Lors des précédentes présentations de Red Dead Redemption, nous avions bien senti que la formule réduisant ce jeu à un "GTA au Far West" avait bien du mal à être acceptée par les représentants de Rockstar. Mais quoi de plus normal quand on est partie prenante dans la création d'une oeuvre quelle qu'elle soit (jeu, film, livre...) de ne pas apprécier de la voir résumée en trois mots par un journaliste sans doute tout fier d'avoir trouvé une bonne accroche ? Non seulement c'est compréhensible mais c'est aussi parfaitement légitime. Donc nous sommes d'accord : Red Dead Redemption n'est pas qu'un GTA avec des cow-boys. Et pourtant, avant même que ne commence la session de jeu sur les modes multijoueurs de Red Dead Redemption, l'un des membres de l'équipe londonienne de Rockstar a cité le multi de GTAIV comme étant "la référence immédiate" ayant servi au développement de ce nouveau titre. Et comme vous allez pouvoir le constater, c'est on ne peut plus juste.

Le premier des modes en multi n'en est pas un à proprement parler. Comprenez qu'on ne le déclenche pas en choisissant le type de partie à laquelle on veut jouer dans un menu comme c'est le cas pour tous les autres. Il s'agit tout simplement de la possibilité d'accomplir en coopération avec d'autres joueurs connectés les missions de la campagne principale, c'est-à-dire celles qu'on pourrait également entreprendre en solo. Cette option très souple qui permet à tout joueur d'entrer et de sortir à la volée de n'importe quelle partie vous plongera directement dans l'ambiance des westerns où prime la franche camaraderie virile entre cow-boys, "La Horde Sauvage" et "Silverado" en tête. Et si vous avez cité "Brokeback Mountain", vous êtes taquin... Une fois la joyeuse bande réunie, on partage la direction de la mission choisie et le tracé pour l'atteindre s'inscrit en bleu sur la mini-carte en bas à gauche de l'écran. En l'occurrence, il s'agissait de nettoyer une hacienda où une bande de malfrats mexicains avait élu domicile. Il faut savoir que chaque adversaire éliminé permet de récupérer dix dollars de prime et que cet argent pourra être réinvesti ultérieurement dans de nouvelles armes, des tenues, etc.

Cette nécessité de se faire de l'argent génère, vous vous en doutez, une joyeuse foire d'empoigne. Les cow-boys sont âpres au gain, c'est bien connu. Lors de cette toute première mission, nous avons pu constater que la visée est plutôt assistée et que, comme dans GTA, il suffit d'appuyer sur la gâchette gauche de la manette pour verrouiller puis d'utiliser la gâchette droite pour tirer et faire un carton à coup sûr. Toutefois, les ennemis savent profiter des éléments du décor pour se mettre à l'abri, tout comme vous d'ailleurs. Dans ces moments-là, il faut la jouer "sniper" en ajustant la visée avec le joystick droit de la manette pour tenter de toucher le petit bout de chapeau qui dépasse de derrière un muret ou la main tenant une arme qu'on aperçoit à l'angle d'une caisse. Comme nous l'avions constaté lors des essais précédents, les dégâts sont localisés. Vous pourrez donc stopper un adversaire dans son élan en lui tirant dans les jambes ou lui régler immédiatement son compte en lui touchant la tête. Il est également possible de déloger les campeurs si une lampe à pétrole se trouve près d'eux. On tire dessus, elle explose et l'ambiance se réchauffe immédiatement. Après avoir pris position dans l'hacienda, il a fallu faire face à trois vagues de renforts qui ont tenté en vain de nous submerger par leur nombre. Les missions ont donc un côté dynamique qui devrait leur assurer un certain attrait.

Après ce premier essai en coopération, nous avons pu entrer dans les modes de jeu multi avec l'incontournable session de Deathmatch, que ce soit en solo ou en équipe. Ensuite, nous avons goûté à une sorte de "Capture the flag" dans lequel il s'agissait précisément d'aller dans le camp adverse de l'autre côté de la vallée, de s'emparer d'un sac d'or et de le ramener chez soi. La carte sur laquelle s'est déroulée la partie comportait en son centre un immense piton rocheux et, de chaque côté, des défenses assez redoutables : un canon dans une tour sur un flanc et trois mitrailleuses positionnées à un carrefour sur l'autre. Cette disposition sous-entend un rien de stratégie et d'effort commun de l'équipe afin de se rendre maître d'un des deux axes de circulation et de le tenir. Précisons également, comme cela a été le cas lors de notre partie, qu'en cas d'ex aequo, le jeu passe en "Mort subite". Dès lors, le dernier cow-boy debout donne la victoire à son équipe.

Le dernier mode auquel nous avons joué était sans aucun doute le plus enlevé. Dans un village d'architecture mexicaine, il s'agissait de repérer des sacs d'or et de les ramener dans des coffres situés à la périphérie du bourg. Alors, bien sûr, il y avait ceux qui jouaient le jeu et allaient chercher le butin pour le mettre à l'abri en affrontant ouvertement la concurrence. A côté, il y avait les sournois, ceux qui attendaient patiemment près des coffres que les bonnes âmes fassent le job pour les abattre froidement au moment du dernier sprint, ramasser le sac tombé à terre, finir le travail et empocher les points. Oui, c'est moche. Mais c'est lucratif. Il est à noter que ces roublards sont aidés dans leur tâche par le fait que lorsqu'on s'accroupit, on disparaît du radar et ce qu'on reste en place ou qu'on se déplace. Idéal pour surprendre son prochain.

Il nous faut vous signaler une excellente idée qu'ont eu les développeurs : faire débuter chaque partie en multi par une fusillade collective. Tous les participants se font face, soit en cercle quand on joue en solo, soit en ligne quand on joue en équipe et, au signal après le compte à rebours, tout le monde défouraille. Il est possible, mais très difficile, de survivre et ce n'est que lorsqu'il ne reste qu'un seul cow-boy vivant qu'on entre dans la partie prévue. Bien entendu, les points accumulés lors de cette phase de transition servant aussi à masquer d'éventuels chargements se retrouvent dans le résultat final. Avant d'en finir, précisons que nous n'avons vu que quatre modes multi de Red Dead Redemption mais qu'on nous a annoncé que "plusieurs autres" étaient d'ores et déjà prévus. De cet essai, il ressort qu'effectivement le mode multi de Red Dead est clairement inspiré de celui de GTA. Mais on ne lui demande pas non plus de réinventer la roue, juste de nous distraire. Et cela, il le fait très bien et est bien parti pour s'imposer comme un complément indispensable à un jeu qui ne le sera pas moins.