Satisfait d’avoir libéré le monde de la menace que représentait l'organisation criminelle Neo-Zeed, Joe Musashi, dernier représentant du clan ninja Oboro, coulait des jours heureux dans les montagnes du Japon. Au grand damne de ce dernier et pour notre plus grand plaisir, Sega a remis le couvert et nous a concocté un jeu comme il a su les faire ; si vous êtes en recherche d’action et de sensations fortes, vous pouvez stopper toute activité, vous venez de trouver votre bonheur.
Aidé de son sixième sens ninja, Joe Musashi détecte à nouveau la menace grandissante que représente Neo-Zeed. Bien décidé à en finir avec son perpétuel ennemi, le shinobi repart en croisade face à cette organisation aux viles intentions, cette fois-ci dirigée par le mystérieux Shadow Master. Desservi par une scène d'introduction d'un kitch comme rarement rencontré, le scénario est, comme à son habitude, limité au strict minimum. Loin de nous déranger, cette nouvelle ne fait que nous conforter dans notre quête d'adrénaline. Et vous ne serez pas déçu, le jeu propose sept niveaux d'action effrénée, chacun pouvant se décomposer en plusieurs étapes offrant une déclinaison différente de l'environnement principal. Le tout, servi par un gameplay qui a largement évolué depuis l'épisode précédent. Notre cher Shinobi n'a en effet pas lambiné pendant son séjour dans les hauteurs du Japon, il nous offre une panoplie de nouveaux mouvements plus spectaculaires que jamais.
De manière générale, le rythme du jeu s'est vu amplement accéléré et si on prenait le temps d'analyser la trajectoire de ses sauts ou la réaction de ses adversaires dans le dernier opus, ce n'est plus vraiment le cas ici. Les niveaux sont donc moins complexes et se résument souvent à un seul chemin à emprunter. Mais n'allez pas penser que le jeu a perdu de son intérêt, le gameplay a lui aussi évolué dans ce sens et est en accord parfait avec le level design. Notre ninja favori peut désormais bloquer les assauts adverses en maintenant le bouton d'attaque appuyé et a enfin appris à courir ! Cette dernière action, combinée au bouton d'attaque, déclenchera un mouvement offensif extrêmement efficace. En effet, Joe effectuera dans un premier temps un mouvement d'esquive qu'il enchaînera avec un puissant coup de sabre. Il dispose également d'un coup de pied plongeant, à réaliser lorsqu'un opposant se trouve en dessous de vous, ainsi que de la capacité à s'agripper aux plafonds ou à prendre appui sur les murs afin d'évoluer plus haut dans les airs. Ces mouvements, associés aux désormais classiques lancés de shuriken et doubles-sauts sont les éléments de base d'un gameplay millimétré vous offrant l'opportunité de répliquer à chacune des situations rencontrées. De plus, vous disposez toujours de ninjutsu. Inchangés depuis le dernier épisode, ils sont au nombre de quatre, leur usage étant limité à un seul par niveau, à moins que vous ne trouviez un objet spécial, vous conférant la capacité d'en utiliser un second.
Lors des premières parties, on se contente de marcher et de projeter des shuriken aux visages de nos adversaires à la façon de l'ancien Joe Musashi. Et, bien qu'il soit possible de terminer le jeu de cette façon, il faut admettre que les parties ne prennent toute leur ampleur qu'une fois l'ensemble des mouvements mis à disposition parfaitement exploités. On se surprend alors à traverser des niveaux entiers sans utiliser le moindre projectile, enchaînant attaques de corps-à-corps et techniques d'esquives jusqu'aux boss, dont la plupart peuvent également être vaincus sans l'aide de vos shuriken. Le moindre détail de gameplay, peaufiné jusqu'à l'extrême limite, participe au maintient de l'action à un haut niveau. Exemple avec la course du shinobi, ininterrompue par les plus légers dénivelés ou la possibilité d'effectuer des sauts muraux, même dans les pires conditions. Certains passages vous soumettront un gameplay particulier, ils sont au nombre de deux : le premier se déroule à dos de cheval et le second à bord d'une planche de surf autopropulsée. Ces phases de jeu se déroulent sur un écran fixe où des ennemis et des obstacles viennent vous barrer la route, un sous-boss vous attendant en fin de parcours.
