Continuant sa politique de délocalisation, Konami fait à nouveau confiance à un studio non japonais pour concevoir le futur d'une de ses grosses franchises. Ainsi, les Espagnols de MercurySteam Entertainment ont façonné à leur manière ce Castlevania : Lords of Shadow pour nous offrir un étonnant jeu d'action baignant dans une ambiance gothique. De fait, si de prime abord, on pourra voir ce titre comme une sorte d'évolution misant essentiellement sur le beat'em all pur et dur, le constat s'avère plus nuancé à mesure qu'on avance...
Si les pt'its gars de Mercury nous avaient amusés avec leur Clive Barker's Jericho, autant dire qu'ils nous surprennent avec leur Castlevania : Lords of Shadow. Ainsi, dès le départ, on sera étonné par la technicité du jeu et surtout son éclectisme environnemental témoin de décors aussi nombreux que variés. Loin de nous l'idée d'émettre un jugement définitif sur l'oeuvre mais en l'état, après avoir arpenté une douzaine de niveaux, cette variété semble bel et bien se poursuivre à mesure que Gabriel Belmont met un pied devant l'autre. En somme, si on note pas mal d'aliasing, on aura tôt fait de se laisser happer par cette histoire passant allègrement d'une ambiance gothique à une plus exotique synonyme de pérégrinations dans des ruines aztèques, des cavernes insalubres, au sommet de montagnes enneigées, etc. Si on devait y aller de notre petit comparatif, on pourrait évoquer l'excellent Darksiders qui lui aussi faisait le jeu d'une pluralité décorative de bon aloi. Nonobstant, on pourra dès lors regretter l'homogénéité des précédents volets plus prompte, il est vrai, à installer une atmosphère lugubre au fil des heures. Mais que voulez-vous, tout évolue et il semble que MercurySteam ait choisi la bonne voie.
Au-delà de cette disparité, le titre n'en oublie pas pour autant ses racines qui plongent directement dans le passé de la famille Belmont. On ne sera donc pas étonné de retrouver un certain Gabriel Belmont en tant que personnage principal, le bougre devant par la suite rencontrer plusieurs compagnons d'infortune à commencer par un certain Zobek, la magnifique Pan,... S'il n'est pas encore venu l'heure de parler du scénario, disons que celui-ci se révèle classique dans le fond même si au final, il pourrait nous surprendre, notamment par le biais de la mise en scène léchée. A ce stade, on pourra même se demander jusqu'à quel point Kojima Productions est intervenu dans la réalisation, certaines séquences très cinématographiques évoquant le travail d'Hideo Kojima. On appréciera également un doublage ayant opté pour de grandes voix anglaises (Patrick Stewart, Robert Carlyle, Natascha McElhone, Jason Isaacs...) au détriment d'une localisation 100% américaine. L'idée s'avère lumineuse puisqu'elle offre au titre un charme plus européen et un charisme plus important au héros et aux divers NPC gravitant autour de lui.
En dehors de l'aspect artistique, le soft semble préfigurer une aventure menée tambour battant. En somme, si on retient que la plupart du temps, le rythme monte crescendo, on se demande bien ce que pourra donner la suite de l'aventure tant la douzaine de chapitres que nous avons pu voir donnent satisfaction. Il faut dire qu'avec les nombreux emprunts à plusieurs franchises, Lords of Shadow ne faiblit quasiment jamais. Par exemple, si on y retrouve bien évidemment l'indispensable fouet évolutif de la saga qui vous permettra d'agripper des points d'ancrage, on retiendra pêle-mêle l'apport de God of War, Tomb Raider, Batman Arkham Asylum... Néanmoins, le plus visible sera sans doute l'influence de Shadow of the Colossus liée à des combats contre certains boss gigantesques. Ici, il vous faudra éviter les attaques du géant, monter sur le palto du bestiau et détruire plusieurs réserves d'énergie tout en évitant les paluches du boss. Peu original donc mais diablement immersif ! De même, on appréciera de pouvoir diriger plusieurs monstres (sangliers, loups-garous, trolls...) histoire de faire plus facilement le ménage, de défoncer des décors ou de pouvoir profiter des capacités athlétiques de certains d'entre eux pour franchir des précipices.
Mais le jeu ne se résume pas seulement à ça puisqu'en parallèle de ces phases de plates-formes, on retrouvera bien entendu d'innombrables combats contre une tripotée de monstres issus d'un bestiaire bien fourni. Pour venir à bout de toute cette engeance, vous pourrez profiter d'un système de combat lui aussi somme toute classique mais très efficace. Sans grande surprise, il sera donc permis de récolter plus ou moins d'orbes en touchant des ennemis. Cependant, celles-ci pourront s'utiliser de deux manières. En effet, si très rapidement on profitera du pouvoir de la Lumière, on obtiendra ensuite celui des ombres. De fait, en appuyant sur le stick gauche ou droit, vos orbes viendront gonfler l'une ou l'autre jauge dédiée à un pouvoir. Ensuite, en usant de la capacité de la lumière, Grabriel récoltera de la vie alors qu'il frappera plus durement ses ennemis en utilisant son pouvoir ténébreux. Le tout étant couplé à des esquives facilement réalisables, des QTE pour se sortir d'un mauvais pas, des chopes et plusieurs combos à acheter entre chaque niveau, on aura tôt fait de se faire plaisir en variant les attaques. Seul bémol, les caméras statiques qui s'avèrent, en de rares occasions, mal positionnées et ne permettant pas de profiter d'une vue suffisamment éloignée pour appréhender les actions de nos adversaires.
En ce qui concerne la durée de vie, cette dernière semble également assurée puisque c'est à travers 12 chapitres, eux-mêmes subdivisés en plusieurs niveaux, qu'on évoluera. La vingtaine d'heures annoncées semble donc être une estimation correcte sachant que la soixantaine de levels regorgent d'items à découvrir pour améliorer ses jauges de santé et de magie. De plus, pas mal de superbes artworks seront également à acheter, ceci nous obligeant à faire attention à nos finances ou à recommencer un segment déjà terminé pour gonfler sa bourse. Est-il utile de dire après ce plaidoyer qu'on attend impatiemment le 7 octobre, date à laquelle le soft débarquera sur le Vieux continent. Et si on devait apposer une cerise sur le gâteau, on pourrait rajouter que le tout profitera de sous-titres français histoire d'apprécier l'excellent doublage tout en comprenant parfaitement ce qui se dit. Franchement, elle est pas belle la vie ?
Les captures de ce aperçu proviennent de chez l'éditeur, Konami ne nous ayant pas permis de prendre nos propres screens.
Tout en s'imprégnant de nombreuses influences mais en ne délaissant pas pour autant ses origines, ce nouveau cru de Castlevania semble tenir toutes ses promesses. Proposant un beau level-design, un graphisme raffiné, malgré de grosses traces d'aliasing, une aventure variée et un gameplay parfaitement calibré, le tout semble vouloir faire du gringue à un large public nourri aux God of War et autres jeux d'action/plates-formes. S'il n'est pas certain que tous les fans de la première heure s'y retrouvent, il serait dommage de passer à côté d'un tel titre car si nos bonnes impressions se confirment, nous devrions tenir là le jeu d'action majeur de cette fin d'année. Rien que ça !