Sorti en fin d’année dernière, Dragon Age : Origins a incontestablement marqué le retour du RPG à l’ancienne, épique, tactique et exigeant, comme on n’en avait plus vu depuis Baldur’s Gate II. Malgré l’excellente durée de vie du jeu de base, on est donc ravi d’accueillir sa première véritable extension, intitulée Awakening, les contenus téléchargeables déjà sortis ayant été de peu d’intérêt.
Sachez en préambule que si Dragon Age : Origins – Awakening s'inscrit dans la continuité du jeu de base, il n'est pas nécessaire d'avoir bouclé ce dernier pour pouvoir en profiter. Bioware vous propose bel et bien un contenu de haut niveau, mais vous permet d'y accéder de deux façons différentes : vous pouvez importer un de vos anciens personnages (s'il est mort au terme de la bataille finale, il sera considéré comme ayant survécu), ou bien vous en créer un nouveau, qui débute alors au niveau 18. L'histoire reprend là où elle s'est arrêtée, à savoir juste après la mort de l'Archidémon et la défaite de l'Enclin. Vous incarnez soit le héros de Ferelden (si vous avez importé votre personnage), soit un nouveau Garde des Ombres fraîchement arrivé d'Orlais.
Le prologue vous transporte à Fort Bastel dans la région d'Amaranthine (située au nord-est de Ferelden), où vous êtes allé rejoindre les derniers membres de votre ordre. A votre grande surprise, vous découvrez que l'endroit est assailli par une meute d'engeances rescapées. C'est en explorant les lieux que vous rencontrez les premiers personnages enrôlables : Mhairi, une fière paladine éprise de justice, ainsi qu'un mage apostat présomptueux nommé Anders. Vous y croisez aussi une vieille connaissance : le guerrier nain Oghren, venu s'enrôler parmi les Gardes des Ombres ! Bien entendu, un héros originaire d'Orlais n'en aura jamais entendu parler, tandis que le sauveur de Ferelden reconnaîtra en lui son videur de chopes préféré. On retrouve donc dans cette extension l'une des forces du RPG de Bioware : la capacité des personnages rencontrés à réagir en fonction de vos antécédents. Certains choix effectués dans le jeu de base modifieront – de façon certes superficielle – les événements de Awakening. Ainsi, après avoir nettoyé Fort Bastel, vous assistez à l'arrivée du nouveau monarque de Ferelden, dont l'identité est fonction de votre décision à la fin de Dragon Age : Origins. Il (elle ?) vous nomme officiellement à la tête des Gardes des Ombres, dont vous prenez le commandement. Votre tâche est de restaurer votre ordre, mais aussi de traiter avec les engeances qui se sont réfugiées dans la région d'Amaranthine afin de décider de leur sort.
Négocier avec l'ennemi sorti des tréfonds ? Ce serait pour le moins curieux si un nouveau type d'engeance, plus intelligent et doué de parole, ne faisait son apparition. Vous ne tardez pas à en rencontrer un spécimen, un émissaire qui se fait appeler l'Architecte. A vous de percer à jour les motivations qui l'animent. Les missions de Awakening, qui vous sont confiées pour la plupart à Fort Bastel, vous envoient aux quatre coins d'Amaranthine. L'extension n'inclut toutefois qu'une poignée de nouvelles cartes, souvent bien plus petites que celles du jeu d'origine. L'exploration est d'autant plus laissée pour compte qu'en pénétrant dans une zone, vous rentrez immédiatement dans le feu de l'action. Heureusement, les nouvelles quêtes sont assez plaisantes. Certaines d'entre elles n'échappent pas à la redite par rapport au jeu de base, mais d'autres, moins classiques, mettent vos compagnons dans des situations difficiles. Ces derniers, particulièrement bien croqués, rivalisent de répliques tordantes et se montrent globalement plus attachants que les anciens, même si certains d'entre eux risquent de ne pas faire long feu. Bien entendu, tout cela vous donne l'occasion de livrer de nombreux combats, dotés d'une profondeur tactique intacte (du moins sur PC, les versions consoles étant comme on le sait plus limitées à ce niveau). Quatre nouvelles créatures viendront vous réapprendre la vie, dont un Golem Infernal et un Dragon Spectral particulièrement coriaces !
