Impressionnant, riche, fouillé, les qualificatifs manquent pour parler du premier The Witcher qui a marqué de son empreinte le petit monde des jeux de rôle sur PC à sa sortie en 2007. Sa version Enhanced Edition parue un an plus tard mettait la barre encore plus haut grâce à une foultitude d'ajouts de contenu et de corrections de bugs. Hélas, l'adaptation console fut abandonnée si bien que seuls les joueurs PC ont pu goûter à ce petit chef-d'œuvre. On espère en tout cas que ce second volet verra bien le jour sur console, mais rien n'est certain actuellement puisque les développeurs nous ont juste dit qu'ils seraient "intéressés" à ce que The Witcher 2 voie le jour sur PS3 et 360, mais que pour l'instant, ils ne travaillaient que sur la version PC. Quoi qu'il en soit, le menu qu'ils nous proposent s'annonce vraiment goûteux !
Préquelles, seconds volets qui nous font jouer un personnage différent ou univers modifiés, les suites sont parfois très différentes de leurs prédécesseurs. Mais dans le cas de The Witcher 2, nous avons affaire à une suite tout ce qu'il y a de plus classique. Mais qui s'en plaindrait au vu des qualités du premier volet ? On retrouve donc le même personnage imposé et l'histoire se déroule juste après celle de The Witcher 1. Geralt de Riv, le fameux sorceleur (un mutant surentraîné, spécialisé dans l'étripage de monstres) va cette fois-ci devoir faire face à une conspiration visant à mettre un terme à la vie de toutes les têtes couronnées. Si le personnage est, comme dans le premier volet, imposé, son évolution en revanche est libre. Aussi bien au niveau des compétences qu'il est possible d'acquérir que des choix que vous pourrez faire tout au long de l'aventure et qui ont un impact sur le monde qui vous entoure.
Et justement, ce monde qui vous entoure, quel est-il ? Eh bien on est pour le moins très éloigné de l'heroïc-fantasy traditionnelle et "proprette" de certains RPG dans lesquels les elfes gambadent joyeusement dans leur forêt et où les nains passent leur temps à boire des pintes de bière. Dans The Witcher 2, tout comme dans le premier volet du reste, l'univers est sale, on visite des bas-fonds, les prostituées arpentent les rues des villes, les vagabonds font la manche, des batailles ont souvent lieu dans les quartiers malfamés des villes... Bref, l'univers est pour le moins mature et il y a fort à parier que le jeu soit, tout comme son aîné, déconseillé aux moins de 18 ans. D'autant que les dialogues eux aussi ne font pas dans la dentelle : le ton est direct, cru, grossier et parfois érotique ou violent. C'est vraiment à un jeu de rôle pour adultes auquel on a affaire. Et que les personnes qui n'ont pas eu l'occasion de jouer au premier volet se rassurent : c'est une histoire indépendante qui nous est proposée ici si bien que des nouveaux venus peuvent sans problème commencer par ce second volet sans avoir touché au premier.
Au niveau des combats aussi, les développeurs n'y sont pas allés de main morte et rien ne vous sera épargné : sang qui gicle suite aux coups d'épées, membres amputés, on ressent vraiment les combats de manière viscérale ! Et le spectacle n'est pas que visuel, il est aussi présent au niveau du gameplay qui est plus dynamique que dans le premier Witcher. Ainsi désormais, plus besoin de se préoccuper d'avoir le bon timing pour déclencher des combos dévastateurs. Il suffit d'enchaîner les coups divers et variés comme on le souhaite : un coup d'épée latéral suivi d'une parade puis un petit lancement de sort par exemple. Tout est plus fluide, plus naturel, on est totalement libre d'utiliser toutes les compétences que l'on a acquises à tout moment. Les combats en seraient presque dignes d'un jeu d'action ! En outre, et puisqu'on en est à parler de dynamisme, Geralt peut désormais sauter par dessus des murets ou des branchages. Fini les moments où il était bloqué par un petite clôture en bois !
