On le sait, le rock ne mourra jamais. Mais une série de jeux sous licence tournant autour du rock, elle, peut péricliter voire agoniser à force de ne pas se renouveler. C’est sans doute pour éviter cela que les développeurs de Guitar Hero vont profiter du prochain opus de leur licence pour tenter une nouvelle approche. Nous avons pu constater en exclusivité et instrument en main de quoi il en retourne précisément.
Jusqu'à présent, Guitar Hero s'était parfaitement passé d'un scénario en offrant à ses aficionados un principe et un contenu parfaitement cohérents en eux-mêmes. Mais justement, malgré un esprit plutôt sympa et une liste de chansons qui n'en finira sans doute jamais de s'étoffer, il faut bien avouer que le concept semble avoir déjà livré tout ce qu'il a à offrir. C'est pourquoi les développeurs de Neversoft ont décidé de mettre le paquet sur le côté quête en proposant une histoire dans laquelle l'avatar que le joueur va choisir se chargera de retrouver tout d'abord une guitare mythique avant d'aller affronter La Bête, un être démoniaque qui a réduit au silence le Demi-Dieu du Rock.
Dans la partie que nous avons pu voir, les joueurs auront le choix entre quatre avatars disponibles : Johnny Napalm, Lars Ümlaüt, Casey Lynch et Axel Steel. Que des visages connus, donc. Dans un premier temps, il va s'agir de réussir une chanson avec les honneurs afin que l'avatar qu'on aura choisi laisse libre cours à sa facette la plus primale. Ainsi, une fois que la bête qui est en lui (ou en elle) aura été libérée, on bénéficiera d'un surplus de bonus. Par exemple, Casey, après avoir revêtu l'aspect d'une guerrière à la peau de serpent, pourra protéger les séries de notes les plus longues. Cela peut s'avérer intéressant pour les puristes car ces parcours sans fausse note permettent d'engranger des étoiles et donc de déverrouiller les niveaux suivants du jeu plus facilement. De son côté, Johnny Napalm, une fois qu'il sera devenu une sorte de démon efflanqué surmonté d'une crête fluo offrira à celui qui le choisira la capacité de faire monter le Star Power deux fois plus rapidement. Eh oui, quand on est un punk, on aime que cela joue vite... Pour être complet, précisons que Lars, devenu un phacochère bipède, aura le pouvoir de monter l'indice multiplicateur jusqu'à 10 et qu'Alex, devenu une momie qu'on croirait tout droit échappée de la pochette d'un disque d'Iron Maiden, pourra compter sur deux résurrections qui seront autant de nouvelles chances de séduire le public en cas d'interprétation trop mauvaise.
Vous l'aurez compris, le choix de l'avatar sera directement lié à votre manière de jouer. Après avoir transformé les quatre personnages précités, nous nous sommes retrouvés par le biais d'une courte séquence intermédiaire dans une caverne où trônait la fameuse guitare légendaire. Pour l'obtenir, il nous a fallu passer par un énorme morceau de bravoure : les sept parties de la chanson 2112 du groupe canadien Rush. Quand on sait que cette chanson conçue comme un opéra et qui dure vingt minutes raconte comment, dans un monde où l'art n'existe pas, un jeune homme découvre une guitare, apprend à en jouer et se rebelle donc contre la société qui l'entoure, on ne pouvait espérer meilleur test pour obtenir l'instrument mythique. En écoutant le texte de la chanson, on comprend rapidement qu'on est en fait en train de vivre une mise en abîme épique puisque la quête que poursuit le héros de la chanson rejoint celle entreprise par notre avatar. Pour les connaisseurs, nous serions tentés de dire que l'émotion qui émaille cette partie est comparable à celle qu'on pouvait ressentir en jouant Free Bird à Stonehenge...
Hélas, ce grand moment signifiait également la fin de notre découverte du jeu puisque la version qu'on nous avait confiée ne permettait pas d'aller plus loin. Qu'à cela ne tienne, intéressons-nous d'un peu plus près aux éléments les plus concrets que proposera cette suite. Tout d'abord, une confirmation : c'est bien Philippe Manoeuvre qui vous accueille et vous guide tout au long de la quête. Reprenant le rôle échu dans la version originale du jeu à Gene Simmons (le bassiste de Kiss présentant un cas sévère d'hypertrophie de la langue), le rédacteur en chef de Rock n'Folk et accessoirement jury de La Nouvelle Star semble s'amuser comme un petit fou à en faire des caisses dans la dramaturgie. Il y croit... en tout cas autant qu'on peut croire à quelque chose s'appuyant de manière aussi flagrante sur le second degré. Côté interface, la quête d'épuration entamée dans Guitar Hero 5 se poursuit. La barre indiquant par des diodes les suites de bonnes notes ainsi que le tube renfermant le Star Power ont quitté le bord droit du manche sur lequel descendent les pastilles de couleur. Désormais, ces deux indications se retrouvent à l'horizontale, à droite, sous le score. Reste greffé sur le manche, le seul indicateur vraiment indispensable : la barre rouge, jaune et verte rendant compte en temps réel de la qualité de l'interprétation. Autre nouveauté : la guitare. Ses lignes très stylisées lui donnent un côté "flammes". Il est à noter que ses ailes pourront être démontées avant d'être remplacées par deux autres qui confèreront à votre instrument l'aspect d'une hache. Ces accessoires seront vendus à part.
On ne peut que noter et saluer l’effort des développeurs de Neversoft pour tenter de renouveler le solo de Guitar Hero en introduisant le concept d’une quête, d’un but qui donne une raison d’être au schéma de suite de chansons bien sûr toujours présent. Cette volonté évidente de progression et notre optimisme chronique dès qu’il s’agit de parler de jeux vidéo valent donc à ce nouveau chapitre un avis plutôt positif. Ceci dit, ne vous attendez pas non plus à une révolution qui fera table rase du passé de la licence et la lancera sur de nouveaux chemins encore vierges. Malgré la bonne tenue générale de ce chapitre et le grand moment que constitue la présence de la chanson 2112 de Rush, nous avons quand même eu un peu l’impression d’y avoir déjà joué. C’est donc un petit « Bon »