Et des obstacles, vous en rencontrerez tout au long de votre périple. En effet, depuis la plus profonde des forêts nippones jusqu'à la base high-tech volante de Shadow Master, vous aurez à traverser tout un ensemble d'environnements hétéroclites tels qu'une base militaire remplie de soldats armés de mitrailleuses ou de boomerangs (clin d'œil au Shinobi premier du nom), un laboratoire et ses expériences biologiques douteuses ou encore un temple traditionnel japonais truffé de pièges en tout genre. Tous ces décors sont servis par une réalisation exemplaire dans un genre plutôt sombre qui met en valeur les détails comme les douilles qui s'échappent des armes ou les shuriken qui retombent au sol après un impact avec un obstacle trop résistant. Les boss ne sont pas en reste non plus, possédant une assez large variété d'attaques, il en existe de tout genre : grands monstres mutants, robots agiles surarmés et d'autres, indéfinissables. Le résultat est un feu d'artifice d'éléments à l'écran, on traverse les niveaux en détruisant tout sur son passage, vos adversaires explosant sous l'impact de vos armes et le tout se déroule dans une parfaite fluidité grâce aux capacités très orientées arcade de la Megadrive.
Le jeu est au final explosif, le joueur n'a pas le temps de s'ennuyer et l'action est omniprésente tout au long de l'aventure. Les fans du précédent opus pourront toujours trouver à redire quant à l'orientation plus rapide du gameplay. Car oui, sans être une sinécure, il s'avère néanmoins plus accessible que son prédécesseur. Mais ce que le jeu perd en difficulté, il le regagne en dynamisme et en fun, et franchement, il n'y perd pas au change ! Le choix entre quatre modes de difficulté allant d'Easy à Expert aura du mal à contenter les amateurs de challenges corsés, le principal changement résidant dans la variation de la taille de la barre de vie de votre protagoniste. Dommage, on aurait aimé une disposition différente des ennemis au sein des niveaux, ou de nouveaux mouvements de la part des boss. Le menu d'options met également à disposition un sound test. Si nous vous le précisons, c'est parce que la bande-son de cet opus n'est malheureusement plus assurée par Yuzo Koshiro. Cependant, allez écouter quelques musiques telles que "Whirlwind", "Idaten" ou "Solitary" et vous comprendrez immédiatement que ces compositions, mêlant habilement sonorités japonaises et rythmes puissants, méritent véritablement le détour !
- Graphismes17/20
Les graphismes se veulent plutôt réalistes et adoptent des teintes relativement sombres. Le jeu ne manque pas pour autant d’environnements somptueux grâce à la variété des situations rencontrées et mettant en scène aussi bien des décors extérieurs baignant dans la lumière de la pleine lune que d’obscurs complexes militaires.
- Jouabilité19/20
D’une précision millimétrique, le gameplay offre une grande variété de mouvements qui s’adaptent à tous les styles de jeu. Prudent ou plutôt rentre-dedans, chacun y trouve son bonheur. Il ne faut que quelques parties pour le dompter parfaitement et une fois cette formalité remplie, on s’amuse comme jamais à slalomer jusqu’aux ennemis pour mieux les mettre nez à nez avec leur funeste destin.
- Durée de vie13/20
Très axé arcade, le jeu se termine relativement vite entre de bonnes mains. Mais il vous faudra apprendre à mettre correctement à profit les techniques de votre personnage et étudier certains passages et boss avant d’espérer en voir le bout. Une chose est sûre, une fois commencé, vous ne lâcherez pas le jeu avant de nombreuses parties et vous y reviendrez avec beaucoup de plaisir.
- Bande son16/20
D’excellentes compositions maintiennent une ambiance survoltée tout au long de votre aventure. L’alliance de rythmes entraînants et de sons très typés japonais est une réussite que l’on ne se lasse pas d’écouter. Les bruitages sont également de qualité, proposant frottements de sabre sur les ennemis, coups de feu, mais également les gémissements de notre ninja favori sous l’effort.
- Scénario/
Le strict minimum, une espèce de carte vous montre votre progression entre les niveaux, sans plus. Ce n’est pas un problème, on n’est décidément pas là pour papoter !
Considéré par beaucoup comme le meilleur épisode de la série, le jeu vaut véritablement le détour et prend même la place de must have pour tout fan de jeu d’action qui se respecte. Véritable ode à l’action, sa vieillesse ne peut nullement être un frein au plaisir de jeu, le temps n’ayant eu aucune prise sur ce dernier. Et après tout, si le mal venait à se répandre sur le monde, il y aura toujours un homme parcourant les ténèbres. Il sera plus résistant que l’acier, il sera plus vif que l’éclair, il sera… un Shinobi !