Du premier Crackdown, certains ne se souviennent sans doute que de l'accès privilégié à la bêta multijoueur d'Halo 3 disponible sur la galette. D'autres en revanche avaient tout de même donné sa chance au titre de Realtime Worlds et étaient ressortis de Pacific City avec un large sourire de satisfaction sur le visage. Car quoi qu'on dise, Crackdown ne manquait pas de qualités et offrait un gameplay simple, bourrinissime même, mais incroyablement addictif. Aussi, nous n'avons guère été surpris de voir que le bougre serait doté d'une suite, une suite confiée aux bons soins de Ruffian Games et dont nous allons maintenant vous dire si elle a su conserver l'essence de son généreux grand frère.
Rien ne va plus à Pacific City ! L'Agence, l'organisme "policier" qui assurait la sécurité des citoyens à grands coups de roquettes, a complètement perdu le contrôle de la ville. Car s'il fut un temps question de démanteler (dans tous les sens du terme) de multiples gangs de malfrats, l'heure est maintenant venue de se frotter à de plus grands périls ! Le meilleur exemple de la déchéance de Pacific City, c'est l'invasion des Freaks, sortes de mutants qui, dès que la nuit s'avance, s'extirpent avec moult bruits de succion des entrailles de la ville afin d'agresser les grands-mères, de violer des caniches, de subtiliser des nains de jardin, de faire pipi dans les ascenseurs et de dévaliser les magasins de tongs. Mais ce n'est pas tout ! Dès que le soleil se lève et darde de ses rayons purificateurs l'asphalte recouvert de sang verdâtre et l'eau clapotante des rivières locales, les membres de la Cellule, un groupe terroriste aux objectifs mystérieux, investissent les rues et cherchent à leur tour à en rajouter au chaos ambiant ! Seule solution pour remettre de l'ordre dans ce joyeux foutoir : expédier un ou plusieurs agents génétiquement modifiés sur le terrain afin de nettoyer tout ça par le feu.
Vous l'avez d'ores et déjà compris, Crackdown 2 ne fait pas dans la dentelle et reprend, à quelques petits détails près, le principe de son musculeux aîné. Lâché dans une Pacific City délabrée mais quasi identique à celle du premier jeu en termes de disposition, votre objectif va donc consister à massacrer tout ce qui semble vaguement hostile en suivant des objectifs globaux en apparence variés, mais finalement très répétitifs : activation en plusieurs temps de relais censés mettre un terme à l'invasion des Freaks, localisation et destruction des brèches utilisées par ces derniers pour se déverser dans la ville, capture des bastions de la Cellule pour en faire des points de ravitaillement et de respawn... Le tout s'associe en outre à quelques courses véhiculées, des parcours d'agilité lors desquels il vous faudra sauter de toit en toit comme un cabri cybernétique ainsi qu'à la recherche continuelle de petits secrets : rapports audio et orbes cachés destinés à vous permettre de booster votre personnage.
Car à l'instar de son prédécesseur, tout le charme de Crackdown 2 ne réside pas à proprement parler dans l'accomplissement des objectifs, mais plutôt dans l'application qu'on mettra à faire progresser notre personnage. Celui-ci peut évoluer en fonction de 5 aptitudes : agilité, maîtrise des armes à feu, force, explosifs et conduite. Pour certaines, l'expérience viendra de la pratique, comme pour le tir, l'usage des explosifs ou la force physique. Pour les autres, et notamment l'agilité, c'est la collecte d'orbes (500 en tout) perchés sur tous les édifices de la ville ou la participation à des courses d'obstacles qui fera de vous une véritable balle en caoutchouc. La conduite pour sa part augmentera en fonction des acrobaties ou des courses que vous effectuerez. Notez au passage – et c'est une nouveauté – que certains de ces orbes sont qualifiés d'instables ou de mobiles, et qu'il faudra donc sérieusement se bouger les miches pour parvenir à s'en saisir. Mais une fois encore, libre à chacun de décider quelles aptitudes il souhaite développer, même si au final, il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez avec une gros thon capable de sauter à 20 mètres de haut tout en expédiant des camions dans la tronche de vils gredins et en enchaînant les headshots. A la fin de la campagne, vos efforts vous auront non seulement permis de créer une véritable machine à tuer, mais aussi de débloquer de nouveaux véhicules de l'Agence, un hélico, et même une combinaison permettant de planer au-dessus des buildings. Et ça, ça fait tout de même plaisir.
Mais avant d'en arriver là, entre chaque mission, il conviendra de veiller à améliorer son personnage de façon à être à la hauteur lors de la prochaine grosse échauffourée. Pour ça, il suffira de traîner dans les rues et d'exploser du malandrin. Passer du temps à naviguer de la sorte en dézinguant tous les groupes d'ennemis qu'on dégotte peut sembler fastidieux, pourtant, le côté complètement débridé de Crackdown 2, avec ses bonds de 20 mètres et ses explosions pléthoriques (quoique franchement très moches) tend à éviter qu'on ne se lasse trop facilement. D'autant que comme nous l'évoquions un peu plus haut, le level design reste très fidèle à celui du premier Crackdown et propose donc son lot de décors tortueux et d'immeubles à escalader. Bref, l'ensemble reste aussi fun que dans le précédent jeu. Cela dit, le fait est que Crackdown 2 vous confrontera rapidement à une très forte opposition et vous fera comprendre que pour atteindre vos objectifs, vous devrez impérativement vous associer à d'autres joueurs sur le Xbox Live. Crackdown 2 est effectivement capable d'accueillir jusqu'à quatre participants dans une même partie. On profitera alors de moments de pur bonheur, comme dans le premier opus, tout en pestant ensemble sur un système de lock semi automatique antédiluvien. Car tout n'est pas rose au royaume des Freaks.
