Le politiquement incorrect et le décalage sont deux éléments qui reviennent de façon ponctuelle dans le jeu vidéo. Malheureusement, si bien souvent ils parviennent à faire rire ou sourire, ils cachent trop souvent un gameplay mal ficelé.
Pour l'amateur d'humour noir, Naughty Bear jouit d'un pitch alléchant. Vivant sur une île peuplée d'ours en peluche, Naughty Bear a pourtant du mal à s'intégrer à ses pairs. Il faut dire que si ces derniers sont des monstres de mièvrerie, lui donne plutôt dans la méchanceté, l'aigreur et la violence. Du coup, il est régulièrement moqué, banni et parfois même pourchassé. La solitude aidant, le bougre balafré devient de plus en plus méchant, massacrant allègrement ses congénères des façons les plus exotiques histoire de leur apprendre un peu les bonnes manières. Ici il vengera de ne pas avoir été invité à une fête d'anniversaire, là il cherchera à se débarrasser d'un candidat à la mairie dont le programme consiste à l'éliminer, ou bien encore, il punira celui qui s'est allié à l'armée pour l'espionner. Tout cela se déroulant dans un décor niais à souhait, abritant des ours en peluche mignons tout plein, mais malgré tout armés de battes et autres flingues.
Pour opérer, Naughty Bear peut s'y prendre de différentes manières, avec comme objectif de marquer un maximum de points. La méthode la plus simple est évidemment d'utiliser des armes, on en trouve quantité au sol et dans les mains des locaux. A force de leur tataner la tronche, vos proies finiront blessées, titubantes et vous pourrez alors choisir de les achever avec un finish move variable selon l'arme utilisée. Il est également possible de les épargner puis de les achever plus tard, après qu'ils aient répandu leur angoisse autour d'eux. Viennent ensuite les subtilités. Par exemple, il est possible d'effrayer les oursons avant de les tuer, une action très cruelle et qui, dans certains cas conduira les idiots au suicide. Et pour aller encore plus loin, vous pouvez aussi utiliser l'environnement pour parvenir à vos méfaits. Les cartes sont truffées d'objets que vous pouvez saboter, téléphones, mixeurs géants, barbecues, disjoncteurs et bien d'autres. En les sabotant, vous pourrez, pas systématiquement, faire venir un ours en peluche qui tentera alors de réparer l'engin. Il ne vous restera qu'à vous placer discrètement derrière lui pour lui faire subir une mort atroce liée à l'équipement concerné. Ajoutez encore la possibilité de poser des pièges ou des mines et vous avez un tour relativement complet des possibilités. Évidemment, plus vous faites usage de techniques et d'armes variées, plus vous marquez de points. Ce qui est crucial dans la mesure ou Naughty Bear est clairement un jeu à high score disposant même d'un classement en ligne.
Histoire de pimenter un peu les choses, le titre comporte différents types de défis en solo, récurrents tout au long de ses 7 chapitres scindés en 5 niveaux. Le classique consiste tout bêtement à massacrer tout le monde sans contraintes, les autres exigeront que ne vous preniez aucun coup, que vous acheviez vos objectifs dans un temps limité ou encore que vous ne frappiez pas les ours mais ayez recours aux pièges et dangers de l'environnement. Souvent, dans ces modes, on devra aussi savoir se montrer discret, en se planquant dans les feuilles par exemple. Malheureusement, ces défis imposés sont sans doute les niveaux les moins fun, la contrainte ayant tendance à tuer le côté amusant du jeu, d'autant qu'en cas d'échec, c'est tout le niveau qu'il faut reprendre depuis le début. Pénible.
Et ce n'est pas la seule lourdeur de Naughty Bear. On admets sans l'ombre d'un doute que le côté décalé, l'humour noir et le politiquement incorrect du jeu sont charmants. Seulement comme dans la quasi-totalité des cas de ce genre, tout cet humour est accompagné d'un gameplay hyper répétitif et mal gaulé. Au final, les possibilités d'action annoncées comme très nombreuses ne le sont pas tant que ça. Les finish moves sont aussi peu nombreux et le manque de variété des décors renforce encore la redondance du jeu. Une fois qu'on a utilisé trois fois les quelques interactions possibles avec l'environnement, on commence à se dire qu'on a déjà fait le tour du jeu. De plus, certains points de game design laissent à désirer. Le contrôle de Naughty Bear est peu agréable, ses mouvements étant souvent peu précis lorsqu'on frappe. Le pire reste la caméra vraiment pénible. Placée trop près du sol et du personnage, elle offre un angle de vue peu fonctionnel et très fréquemment bouché par un mur ou un objet quelconque. Et pour couronner le tout, ses déplacements très vifs sont parfaits pour filer mal au crâne aux plus sensibles. Encore une fois, on commence à être habitué, l'intégration de l'humour dans un jeu vidéo s'est fait au détriment du reste. Dommage.
- Graphismes15/20
Rien de folichon en matière de technique mais le design est réussi. Rien dans le jeu ne trahit la violence des actes de Naughty Bear et voir de gentils oursons en peluche se faire dépecer ou même se fracasser la tête d'eux mêmes est juste jouissif, l'ensemble étant accompagné d'une volée de peluche. Sympa.
- Jouabilité11/20
Si on se marre bien au début, on réalise vite que le jeu est finalement très limité. Les interactions sont moins nombreuses qu'on le pensait et on finit vite par se lasser. Par ailleurs, la caméra est gérée de façon exécrable.
- Durée de vie13/20
Certains défis sont assez délicats à accomplir, la durée de vie s'en ressent positivement, d'autant que le soft comporte un mode multijoueur. Ce qui pèche un peu, c'est l'intérêt qui décroit assez vite.
- Bande son14/20
Le "doublage" des ours est plutôt marrant, en particulier leurs cris d'effroi lorsqu'ils prennent la fuite. Les musiques, dans un style naïf accompagnant les décors, sont assez quelconques.
- Scénario/
Naughty Bear profite d'un pitch de départ qui suscite l'enthousiasme. Transformer le plus classique des doudous en machine à tuer, quelle déviance magnifique ! Dans la pratique, si on passe un bon moment les premiers temps, on atteint vite les limites d'un gameplay ultra répétitif et pas forcément très bien ficelé. Reste un humour assez efficace qui séduira les amateurs. A envisager à petit prix.