Prisonnier d’un vaisseau pénitencier à la destination inconnue, vous vous réveillez depuis votre cellule alors que le vaisseau vient de se crasher sur une planète hostile. Vous êtes le seul survivant à bord, abandonné face à une horde de créatures belliqueuses, et allez devoir trouver un moyen de sortir de cet enfer indemne. Bienvenue dans l’univers d’Unreal, un jeu de tir à la première personne qui marqua en 1998 le début d’une nouvelle génération de jeux, ainsi que le départ d’une franchise qui sévit sur nos machines depuis maintenant plus de 10 ans.
Projeté dans un futur lointain, le joueur se retrouve échoué sur une planète asservie par les terribles Skaarjs, des aliens agressifs à la technologie très avancée. Ces derniers seront votre principale menace et la navette d'évacuation qu'ils détiennent sera votre unique chance pour fuir ce monde infernal… Après un premier niveau qui pose le scénario et fait office de tutoriel, le joueur parvient à s'extirper de l'épave du vaisseau. Et là, c'est une véritable claque visuelle : les décors sont immenses et de toute beauté, la distance d'affichage est impressionnante, et la qualité des textures apporte un réalisme à l'ensemble jamais atteint auparavant. Il est possible d'interagir avec quelques éléments du décor et le jeu s'offre même le luxe d'afficher de jolis effets de lumières et de reflets sur certaines surfaces ! En bref, Unreal marque une sacrée révolution graphique pour l'époque.
Après ces quelques instants perdus à admirer les décors, le joueur prend rapidement ses marques, grâce à un gameplay simple mais efficace : une touche de saut, des déplacements latéraux et des esquives, la maniabilité est très intuitive. Vous disposez d'un inventaire qui permettra de stocker toutes sortes d'objets utiles au cours de votre périple, de la lampe torche à l'amplificateur de dégâts en passant par le traducteur universel. Ce dernier s'avère tout simplement indispensable, car c'est grâce à lui que vous pourrez lire sous forme de journal les écrits de personnages qui dévoilent des éléments clés du scénario. En effet, ici point de cinématique ou de personnages secondaires. Dans Unreal, vous êtes seul et devez survivre seul. Tel Samus dans Metroid, vous ne pouvez compter que sur vous-même et vous évoluez dans des niveaux très vastes, voire labyrinthiques, avec des énigmes qui viendront parfois corser la situation. Heureusement, vous pourrez ramasser de nouvelles armes et objets en cours de route. En parlant d'armes, l'arsenal a le mérite d'être complet avec pas moins d'une dizaine d'armes à votre disposition et certaines d'entre elles sont même très originales ! On trouve ainsi un fusil bio larguant des gerbes de boue toxique, un fusil shock qui repousse les ennemis, ou encore un canon aux particules tranchantes idéal pour le corps-à-corps, sans oublier le célèbre lance-disques, arme très dangereuse et parfaite pour les décapitations ! Eh oui, le jeu se permet de montrer quelques passages bien gores, et les moyens pour exterminer les ennemis sont nombreux ! Chaque arme dispose d'un tir secondaire qui offre de nouvelles possibilités de tir. Ce concept a été repris par la suite dans la longue série des Unreal Tournament.
Avec toutes ces armes, Unreal propose des combats bien nerveux face à des ennemis redoutables, tant pour leur côté agressif que pour leur intelligence. Il est surprenant de constater que l'intelligence artificielle supporte bien le poids des années et n'a pas à rougir face aux jeux actuels ! En effet, si certains ennemis sont volontairement primitifs et se jettent sur vous comme des brutes, d'autres seront bien plus rusés et même difficiles à éliminer ! Ils esquivent vos tirs, se protègent derrière les éléments du décor et se retirent en cas de blessures importantes. Si vous croyez vous être débarrassé d'un Skaarj en le faisant tomber d'une passerelle, vous vous apercevrez avec surprise qu'il vous a poursuivi à travers tout le niveau pour achever son combat ! Certains ennemis feignent même la mort et vous surprendront plus d'une fois ! Les niveaux sont vastes et leur architecture bien pensée, offrant plusieurs parcours possibles et une durée de vie solide. Les joueurs les plus persévérants trouveront des secrets cachés tels que des munitions ou des packs de survie. Mais attention, les plus curieux risquent de se faire surprendre par des monstres tapis dans l'ombre… Et ils sont nombreux ! En effet, le bestiaire varié demande une attention de chaque instant pour ne pas se laisser submerger. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on choisit d'augmenter la difficulté ! Si le mode facile s'apparente à une promenade de santé, le dernier mode irréel poussera à bout les aventuriers les plus coriaces : avec des ennemis en surnombre et des munitions rares, vous devrez faire appel à vos instincts de survie ! Pour l'anecdote, sachez que les créatures obéissent à la dure loi de la chaîne alimentaire et pourront occasionnellement s'entretuer, ce qui est assez amusant mais aussi très pratique dans certains cas.