Mais que les fans de jeux de rôle se rassurent, nous sommes bien dans un RPG pur et dur. Il n'y a qu'à voir la richesse des possibilités offertes pour s'en convaincre. Vous pouvez ainsi acquérir beaucoup de compétences au fil de l'aventure et même essayer de concocter des potions en mélangeant différents ingrédients trouvés ci et là. D'ailleurs, pour nous prouver que The Witcher 2 offrait aussi de nombreuses possibilités à ceux qui n'apprécient guère les combats, les développeurs ont tenu à nous montrer la même phase de jeu jouée de 2 manières différentes. Le but est le même : s'échapper d'une prison. La première fois, Geralt a utilisé la manière forte en combattant les gardiens. Mais la seconde fois, les développeurs ont préféré se la jouer infiltration et ils ont donc plutôt utilisé des potions permettant de voir les ennemis à travers les murs... Bref, il vous sera possible de faire les quêtes de plusieurs manières différentes en fonction de vos envies. Il y a en plus pléthore de PNJ avec qui parler et vous pourrez d'ailleurs enrôler certains d'entre eux le temps d'une mission par exemple.
Attention cependant, nous ne sommes pas dans un jeu de rôle à la Dragon Age où il est possible de contrôler les moindres faits et gestes de ses compagnons. Ici, vous ne dirigez qu'un seul personnage : Geralt. Les persos qui peuvent vous accompagner sont entièrement dirigés par l'ordinateur aussi bien sur le plan de leurs compétences que de leurs actions. Il faut donc plutôt les voir comme des alliés temporaires qui vous apportent un coup de main ponctuel. Cependant attention à ne pas trop les négliger car le choix ou non de se faire accompagner par quelqu'un pour réaliser telle ou telle quête peut avoir de lourdes conséquences sur l'aventure. En effet, pendant les dialogues, vos compagnons peuvent très bien intervenir. Dans ce cas, pas question de choisir ce qu'ils vont dire : ils sont libres de leurs paroles et pourront parfois froisser votre interlocuteur voire vous faire prendre une direction que vous n'aviez pas souhaitée. Aussi, il vaut mieux veiller à être bien accompagné.
Les seuls dialogues que vous pouvez orienter sont donc ceux de votre personnage. Le système de conversation est d'ailleurs plutôt intéressant puisque si dans la majorité des cas vous disposez de tout le temps que vous voulez pour choisir vos réponses, dans certaines conditions bien spécifiques (un interlocuteur énervé ou une situation très tendue), vous n'avez que quelques secondes pour réagir, sinon, c'est le choix de dialogue par défaut qui sera validé. C'est d'ailleurs un des points qui offre à The Witcher 2 une forte rejouabilité. En effet, une fois le jeu terminé, pourquoi ne pas le recommencer en essayant de faire des choix de dialogues différents ? Ou bien en essayant de ne pas prendre de compagnons ou de choisir des compagnons différents pour voir quelles sont les implications sur le déroulement de l'histoire ? Tout cela promet une durée de vie gigantesque.
Si la durée de vie était aussi un des points forts du premier opus, ce qui avait chagriné les joueurs, c'était les multiples temps de chargements qui émaillaient l'aventure. A chaque changement de zone, à chaque fois que l'on entrait ou sortait d'un bâtiment... Eh bien tout cela est bien fini puisque ce sont des chargements dynamiques que l'on nous propose désormais. En clair, vous n'avez pas cet ennuyeux écran "Loading" lorsque vous entrerez dans une maison par exemple. Les développeurs se sont d'ailleurs amusés à comptabiliser le nombre d'écrans de chargement que subissait un joueur du premier volet et le résultat est surprenant : 700 ! Dans ce second volet, un joueur qui termine le jeu n'aura vu que... 4 écrans de chargement (un pour chaque grande partie du jeu) ! C'est vraiment sympathique car ainsi, l'aventure ne se trouve pas hachée par ces temps morts désagréables. Dynamique, le nouveau système de gestion du jour et de la nuit ainsi que de la météo l'est aussi. Par exemple, vous pourrez voir des nuages s'amonceler dans le ciel, signe avant-coureur qu'une averse s'annonce. Vraiment sympathique pour s'immerger encore un peu plus dans cet univers sombre et inquiétant que l'on a vraiment hâte de voir plus en détail à la sortie du jeu sur PC en 2011 (et on l'espère, un peu plus tard sur consoles).
Que dire de plus sur The Witcher 2 pour vous convaincre de son gros potentiel ? Son univers mature, son gameplay aux petits oignons, ses graphismes séduisants, ses 16 fins différentes, ses 2h30 de cinématiques... Tout concourt à faire de lui un titre sur lequel il faut absolument garder un œil. Un seul mot résumerait bien notre sentiment après avoir vu la présentation : MAGISTRAL !