Pour faire face à ce bestiaire, vous disposez de possibilités d'évolution supplémentaires. Le niveau maximum n'est plus fixé à 25 et une soixantaine de nouveaux talents et sorts font leur apparition. Certains d'entre eux sont liés à un profil de personnage précis. Awakening propose en effet deux spécialisations de plus par classe et la possibilité d'en choisir une troisième au niveau 22 (vive les grosbills !). Ceux qui reprochaient au jeu le peu de builds possibles devraient changer d'avis tant ces archétypes viennent combler intelligemment les manques en la matière : le guerrier peut désormais devenir Gardien (comprenez paladin) ou Guerrier spirituel (un combattant tirant ses pouvoirs de l'Immatériel) ; le mage, Archiviste (une sorte de druide) ou Mage de Bataille (un mage tank capable de squatter les premières lignes), le voleur, Eclaireur Légion (un rogue plus résistant) ou Ombre (une espèce de ninja versé dans l'art de l'illusion). Ajoutez à cela trois compétences inédites accessibles dès le niveau 20 : vitalité (qui augmente les résistances d'un personnage), lucidité (qui lui évite d'être distrait) et artisanat runique. Cette dernière permet de crafter ces fameuses runes déjà présentes dans le jeu de base, que vous pouvez désormais enchâsser sur des armures. Deux nouveaux tiers d'armures sont d'ailleurs disponibles, ainsi que quelques nouveaux objets, parmi lesquels des fioles d'endurance qui devraient être très prisées.
Dragon Age : Origins - Awakening ne manque donc pas d'intérêt. Dommage que sa durée de vie somme toute décevante – d'une quinzaine d'heures environ – laisse un peu le joueur sur sa faim : à peine en maîtrise-t-on toutes les nouvelles possibilités que déjà le générique de fin se fait entendre. De ce point de vue, le prix de vente semble un peu gourmand (disons que le ratio tarif/longévité est bien moins intéressant que le jeu de base), même si en remontant une dizaine d'années en arrière, Tales of the Sword Coast ne se montrait guère plus généreux avec les joueurs de Baldur's Gate.
Les captures qui illustrent cet article proviennent de l'éditeur.
- Graphismes14/20
Le rendu visuel de cette extension est identique à celui du jeu de base, et un peu trop d'ailleurs : il est regrettable que les environnements de la région d'Amaranthine, assez semblables à ceux déjà connus, ne procurent aucun dépaysement. Même si l'exploration n'est guère mise en avant, un peu d'exotisme n'aurait pas été de refus.
- Jouabilité16/20
Awakening n'échappe pas à l'écueil qui guette les add-on de jeux de rôle, à savoir un côté grosbill (vive les trois spécialisations...) susceptible de rendre le jeu un tantinet plus facile, d'autant que les nouveaux ennemis ne sont pas légion et qu'on sait désormais comment exploiter les faiblesses des anciens. Heureusement, le gameplay se montre toujours aussi convaincant. A noter que le coffre de stockage qui a fait couler tant d'encre est inclus de base dans cette extension.
- Durée de vie10/20
Dragon Age : Origins – Awakening propose quelques zones de jeu supplémentaires, quatre nouveaux monstres et cinq compagnons de plus à enrôler, sans oublier les nouvelles possibilités d'évolution... Oui mais voilà : l'ensemble ne représente pas plus de 15 heures de jeu en épuisant l'ensemble des quêtes. Et heureusement que ces dernières sont suffisamment nombreuses, car la surface visitable est relativement restreinte. On attendait mieux d'une extension vendue à prix fort.
- Bande son17/20
La qualité des nouvelles compositions musicales ne dépare pas avec celle des anciennes. Les bruitages sont toujours un peu plus en retrait. On louera une fois encore la qualité de la localisation française : la traduction est irréprochable et le doublage de vos nouveaux compagnons renforce leur personnalité irrésistible.
- Scénario14/20
Hormis l'apparition de nouvelles engeances douées de parole (qu'un lourd secret entoure) et la gestion de Fort Bastel, une légère impression de déjà-vu prédomine dans Awakening. Les quêtes sont plus prévisibles et leur résolution plus bourrine. Heureusement, quelques missions valent leur pesant d'or, et ce sont souvent celles qui impliquent vos compagnons. Ces derniers sont bien plus attachants que les anciens. On regrette tout de même l'absence de romance dans cette extension.
Dragon Age : Origins – Awakening est un add-on solide qui mise sur ses nouvelles possibilités d'évolution, particulièrement fournies, et sur de nouveaux compagnons à enrôler plus attachants que les précédents. Le reste est plus convenu : la nouvelle campagne se laisse suivre sans déplaisir, mais dégage une certaine impression de déjà-vu. Qui plus est, la durée de vie somme toute décevante du contenu proposé, qui ne représente guère plus de 15 heures de jeu, confère à Awakening un ratio prix/longévité moins intéressant que celui du jeu de base et n'en fait pas l'extension indispensable qu'on attendait.