ont été réalisées en dessins animés de qualité, faisant preuve de dynamisme, rendant les personnages d'autant plus attachants et apportant beaucoup au scénario. Certes classique, ce dernier se révèle tout de même très prenant au point de ne pas faire lâcher la manette avant d'avoir tiré le fin mot de l'histoire, que l'on soit attiré par les histoires sentimentales des personnages ou par les mystères que renferme l'univers du jeu !
Les personnages sont nombreux, et ont tous leur petite personnalité qui fera sourire dans de nombreux cas. C'est le cas par exemple de Panta. Un petit coéquipier tout mignon n'ayant de cesse de chercher à surprendre la bande des chats noirs du haut de ses trois pommes en se cachant dans des tonneaux et dont les entrées fracassantes provoquent le désespoir de notre Waffle. Ou bien encore de Cyan, le capitaine des chevaliers du royaume ayant une très haute estime de lui-même (mais qui, en réalité, n'est pas très débrouillard), et qui va se mettre dans la tête de capturer ces malfaiteurs avant nous, afin d'impressionner la princesse Theria qui a visiblement le béguin pour notre valeureux policier !
Du point de vue technique, le jeu était beau pour l'époque, et se mouvoir dans un univers entièrement en 3D dans de grands espaces (notamment le niveau avec le jetpack où l'on peut voler d'îlot en îlot) avait de quoi impressionner. De plus, la diversité des lieux visités que l'on prend plaisir à traverser donne du rythme au jeu. Les environnements possèdent tous leur propre ambiance (visuelle et sonore) : un petit village, de vieilles mines où reposent des vestiges anciens, une île de glace où vit seul un homme âgé, un aéronef rempli de machines et de bruits métalliques… Les allers-retours se font rares et la progression est très fluide, la plupart des niveaux se concluant par un boss, un robot des chats noirs qui évolue au fil de leurs défaites ! Ces boss ne sont pas d'une grande difficulté et vous en viendrez assez rapidement à bout, mais le plaisir sera à chaque fois au rendez-vous. En ce qui concerne l'aspect sonore, le jeu profite de bruitages réussis. Dans sa version française, les excellentes voix originales en japonais ont été conservées et les cris de Waffle ou des chatons sont irrésistibles. (De nombreuses années après, on les reconnaît d'emblée !). Les musiques ne sont pas en reste, les mélodies restent longtemps dans la tête, et elles confèrent aux lieux et aux situations une ambiance unique !
Pour en revenir à des points un peu plus fâcheux, la durée de vie est relativement faible : comptez environ 6 heures pour boucler le jeu, et mise à part la possibilité de revoir toutes les cinématiques du jeu, et la collecte de morceaux de photographies disséminés ici et là afin de les reconstituer pour compléter notre petit album personnel, il n'y a pas d'à-côté, et donc pas vraiment de rejouabilité dans l'immédiat. Et ce n'est pas la difficulté qui vous donnera réellement du fil à retordre ! Les sifflets – que l'on ramasse et qui permettent à notre petit coéquipier Panta de venir réparer notre RoboArmure – sont très nombreux et le game over est donc quasi impossible.
En outre, le dernier niveau du jeu, un peu différent du reste pour ne pas trop en révéler, est assez spécial et ne plaira sûrement pas à tout le monde, de par la frustration qu'il peut engendrer au niveau du gameplay. La moindre erreur dans nos déplacements peut nous renvoyer au début, et nous oblige à recommencer parfois plusieurs fois avant de parvenir au bout. Le style graphique de ce dernier niveau est aussi assez éloigné du jeu et pourra ne pas plaire. Pourtant, il reste assez cohérent étant donné l'endroit où l'on se trouve. Il a aussi le mérite de donner une ambiance dérangeante à cet ultime stage, avant de laisser place au dénouement de l'histoire, les yeux chargés d'humidité.
- Graphismes18/20
L’univers de Tail Concerto est coloré, mignon tout plein, mystérieux et envoûtant, et peut même parfois rappeler celui de Miyazaki, qui affectionne particulièrement l’univers du ciel et des machines volantes. En un mot, magique ! Les cinématiques ont été réalisées avec beaucoup de soin, avec notamment Nobuteru Yuki au character design. Enfin, techniquement le jeu n’a pas à rougir devant les autres productions 3D de l’époque, et parvient à nous immerger sans peine dans son univers où l’on peut réellement ressentir une liberté d’action dans des niveaux parfois très vastes !
- Jouabilité14/20
Loin d’être catastrophique, la jouabilité demeure néanmoins assez raide dans l’ensemble. Les actions pas toujours très précises, ainsi que des caméras ne nous aident pas forcément, ce qui nous vaudra parfois quelques grognements féroces. Ceci dit, la jouabilité a le mérite de se renouveler un peu, avec par exemple un niveau sur la glace où il faudra apprendre à gérer l’effet de glisse après un déplacement, ou bien sur le dos d’un gigantesque avion avec l’effet de vitesse qui nous tirera vers le vide. L’exploration des îles, notamment avec le jetpack (qui pourra être amélioré au cours du jeu) est aussi très agréable. Enfin, la chasse aux chatons est assez fun, et les emprisonner dans une bulle ou renvoyer leurs bombes sur ces petites têtes d’anges reste toujours un plaisir !
- Durée de vie12/20
Voilà sûrement le point noir du jeu. Intense et prenant, la fin arrive toujours trop vite dans ce genre de jeu, mais dans ce cas-là vraiment trop vite, et il y a peu de rejouabilité si ce n’est par nostalgie… Tail Concerto ne vous causera que peu de difficultés. Le public visé étant assez jeune, les développeurs ont ici fait le choix d’une aventure à la progression fluide et sans encombre. Il est donc conseillé de prendre son temps, de ne pas traverser les niveaux d’une traite mais plutôt de les fouiller pour trouver les photographies ou bien faire la causette aux gens.
- Bande son19/20
Les musiques sont vraiment réussies, adaptées à chaque niveau, et certains thèmes sont inoubliables ! De plus, les bruitages et les voix japonaises renforcent l’identité de Tail Concerto.
- Scénario16/20
Classique et bon enfant, l’histoire de Tail Concerto fait néanmoins son petit effet, et parviendra à mettre la larme à l’œil à bon nombre de joueurs. Et si ce n’est pas le cas, elle vous tiendra en haleine du début à la fin. Les personnages sont attachants, et l’humour omniprésent vous fera sourire plus d’une fois ! On peut se demander ce qu’aurait donné une adaptation en film d’animation, le potentiel étant bien présent.
Tail Concerto fait partie de ces jeux qui restent gravés dans notre mémoire, malgré les années qui passent et les générations de consoles qui se succèdent. Une aventure relativement courte sur sa durée, c’est le constat que l’on peut faire avec un regard adulte aujourd’hui, mais qui résonne pourtant comme un long voyage dans la mémoire de notre enfance, baignée de mélancolie et d’innocence. Malgré quelques défauts, ce seront ses nombreuses qualités et l’aura magique qu’il dégage dont on se souviendra. On regrettera juste que le succès n’ait pas été au rendez-vous à l’époque de sa sortie, qui aurait peut-être pu, qui sait, donner suite au jeu (bien que l’on retrouve en Solatorobo sur DS une suite spirituelle à Tail Concerto, avec de nombreux clins d’œil à ce dernier).