Poursuivant sa grande opération "gagnons des thunes sans dépenser un yen", Capcom nous refourgue le plus mauvais épisode de la saga Resident Evil sept années après la sortie originale. Comme d'hab., hormis un type de maniabilité supplémentaire, le résultat est exactement le même. Peu surprenant, un peu énervant mais passons sur ces détails pour voir de quoi il en retourne.
Vous incarnez Rebecca Chambers, un membre de l'équipe Bravo des STARS, une unité spéciale de police de la ville de Raccoon City. On vous a envoyé, vous et votre équipe, enquêter aux abords de la forêt qui jouxte la ville, sur une série de meurtres bien étranges. Malheureusement rien ne se passe comme prévu. Après le crash de son hélicoptère, l'équipe Bravo qui s'en sort miraculeusement, n'en démord pas et continue ses investigations (quelle bande de truffes !). Résultat : un train ayant déraillé un peu plus loin. Le gros lot quoi ! Vous ne tarderez d'ailleurs pas à trouver à l'intérieur du véhicule le dénommé Billy qui viendra vous prêter main forte.
Vous n'êtes pas sans savoir que cet énième épisode de Biohazard représente la pierre angulaire de la série dans le sens où il se doit de répondre à diverses questions concernant l'origine du virus T. Seulement voilà, si on pouvait s'attendre à un scénario mêlant habilement rebondissements en série, on se retrouve finalement en présence d'un plateau télé alors qu'on était en droit d'attendre un mets de premier choix. Resident Evil 0 offre bien son lot de révélations mais celles-ci ont plus à voir avec l'épisode en lui-même qu'avec la mythologie de la série. A ce sujet, on peut se demander pourquoi Capcom n'a pas repris les bonnes idées des épisodes antérieurs. Je pense ici aux deux scénarios distincts de RE 2 mais aussi au Nemesis de RE 3, etc. D'autant plus étrange que RE 0 est un véritable melting-pot de ses ancêtres.
Si certaines scènes sont indéniablement des clins d'oeil aux autres opus (voir celle du piano), d'autres par contre sont là pour souligner l'absence totale de créativité des scénaristes. La principale innovation de cet épisode vient du fait qu'on peut à tout moment switcher entre les deux personnages principaux. Ainsi, vous devrez combiner les talents de Billy et Rebecca pour progresser. Et qui dit duo, dit double puissance de feu. Celle-ci sera prétexte à de nombreux affrontements contre des hordes de zombies, des tripotées de hunters ou bien encore des crapauds géants, des babouins génétiquement modifiés, etc. D'ailleurs, d'un point de vue graphique, le jeu se pare d'une magnifique robe. On reprochera par contre, à Capcom de n'avoir rien fait pour l'aliasing présent durant les cut-scènes et la raideur des personnages. Pour ce qui est du gameplay, les fans ne seront nullement dépaysés malgré les nouveautés apportées.
Outre des déplacements similaires, on peut maintenant changer de personnage à tout moment. Terminées les balades en solitaire, adieu les coffres de rangement. Cet épisode instaure un nouveau système, le Zapping Partner, qui révèle vite ses points forts mais aussi ses faiblesses. Ainsi, dans Resident Evil 0, il conviendra de bien choisir les objets qu'on porte sur soi et de laisser les autres à l'abandon, quitte à venir les rechercher plus tard. Cela nous oblige alors à établir une stratégie car il sera assez fréquent que nos personnages soient obligés de se séparer pour mener à bien un objectif. Ainsi, il est très important d'échanger des objets (en passant par le menu inventaire) et de bien répartir le nombre de balles, les sprays ou les clés. Bref, c'est d'une lourdeur inimaginable et on s'en serait bien passé. A contrario, on appréciera la complémentarité des héros. Ainsi Billy se veut plus résistant au combat, peut pousser de lourds objets alors que Rebecca peut par exemple combiner. En somme, ceci vous obligera à passer de l'un à l'autre et à se retrouver à un endroit précis pour participer à une petite séance de troc.
L'autre aspect intéressant de cette coopération est que vous pouvez à tout moment ordonner à votre compagnon de rester à un endroit pendant que vous irez à un autre. De plus, si vous ne voulez pas que Billy ou Rebecca ne vous vienne en aide durant un combat, il suffira de mettre votre compagnon en "passif". Si cette option ne sert pas à grand-chose en mode Easy, elle prend tout son sens en Normal ou Hard où il sera indispensable d'économiser ses balles. En définitive, si le dernier épisode en date des Resident Evil déçoit d'un point de vue scénaristique, si les décors ont un air de déjà-vu, on prend toutefois du plaisir à arpenter ces sombres couloirs, à résoudre ces énigmes quelque peu éculées et à abuser du fusil à pompe. Au final, Capcom nous gratifie d'un segment peu original, imparfait et ne bénéficiant d'aucun ajout sur Wii mais à 30 euros, pourquoi pas ?
- Graphismes16/20
Chaque écran de jeu ressemble à un tableau de maître, le moindre petit détail est peaufiné à l'extrême et si cet opus semble avoir bénéficié d'un peu moins de soins que le précédent opus, il reste graphiquement impressionnant.
- Jouabilité13/20
Cette mouture Wii n'étant qu'une version déguisée de celle GameCube, on n'y trouve aucune amélioration si ce n'est une configuration Wiimote / Nunchuck. Notez que vous pouvez aussi utiliser le pad Gamecube ou le Classic Controller. Malgré tout, la jouabilité est d'une lourdeur improbable et le Partner Zapping est sans doute la plus mauvaise idée de la saga. En somme, les acharnés de RE s'en sortiront, les autres par contre...
- Durée de vie11/20
Entre 8 et 9 heures pour finir le jeu. Evitez le mode Easy, bien trop simple et gâchant complètement la découverte du titre. Une fois terminé une première fois l'aventure, vous pourrez débloquer un nouveau mode, le Leech Hunter, très orienté action.
- Bande son15/20
A l'instar d'un Tomb Raider, les compositions sont très discrètes tout en s'accordant quelques envolées lyriques durant les combats. Les bruitages sont toujours aussi convaincants, tout comme les doublages.
- Scénario12/20
Si on découvre plusieurs éléments sur la naissance du virus T, il est vraiment dommage de constater à quel point RE 0 pêche au niveau scénaristique.
Sans grande surprise, Capcom recycle et fait du neuf avec du vieux. N'ayant rien amélioré, on se retrouve donc devant un Resident Evil réussi graphiquement mais proposant des idées saugrenues afin d'alourdir un gameplay qui n'en avait pas franchement besoin. Quoiqu'il en soit, à un prix de 30 euros, vous pouvez vous laisser tenter ne serait-ce que pour bénéficier du "brouillon" ayant servi au système coopératif de Resident Evil 5.