Paru fin 2006 sur Playstation 2, Disgaea 2 : Cursed Memories avait confirmé le succès du premier épisode de la série en proposant aux fans un nouveau scénario délirant ainsi que des combats tactiques d'une richesse incroyable et d'une difficulté bien réelle. Dans la peau du jeune Adell, il s'agissait de traquer un overlord du nom de Zenon afin de rendre aux membres de notre famille forme humaine. Là où les choses se compliquaient, c'est que la seule personne à pouvoir nous guider à lui n'était autre que sa propre fille, incapable de retourner chez elle sans aide. S'en suivait une collaboration improbable, donnant lieu à moult trahisons et autres retournements de situations cocasses. C'est cette histoire qui nous est contée une fois de plus dans Dark Hero Days.

Par bonheur, les mécanismes de jeu remarquablement efficaces de Cursed Memories ont aux aussi été intégralement repris dans ce remake. Les déplacements se font donc case par case, de façon traditionnelle, et les protagonistes apparaissent tous sur la zone de combat à partir d'un point d'entrée, dans l'ordre de notre choix et dans une limite de dix personnages. Chacun d'eux peut effectuer diverses actions selon sa classe, son niveau et l'équipement dont il dispose. Certaines sont gratuites, d'autres coûtent des "skill points" (comme les sorts ou les techiques spéciales) et beaucoup d'entre elles ont une portée bien précise. L'une des particularités de Disgaea est que l'on peut résoudre ces actions dans l'ordre que l'on souhaite et sans pour autant mettre fin à notre tour de jeu. Ainsi, il est tout à fait possible de se débarrasser d'une créature ennemie avec un sort, puis de faire avancer un autre personnage qui sera bientôt rejoint par un de ses camarades afin de lancer une attaque commune sur un monstre placé plus loin, et ainsi de suite jusqu'à ce que toute notre équipe se soit déplacée et ait agi.

L'un des éléments qui caractérise aussi la série Disgaea, c'est la présence de ces petites pyramides colorées appelées les Géosymboles. Il est indispensable d'apprendre à utiliser ces prismes à bon escient pour les mettre au service de votre groupe et les soustraire à vos adversaires. Pour résumer, à chaque Géosymbole correspond un attribut qui affecte directement certaines cases de la zone de combat. Ces effets peuvent aller du simple bonus d'attaque à un gain d'expérience à chaque tour, en passant par des interdictions de zone ou d'attaque à distance. L'intérêt du système réside dans le fait qu'il est possible de soulever ces prismes pour les jeter sur une autre zone colorée afin d'exploiter au mieux ses attributs. Très simple à la base, le concept peut devenir extrêmement complexe dans certains cas de figure, mais sans pour autant représenter une contrainte puisque rien ne vous empêche de détruire ces symboles pour les faire disparaître définitivement de la zone de jeu. Il faudra toutefois anticiper les conséquences que cette dernière solution implique, sachant que la destruction d'un Géosymbole entraîne généralement une réaction en chaîne qui inflige son lot de dommages collatéraux. Tout comme dans Cursed Memories, le concept a ici été amélioré dans le sens où les prismes sont dotés d'une vie propre, et peuvent donc se déplacer d'eux mêmes en cours de jeu pour modifier les effets de zone, ce qui enrichit considérablement la donne.

Bien entendu, les combos ont été repris dans cet épisode, même s'il faut toujours bien distinguer les attaques groupées des attaques consécutives. Dans le premier cas, il suffit de placer ses personnages sur des cases adjacentes pour qu'ils s'enflamment littéralement afin de frapper l'ennemi en s'acharnant sur lui comme des damnés. Le gros plus de ce système, c'est que rien ne vous empêche de déplacer un personnage pour qu'il participe à un combo, puis d'annuler son déplacement et l'envoyer ailleurs accomplir une autre tâche. Dans le cas des attaques consécutives, la victime subit plus de dégâts si vous avez paramétré les attaques de plusieurs personnages avant de les valider toutes d'un seul coup. Ce n'est encore qu'un exemple isolé, mais dites-vous bien que Disgaea 2 : Dark Hero Days regorge d'astuces de ce genre, et que même après des heures de pratique on continue à s'émerveiller de l'incroyable richesse de son système de jeu.

Autre option incontournable, la courte échelle vous permet toujours de soulever vos alliés les uns après les autres, de façon à former une pile de personnages aussi ridicule à voir qu'efficace à utiliser. Le fait d'empiler vos héros peut vous servir à vous acharner sur une même cible en déclenchant une attaque combinée. La victime se voit alors passée à tabac entre les mains de ses bourreaux qui se l'envoient jusqu'à ce que les dégâts infligés atteignent des sommes colossales. Cette pyramide humaine trouve également une autre utilité dans le Dark World, un monde caché qui offre une autre vision des différents niveaux pour les joueurs les plus aguerris. Outre leur difficulté accrue, ces tableaux sont surplombés par un soleil maléfique qui octroie aux ennemis des bonus à chaque tour. Dès lors, rien ne vous empêche d'empiler vos personnages pour les faire décoller du sol telle une fusée, dans le but de détruire cet horrible Dark Sun. L'idée est tellement surréaliste qu'on ne s'étonnera pas que l'équipe de Nippon Ichi ait pu y penser, même si vous devrez pour cela sacrifier l'un de vos personnages. D'une manière générale, la possibilité de soulever des unités pour les lancer ailleurs est plus que jamais l'un des gros plus du gameplay et renferme un grand nombre de subtilités.

En dehors des combats, généralement introduits par des saynettes aussi drôles que bien illustrées, il y a toujours des tonnes de choses à faire dans Disgaea 2 : Dark Hero Day. On peut dépenser son argent dans l'un des magasins de notre base, créer des personnages (moyennant du mana) ou faire voter des lois à la Dark Assembly, se soigner, s'informer sur notre progression ou encore se préparer en vue par exemple de se rendre dans un Item World. En effet, il est possible d'entrer dans absolument n'importe quel objet afin d'en renforcer le niveau, faire du level-up, trouver des coffres et recruter des spécialistes qui octroient des bonus aux statistiques. Il arrive aussi que l'on rencontre au gré des niveaux générés aléatoirement des marchants vendant des objets rares ou des pirates auxquels il est possible de dérober des cartes au trésor menant à un monde optionnel.

Inutile de dire que Disgaea 2 : Dark Hero Days jouit d'une durée de vie quasiment infinie pour qui désire voir toutes les fins proposées, booster les statistiques de ses personnages au maximum (classes, sorts, objets, niveaux de maîtrise des armes, etc) et terminer tous les stages secrets. Et comme si cela ne suffisait pas, Nippon Ichi nous gratifie également de quelques bonus exclusifs à cette version PSP. Ainsi, de nouveaux chapitres peuvent être joués dans la peau d'Axel, l'acteur raté que l'on retrouve tout au long de la série. Des classes inédites sont disponibles pour la création des personnages (Death Saber, Great Wyrm, etc.). Il y a des héros supplémentaires à télécharger sur le PSN. Les "weapon skills" sont désormais légion tandis que de nouvelles attaques en équipe ont fait leur apparition. Les temps de chargement sont ridicules, l'ergonomie est optimale pour un titre PSP. Cerise sur le gâteau, le "paint shop" ainsi que les "Magic Changes" de Disgaea 3 ont été inclus dans Dark Hero Days. Que dire de plus si ce n'est que cet épisode est tout aussi indispensable, sinon plus encore, que l'excellent Afternoon of Darkness qui nous avait déjà largement convaincu en 2007. Un must-have pour tous les fans du genre.