A l'instar de Bodycount, F1 2010 nous a été présenté par Codemasters au pays du bacon, à Birmingham cette fois. Quelques tours de roues plus tard, nous étions en mesure d'en savoir davantage sur cette licence F1, enterrée par Sony puis ressuscitée par Codemasters, décidément de plus en plus présent sur le marché du jeu de courses.
Cela fait quelques années que toute une communauté de joueurs attendait patiemment de voir un éditeur se lancer. Codemasters s'est mouillé et a pris le risque de racheter les droits de la F1 à une période où celle-ci n'attire plus autant de passionnés qu'à une époque. Une prise de risques qui pourrait être récompensée plus vite que prévu, le retour d'une figure emblématique comme Michael Schumacher a donné le coup de pouce inespéré mais pourtant nécessaire au regain d'intérêt de ce sport auto. Du coup, c'est confiant et sûr de son affaire que Codemasters nous a permis de jouer pour la première fois à sa simulation de monoplaces. Quelques tours sur Monza et Suzuka nous ont ainsi été accordés, le tout dans l'unique but de découvrir la prise en main à mi-chemin entre arcade et simulation de F1 2010. En effet, le background, s'il sera un point fort du jeu, n'en est qu'à l'état de chantier au moment même où USF1 jette l'éponge après avoir espéré intégrer le plateau 2010. Du coup, rien n'est encore vraiment au point en termes de licences d'écuries et pilotes, même si nous savons que tout le paddock sera bien au rendez-vous. La conséquence directe de ce flou persistant est la sortie du jeu en septembre prochain, pas avant, alors que la saison se terminera...
Le point positif dans tout ça, c'est que Codemasters aura le temps d'ici-là d'équilibrer l'IA de sorte à ce que le niveau des 26 voitures corresponde bien à celui de la réalité. Une IA pas tout à fait balancée durant cette présentation et qui se montrait plus agressive que la normale sur le sec et totalement à la rue sur le mouillé. Qu'importe, ces deux séances ont été pleines d'enseignements sur le comportement de la voiture que l'on pilotera. A l'évidence, le gameplay reprendra point par point les grandes lignes de ce qui se faisait dans les précédents opus de la série. Une difficulté ajustable, en activant ou désactivant les aides classiques, cinq angles de caméra traditionnels (deux extérieurs, un au dessus du casque du pilote, un juste derrière le volant et un dernier ras le sol), un pilotage moyennement exigeant et relativement tolérant sur les freinages tardifs et les accélérations hâtives... Tout ce qui a fait la recette de la série, appréciée par les amateurs du genre, notamment pour sa relative accessibilité sans pour autant virer dans de l'arcade pur et dur. Évidemment, il n'est pas permis de faire tout et n'importe quoi dans F1 2010, à commencer par les contacts un peu trop rugueux et vite sanctionnés par une modélisation des dégâts assez sommaire mais dans la lignée de ce que l'on connaît déjà, ni plus ni moins. Les sorties de piste punissent elles aussi un pilote qui s'est oublié ou qui a vu les vibreurs plus larges qu'ils ne sont. A ce sujet, si décélérer sur l'herbe suffit pour éviter le pire, un petit détour dans le sable vous vaudra quasi systématiquement un tête-à-queue.
F1 2010 exploitera logiquement l'EGO Engine, déjà utilisé pour DiRT puis repris dans GRID. Inutile d'avoir des yeux de lynx pour reconnaître la patte du moteur de Codemasters dont les couleurs fluctuent toujours entre le trop fade et le trop flashy. Déjà performant, l'EGO Engine permet notamment d'afficher tout un tas de gouttes de pluie à l'écran lorsque le joueur opte pour l'une des deux caméras intérieures. Mais il fait encore plus fort en proposant une météo dynamique, celle qui jouera un rôle essentiel dans la stratégie de course du joueur. Bien que 2010 marque la fin des ravitaillements en carburant, les pneus continueront de souffrir et d'être changés en fonction des conditions météo. Là aussi, Codemasters a souhaité rester crédible et les arrêts au stand seront animés par une quinzaine de mécanos, tous agités autour de votre caisse pour changer les pneumatiques à la vitesse de la lumière. Pas de QTE, pas d'écran de sélection intrusif, ces arrêts seront sobres mais immersifs, plongeant le joueur dans la passivité qu'est celle d'un pilote jusqu'à ce qu'on l'autorise à repartir. Notons à ce sujet que les autres teams auront elles aussi droit à leur lot de mécaniciens et ne joueront pas les fantômes comme cela s'est déjà vu dans un paquet de jeux du genre. Un bon point pour F1 2010 même si nous aurions souhaité que ce souci du détail soit poussé jusqu'à la présence d'une voiture de sécurité, ce qui ne sera pas le cas, la faute à une licence visiblement pénible à acquérir.
De DiRT, F1 2010 n'a pas hérité que de l'EGO Engine. On retrouvera en effet les fameux flashback qui permettent de remonter le temps pour corriger une erreur ou pour éviter un carton mais aussi et surtout l'interface 3D portée aux couleurs de la F1. Ainsi, durant chaque week-end de Grand Prix, le joueur aura la possibilité de se balader autour des véhicules officiels de son team et même d'y pénétrer pour, par exemple, discuter des réglages optimaux avec un ingénieur. Il pourra même entrer en contact avec son agent. En effet, la série mettra nettement l'accent sur la personnalité du pilote, principalement en mode Carrière. Parachuté dans le petit monde de la Formule 1, le joueur sera tenu de communiquer massivement avec les médias lors des conférences de presse où les sujets même les plus fâcheux seront abordés : la relation qu'il entretient avec son coéquipier et bien souvent rival, l'accomplissement des objectifs fixés en début de saison par son employeur, sa capacité à convertir une pole en victoire, etc. Évolutif, le mode Carrière de F1 2010 durera plusieurs saisons, de trois à sept pour être précis, en fonction de la volonté du joueur. Logiquement, de bonnes performances attireront les convoitises de top-team alors que l'inverse freinera la progression du joueur, du coup cantonné aux écuries de fond de grille. De quoi donner un intérêt au titre sur le long terme alors que le multijoueur en ligne sera bien au rendez-vous mais pas l'écran splitté. En attendant de nouvelles révélations, F1 2010 nous a fait l'impression d'un titre prometteur et techniquement déjà au point mais pas vraiment révolutionnaire. Ce qui suffira amplement à satisfaire les joueurs frustrés que nous sommes depuis des années !
Bien qu'il soit encore en chantier à tous les étages et que le gameplay ne devrait pas vraiment faire évoluer la série, F1 2010 nous paraît être un titre possédant le potentiel pour satisfaire les fans de monoplace. Reste à Codemasters à balancer l'IA et à terminer l'acquisition des kits 2010 pour s'assurer une place au soleil parmi les nombreux jeux de courses prévus cette année.