Cependant, il faut bien avouer qu'avec une durée de vie aussi longue pour un mode solo et l'absence de rebondissements majeurs dans l'intrigue, Unreal aurait pu tomber dans les travers d'un jeu long et répétitif. C'était sans compter sur l'un de ses points forts : un univers et une ambiance unique en son genre ! Le style médiéval et gothique des temples et autres forteresses, mélangé aux niveaux technologiques des vaisseaux et des repères Skaarjs apporte un véritable contraste et un cachet indéniable au jeu. Mais c'est surtout la musique, en totale osmose avec les niveaux qui contribue à cette ambiance. Tantôt rythmée, tantôt calme, légère, ou encore étouffante, la musique apporte tout au long du jeu des ambiances qui tranchent radicalement. Ainsi, certains niveaux comme les villages parviennent à apporter quelques instants de répit avec une musique calme et sereine, avant de retourner en enfer dans des niveaux bien plus stressants et à l'ambiance pesante.
Mention spéciale pour le château Nali, un niveau phare du jeu qui vous mènera dans les dédales d'un donjon sinistre, occupé par des hordes de créatures ! Une musique lente et étouffante, un ciel sombre et menaçant, des cris de torture qui s'échappent des entrailles du château, et un boss redoutable qui vous attend au fond des geôles… tous les éléments sont là pour transporter le joueur dans cet univers implacable qu'est Unreal ! Les bruitages ne sont pas en reste avec des cris de créatures plus effrayants les uns que les autres ! Comment ne pas trembler d'effroi lorsque vous reconnaîtrez le rugissement d'un Skaarj posté dans les environs, alors que vos compteurs de vie et de munitions virent au rouge ? L'univers est riche et sera régulièrement repris dans les opus suivants de la série, à travers des descriptions dans les cartes du jeu ou même des clins d'œil dans les dialogues des personnages, un point fort de la saga.
Mais Unreal, c'est également les premiers combats de match à mort contre des bots ou des joueurs humains via des parties online. A l'époque où l'internet faisait encore ses premiers pas, les parties réseaux n'étaient pas encore optimisées, un point revu et corrigé avec la sortie un an plus tard d'Unreal Tournament. Mais les bases sont là, et si l'on regarde de près les armes et les objets du jeu, on s'aperçoit vite que la plupart des éléments ont été repris dans les opus suivants. Certaines cartes multijoueurs ont même eu droit à de nombreux remakes ! Et c'est là toute la force d'Unreal, qui a réussi en un seul épisode à imposer les concepts d'une série qui s'étale depuis sur plusieurs opus. Une prouesse en soi.
- Graphismes18/20
Avec des graphismes à couper le souffle et des décors très originaux, Unreal frappe fort ! Les animations des personnages et des monstres entièrement réalisés en 3D sont fluides et réalistes. Seuls les PC les plus performants de l’époque pouvaient supporter ce petit bijou de technologie, qui supporte finalement bien le poids des années. Le level design est intéressant avec des niveaux à multiples chemins et de nouveaux environnements en extérieur qui apportent beaucoup de fraîcheur à l’ensemble.
- Jouabilité17/20
La prise en main est immédiate, avec un rythme de jeu rapide et un personnage qui a du répondant. Les combats sont nerveux et intéressants, les différentes armes autorisent des styles de combat variés, surtout avec le tir secondaire. Il y a quelques subtilités intéressantes, comme le fait de pouvoir pousser certains objets pour s’en servir de plates-formes, ou la combinaison des deux types de tir qui donnent parfois quelques surprises !
- Durée de vie18/20
Comptez entre 15 et 20h de jeu pour achever l’aventure principale qui est assez longue, sans compter les différents modes de difficulté et les matchs multijoueurs. La variété des niveaux et les différents secrets qu’ils recèlent donneront envie de replonger dans l’aventure plus d’une fois.
- Bande son18/20
Sans sa bande-son exceptionnelle, l’essence même du jeu et de son univers en serait fortement touchée. En effet, les compositions musicales sont excellentes et offrent quelques moments épiques avec de très belles mélodies qui accompagnent les péripéties du joueur. Il suffit de réécouter une seule de ces musiques pour replonger immédiatement dans l’univers du jeu.
- Scénario15/20
Simple mais efficace, l’histoire d’Unreal est savamment racontée à travers les écrits laissés par les humains abattus et les habitants de la planète. L’univers est cohérent et intriguant, mais le scénario manque parfois de rebondissements et de cinématiques pour avancer.
Epic Games signe un chef-d’œuvre avec ce premier épisode d’une longue série. Beau, immersif et original, Unreal fait partie de ces jeux qui possèdent une aura qui ne faiblit pas avec le temps et qui ne peut être égalée. Pour toute une génération de joueurs, Unreal aura été le premier pas vers le monde des FPS. Aussi, c’est un titre idéal pour tous ceux qui n’auraient pas encore passé le cap. Le jeu a été repris dans diverses compilations très accessibles, il serait donc dommage de passer à côté de ce monument vidéoludique !