Laissant enfin derrière elle les batailles de la Seconde Guerre mondiale comme on le ferait d'une vieille chaussette trouée, la série des Medal of Honor a décidé de mettre les pieds dans le plat en jouant elle aussi la carte de la guerre moderne.
Sans doute enragé par le succès interplanétaire de Modern Warfare, malgré le retour récent des créateurs de la série dans son giron, Electronic Arts a manifestement choisi d'aller jouer sur les plates-bandes du mastodonte. Au cas où vous n'auriez pas suivi, le Medal of Honor nouveau nous entraîne en Afghanistan, sur les traces des forces américaines alors qu'elles affrontent les Talibans. Mais là où Modern Warfare cherche avant tout à en mettre plein les mirettes à ses joueurs, au détriment de la cohérence globale et du scénario, le prochain MoH tentera pour sa part de se concentrer sur le devenir et les états d'âme des soldats dont on partagera les aventures. En guise d'introduction à la séquence de gameplay, nous avons ainsi pu écouter un ranger laisser un message sur le répondeur de sa femme avant de partir en mission. Un message relativement court, prononcé par un combattant manifestement posé, déterminé et se concluant par un magnifique "We're rangers, this is what we do." (Nous somme des rangers, c'est notre boulot). Attention, ce n'est pas à dire que Medal of Honor donnera forcément dans le mélodrame, mais le fait est que le ton, très sérieux, se rapproche assez nettement de productions telles que Brothers in Arms : Hell's Highway. On appréciera donc diversement cette orientation, mais l'effort reste tout de même louable.
Cela dit, l'heure est maintenant venue d'entrer dans le vif du sujet. Pour notre deuxième contact avec le nouveau Medal of Honor, les petits gars d'EA Los Angeles ont tenu à nous montrer le véritable visage de leur bébé lorsque celui-ci décide de s'exciter un peu. Il n'était donc pas cette fois question d'une mission d'infiltration en compagnie des membres du Tier 1, mais plutôt d'une opération régulière des Rangers. L'idée était de suivre les pérégrinations d'une escouade de quelques volontaires partis prendre un nid de mitrailleuses situé en haut d'une haute colline de flanc, histoire de donner un peu d'air au reste des troupes alliées coincées sous le feu en contrebas. Nous avons donc pu observer la petite formation progresser dans un village et accrocher les Talibans présents sur les lieux. Confinée dans un couloir tout de même agrémenté de multiples bicoques à explorer et à nettoyer, l'action nous a paru bien nerveuse, même si résolument classique. On appréciera tout de même la possibilité de faire des glissades pour rejoindre un abri à la vitesse de l'éclair. Soutenu par des alliés qui en dehors de quelques scripts (notamment lors de l'assaut à la Rainbow Six d'une baraque en pierre) semblaient surtout faire de la figuration, le développeur s'est également évertué à nous montrer qu'une partie du décor était destructible.
Si en la matière, le jeu est très loin d'un Bad Company 2, attendez-vous à avoir des surprises lorsque vous vous planquerez tranquillement derrière un petit muret, car celui-ci pourrait bien partir en morceaux en quelques tirs. Une fois arrivée en haut de la colline, notre fière escouade de combattants de la liberté s'est d'abord lancée dans un bref conciliabule, avant de partir attaquer la fameuse sulfateuse mentionnée précédemment. Tirant vaguement dans la direction des servants de la mitrailleuse pour offrir une couverture à ses potes, le développeur a finalement permis à ses collègues devenus un peu plus présents de placer un fumigène sur la position retranchée, permettant ainsi à l'aviation d'intervenir. Après une rapide retraite, nous avons donc pu observer un pilote virtuel se faire plaisir et lâcher avec une précision redoutable une belle bombe sur la cible, générant au passage une énorme quantité de poussière, qui pendant les 3 minutes suivantes, réduisit considérablement le champ de vision des soldats.
La fine équipe dut ensuite traverser un canyon bourré de snipers pour rejoindre enfin sa zone d'extraction. Le tout se concluait par l'arrivée dans un autre petit village apparemment désert. S'approchant d'une bâtisse fermée, les pauvres hères n'ont eu que le temps d'entendre la sonnerie d'un téléphone portable - bruit assez incongru dans un décor pareil - avant de se retrouver pris dans une grosse explosion. C'est ainsi que s'est achevée la présentation du titre. Globalement, Medal of Honor semble donc capable d'offrir une expérience solide, mais qui peine néanmoins à sotir des sentiers battus. D'autant que pour le moment, le jeu n'était pas franchement au top graphiquement et nous est même apparu moins fin que lors de sa première sortie, début mars. Mais il n'y a sans doute pas lieu de s'inquiéter dans ce domaine, les développeurs nous ayant assuré qu'ils travaillaient surtout à rendre leur bébé jouable et prenant, et que le lissage technique à proprement parler arriverait ensuite.
En dépit de son évident classicisme, Medal of Honor est bien parti pour offrir une solide expérience au joueur avide de sensations fortes. En apparence plus sage que les Modern Warfare dont il s'inspire pourtant allègrement, le titre d'EA troquera la frénésie et la surenchère frisant parfois le ridicule de ses modèles pour quelque chose de plus cohérent, et peut-être finalement de plus immersif. Reste maintenant à voir si le soft sera capable de mettre en scène quelques batailles de plus grande envergure et si son multijoueur pourra tenir tête au rouleau compresseur d'Activision.