Ainsi si le jeu s'amuse régulièrement à faire de la concurrence à Dead Rising en affichant parfois plus d'une centaine d'ennemis à l'écran, on aura toutes les peines du monde à viser précisément une cible en particulier ou un bidon explosif en se servant du lock. Cela peut paraître anodin comme ça, mais ce n'est pas le cas lors des quelques missions où l'on devra abattre des ennemis spécifiques. Un autre souci relève de la conduite des véhicules, assez lourdingue. Même si on finira par s'habituer à piloter les savonnettes à roues de Crackdown 2, on ne pourra jamais vraiment dire que le pilotage est réellement gratifiant, en raison notamment d'une physique assez étrange. Dans un autre registre, on note également que la gestion des corps-à-corps, pourtant incontournables pour se tirer des marées de Freaks, s'avère des plus basiques. On devra en effet se contenter de marteler la touche B au petit bonheur la chance, sans aucune possibilité de réaliser de combo un tant soit peu évolué. De fait, le résultat apparaît aussi confus qu'inintéressant. Et tenez, pendant que nous sommes à aligner les défauts, autant en profiter pour vous dire que Crackdown 2 est tout de même bien laid. On sent que les développeurs ont sacrifié pas mal de choses pour permettre au titre de rester fluide et d'afficher des tripotées d'ennemis dans de vastes décors, mais il n'empêche que l'ensemble paraît souvent bien cheap.
Cela dit, on ne doute pas une seconde qu'une bonne quantité de joueurs fera abstraction de ces défauts pour se concentrer sur les points forts du jeu, et notamment son côté débridé. Pour ces derniers, nettoyer la ville prendra entre 10 et 12h à un joueur (moins en coop évidemment) mais il sera toujours possible de continuer à traquer tous les orbes pendant de nombreuses heures supplémentaires. Pour parachever le tout, Crackdown 2 est doté de trois modes multijoueurs compétitifs capables d'accueillir jusqu'à 16 participants. On comptera donc sur de généreuses poursuites véhiculées ainsi que sur des matchs à mort classiques ou en équipes. Il n'y a pas là de quoi crier au génie, mais il faut avouer que ces petits bonus complètent honorablement l'expérience Crackdown 2.
- Graphismes12/20
Si le titre reste globalement fluide, cela semble se faire aux dépens de la finesse générale. Les textures sont très moyennes, les effets parfois risibles et le style graphique semble beaucoup moins incisif et adapté que dans le premier volet. On apprécie tout de même d'évoluer dans les décors familiers de Pacific City, notamment la nuit, lorsque les rues grouillent de Freaks avides de chair fraîche.
- Jouabilité14/20
En dépit d'un lock franchement bancal et d'une conduite des véhicules assez étrange, Crackdown 2 renoue avec ce qui faisait la force de son prédécesseur, à savoir une évolution du personnage gratifiante et des combats aussi surréalistes que jubilatoires. Se déplacer à pied dans Pacific City en sautant de building à building comme un super-héros n'a rien perdu de son attrait.
- Durée de vie14/20
Si nettoyer la ville ne prendra pas autant de temps qu'on aurait pu le penser au premier abord, surtout pour un titre à environnement ouvert, la possibilité de prêter main forte à d'autres joueurs en coopération rallonge considérablement la durée de vie. Ajoutons à cela la tripotée d'orbes (secrets, réservés aux parties en coop ou ceux de base) à collecter ainsi qu'un multi honnête et l'on obtient quelque chose d'assez complet. En fait, le seul véritable souci de Crackdown 2 relève de la platitude et de la redondance de ses "missions".
- Bande son14/20
Bruitages et musiques sont très corrects. Notez toutefois que les voix françaises se limitent aux briefings, les tirades des habitants de Pacific City sont elles restées en anglais et tendent d'ailleurs à se répéter rapidement.
- Scénario8/20
Crackdown 2 ne tente jamais vraiment de justifier le déchaînement de violence dans lequel il nous plonge. Mais au risque d'en faire hurler certains, disons que le scénario n'a pas vraiment d'importance dans un titre tel que celui-ci.
Les petits gars de Ruffian Games ont manifestement fait leur possible pour concevoir une suite digne du premier volet. L'essentiel est là, l'ossature du premier Crackdown a manifestement été conservée, permettant ainsi de produire quelque chose de cohérent et d'assez agréable à parcourir. Mais il n'empêche que beaucoup de petits détails semblent avoir été mis de côté en route. Plutôt brut de décoffrage, Crackdown 2 pourra néanmoins séduire sans trop de difficultés les aficionados d'action décérébrée et de coopération, ni plus, ni moins.