Il était une fois un monde d'où venaient les ours en peluche qui ont été nos premiers confidents. C'était juste à droite par la route de briques jaunes quand vous quittiez le pays de Oui-Oui, juste avant d'arriver à Neverland. Dans cette contrée tout droit sortie d'un conte de fées, la vie s'écoulait paisiblement au rythme des surprises-parties que les habitants organisaient chaque jour pour s'inviter mutuellement. Barbecue-party, pique-nique party, dance party... En plus d'avoir l'imagination nécessaire au renouvellement perpétuel de leurs fiestas, les nounours disposaient des infrastructures indispensables pour faire la fête "jusqu'au bout de la night". On pourrait croire que les ours en peluche étaient gentils et s'aimaient tous mais il n'en était rien. Parmi toute cette population occupée à se distraire sans penser au lendemain, il existait un mouton noir, un ours que personne n'aimait et auquel on oubliait sciemment d'envoyer un carton d'invitation : Naughty Bear. Simplement marron quand tous ses congénères revêtaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, rapiécé de toutes parts alors que la fourrure des autres était immaculée, Naughty Bear nourrissait de sombres projets qui pris dans leur ensemble se résumaient en trois mots : faire le mal. Et, vous l'aurez sans doute compris, c'est le joueur qui va diriger le vilain nounours héros de notre histoire malgré lui.

Dans Naughty Bear, le but final est double : éliminer un boss dans chacune des sept histoires qui nous attendent et le faire en établissant le plus haut score possible. Nous reviendrons sur la première de ces deux phases mais, pour le moment, consacrons-nous plus particulièrement à la seconde. Toutes les attaques et les vilainies dont Naughty Bear va se rendre coupable rapportent des points. Il peut s'agir de coller un coup à l'un de ses congénères ou plus simplement de lui faire peur. Mais, au centre du haut de l'écran, le jeu affiche un quotient multiplicateur qu'il faut augmenter et maintenir le plus souvent possible dans sa partie haute afin de repousser les records de score. Pour cela, une seule solution : les combos. Plutôt qu'aligner une suite d'actions simples, il faudra en associer plusieurs ce qui sous-entend une bonne appréhension du contenu des niveaux et de la position des autres ours à un moment donné. C'est d'autant plus difficile que les actions de vos compatriotes ne sont pas scriptées. Il est donc impossible de prévoir ce qu'il va se passer.

En ce qui concerne les combos en question, il peut s'agir, par exemple de détruire un élément du décor comme un barbecue puis de retourner se cacher dans les fourrés pour mieux tomber sur le râble de l'ours qui tentera de le réparer. Et là, on peut bien évidemment choisir de le tuer en le jetant à terre puis en lui brisant la nuque d'un coup de patte (déconseillé à la vente aux moins de 16 ans, on vous rappelle...). Mais il est également possible de l'effrayer et de le laisser s'enfuir pour mieux le suivre jusqu'à la voiture qu'il va tenter de prendre afin de mettre les voiles. Facile alors de saboter le moteur de l'automobile (nouvel acte de vandalisme...) avant d'arracher votre victime de son siège et de lui hurler à nouveau au visage pour lui coller un petit rab' de pétoche. Normalement, à ce stade, nounours pète un câble et s'enfuit, rendu fou par l'angoisse. L'avantage, c'est qu'il va faire votre publicité auprès des autres ours en peluche ce qui donnera à Naughty Bear un avantage car dans ce jeu la peur est une arme. Mais le meilleur reste à venir car cette idée a été poussée à son paroxysme par les développeurs de ce jeu.

Comme nous vous le disions plus haut, l'un des buts de ce jeu est d'éliminer le boss de chaque zone. Alors bien sûr, vous pouvez vous emparer de n'importe quelle arme plus ou moins tranchante voire d'un pistolet qui traînait par là et lui faire des petits trous par lesquels s'échappera son rembourrage. C'est efficace mais, pour obtenir des points, il faudra se montrer bien plus inventif. C'est ce que nous a démontré l'émissaire du studio A2M qui présidait à cette présentation. Il est parvenu à utiliser Naughty Bear de manière si parfaite que celui-ci a vaincu le boss sans l'agresser physiquement. Comment ? Tout simplement en le poussant au suicide. Et voir un ours en peluche se faire sauter le caisson, croyez-nous, cela a un côté surréaliste qui va directement placer cette vision en haut de la liste, juste à côté des montres molles de Dali.

Plutôt original dans sa forme et rejetant de manière assumée tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à du politiquement correct malgré son côté enfantin uniquement prévu pour mieux te surprendre, mon enfant, Naughty Bear ne sera pas un jeu à mettre entre toutes les mains ni devant tous les yeux et encore moins à disposition de tous les cerveaux. Naughty Bear et Niko Bellic, même combat ? Toutes proportions gardées, ça se pourrait bien...