Un cauchemar, toujours le même : une vision annonçant la fin du monde. Une voix, synonyme d'espoir et de renaissance. Et puis le retour à la réalité pour Yumil (ou Tia, selon votre choix), qui se retrouve subitement face à cette chose qu'il voit chaque nuit dans ses rêves. Un monolithe de pierre mystérieux qui, au contact de la main du garçon, libère un étrange grimoire lui appartenant désormais. Contraint et forcé de devenir le porteur du Livre des Prophéties, Yumil prend note des conseils de son nouvel ami Rempo, l'esprit du feu, et s'apprête à inscrire sur les pages du grimoire toutes les choses qui mériteront de figurer dans le Nouveau Monde.

Aussi étonnante soit-elle, l'histoire d'Avalon Code n'est rien face à ce que nous réserve le titre en matière de gameplay. Classique à première vue, cet action-RPG se démarque pourtant totalement de ce qui se fait habituellement dans le domaine. Si les affrontements se déroulent en temps réel et que l'aventure réserve son lot d'exploration de villages et autres donjons blindés de monstres et d'énigmes à résoudre, tout cela ne représente en fait qu'un aspect mineur de l'intérêt du soft dans son ensemble. Car toute l'originalité d'Avalon Code réside dans ce fameux grimoire, le Livre des Prophéties, dans lequel vous allez répertorier tout ce qui vous semblera digne de figurer dans le monde qui succédera à celui qui est sur le point de sombrer dans les flammes de la destruction. Le principe est le suivant : armé de son livre, Yumil va pouvoir scanner absolument tout ce qui passe à sa portée (monstres, objets et NPC) pour y inscrire leur carte mentale. Composée de symboles représentant différents attributs appelés codes, cette dernière reflète la nature profonde de ces choses et de ces êtres vivants telle qu'elle a été conçue à l'origine. Mais une fois gravée dans le livre, ces cartes vous appartiennent et vous êtes libre de les modifier à votre guise pour transformer radicalement leur nature.

Loin d'être un simple gadget dans le système de jeu d'Avalon Code, le pouvoir du livre en est véritablement la clef de voûte. C'est lui qui détermine les caractéristiques de votre personnage par l'intermédiaire des objets et des armes que ce dernier a en sa possession. Incapable de brandir ne serait-ce qu'un marteau, Yumil compense la fragilité de son corps d'enfant par l'usage ingénieux qu'il fait de son livre. En scannant le code d'une épée, il peut non seulement la manier mais surtout optimiser son efficacité en lui ajoutant les codes qui la transformeront par exemple en épée flamboyante. Concrètement, il suffit de rajouter le code du feu sur la carte mentale de l'épée pour procéder à la transformation, ce qui entraîne évidemment une amélioration des capacités offensives de l'arme. Ce principe s'applique à tous les autres éléments susceptibles de figurer dans le livre des prophéties. Une bouteille totalement inutile peut ainsi devenir une potion à l'aide de la formule adéquate, formule que l'on trouve en scannant des tablettes éparpillées çà et là dans le monde d'Avalon Code. Mais si l'on peut rajouter des codes, on peut aussi en retirer. Un monstre est beaucoup trop fort pour vous ? Vous n'avez qu'à lui ôter ses bonus et lui greffer une maladie pour réduire drastiquement ses points de vie !

S'il est tout bonnement génial, le principe du livre des prophéties affiche tout de même un défaut de taille : son ergonomie. En effet, comme on est amené constamment à déplacer les codes d'une page vers une autre, il aurait été bienvenu d'inclure une interface de stockage permettant de trier facilement les symboles à utiliser. Au lieu de ça, il faut se contenter d'une barre de stockage temporaire limitée à seulement quatre codes. Autant dire qu'il vaut mieux faire preuve d'organisation pour s'y retrouver, d'autant que les codes ne peuvent pas être casés n'importe où selon leur forme. Conclusion, on perd de nombreuses minutes à passer en revue toutes les pages du livre à la recherche du bon symbole, et on s'arrange comme on peut pour entreposer les codes dans les cartes mentales du premier monstre ou NPC venu. Un défaut d'ergonomie qui rend le jeu inutilement fastidieux, alors que le maniement du livre ne souffre, à l'inverse, d'aucun problème de navigation puisqu'il suffit de cliquer au bon endroit via le sommaire pour atteindre directement la rubrique de son choix. Le stylet est d'ailleurs parfaitement mis à contribution pour cela, la croix et les boutons étant réservés au contrôle du personnage sur l'écran supérieur de la console.

On peut s'étonner aussi que le soft n'insiste pas plus longuement sur certains points fondamentaux du système de jeu, comme la façon dont on doit créer un objet à partir d'un item bien précis et non pas à partir de rien, ou comment récupérer des PS (points de vie) et des PM (points mystiques) lorsqu'on est à court. Ces notions sont particulièrement déroutantes en début de partie, car totalement nouvelles pour le joueur, les monstres vaincus permettant uniquement d'augmenter l'expérience des armes utilisées. Pour regagner de la vie, il faudra donc recourir à un objet de soin, généralement de la nourriture, stocké dans le livre. Mais son utilisation coûte des PM, et que faire lorsqu'on n'en a plus ? La méthode est pour le moins originale. Elle consiste à projeter un ennemi en l'air à l'aide d'un combo du jugement, puis à le repêcher autant de fois que possible pour lui faire atteindre une hauteur complètement improbable. Ce n'est que lorsqu'il est propulsé au-delà de la stratosphère ou au-delà de sa résistance physique que le monstre libère enfin les précieux PM et PS. Autant dire que vous aurez à jongler régulièrement avec vos adversaires si vous voulez rester en vie dans les contrées hostiles d'Avalon Code !

Une fois les bases bien assimilées, la progression dans le jeu devient finalement très plaisante. On apprend à nouer des relations avec les NPC en leur faisant des cadeaux pour améliorer la façon dont ils nous perçoivent, voire plus si affinités. On part en quête des précieuses formules permettant de créer les objets les plus improbables. On traque tous les monstres du jeu pour leur voler leur carte mentale. On répertorie chaque fleur pour en découvrir la signification... Et on sonde le moindre pixel de la carte pour compléter le code de chaque zone à explorer. Là-dessus, les concepteurs du jeu sont à maudire car on perd un temps infini à localiser ces fichus indices de peur de passer à côté d'une précieuse tablette. Il est dommage, également, que les donjons ne soient composés que de salles successives dans lesquelles il convient de remporter divers défis pour gagner le droit d'accéder à la salle suivante. Ces niveaux ont d'ailleurs surtout pour but de nous faire comprendre les subtilités du maniement des quatre principaux types d'armes (épée, marteau, bombe et projectile). Malgré tout, l'expérience de jeu offerte par Avalon Code reste particulièrement divertissante et enrichissante. Espérons que ceux qui auront la bonne idée d'acheter ce titre surmonteront l'aspect rebutant des premières heures de jeu pour mener à bien cette expérience jusqu'au bout.