Un ranch où vivre paisiblement avec sa femme et sa fille, ce marshall à la retraite ne demandait rien de plus... Il part à l'épicerie, pour acheter un flacon de parfum pour sa bien aimée et à son retour il retrouve son ranch incendié, sa femme assassinée et sa fille kidnappée par des hors-la-loi travaillant pour un homme d'affaires sans scrupule voulant s'approprier le ranch... Ayant tout perdu ou presque, il décide de reprendre les armes pour sauver la seule chose importante qu'il lui reste : sa fille.
Voilà le résumé de l'introduction de ce FPS mythique qu'est Outlaws. Sorti sur PC en 1997 , ce jeu sent bon le western spaghetti cher à Sergio Leone et Ennio Morricone. Ainsi la manière de tirer au revolver (la main sur le percuteur) de notre père revanchard rappelle celle du Manchot interprété par Clint Eastwood dans le désormais célèbre Pour une poignée de dollars. La ressemblance entre les deux héros ne se limite pas à leur façon de jouer du six coups puisque leur physionomie est assez semblable. Les développeurs se sont ainsi inspirés des classiques cinématographiques du genre mais on ne va pas s'en plaindre tant le résultat obtenu est remarquable. La recherche de votre fille kidnappée réveillera certains fantômes de votre passé et vous baladera dans divers décors symboliques du Far West : un ranch, une ville avec un grand saloon, un train rempli de malfaiteurs, des montagnes arides, une scierie, un fort isolé, une mine, un village indien... pour finalement affronter le boss final dans sa luxueuse demeure.
A travers ces lieux, de très nombreux gunfights vous attendent mais vous devrez aussi résoudre quelques énigmes (leviers à activer dans un ordre précis, passages cachés...) et obtenir certains objets (clefs, pied de biche pour ouvrir une porte récalcitrante...) nécessaires à la poursuite de l'aventure. Certains passages sont à s'arracher les cheveux (notamment vers la fin du niveau de la scierie où l'on ne sait plus trop où il faut aller...) mais ces moments de solitude sont peu nombreux. Durant votre escapade, vous ferez regretter à vos adversaires le meurtre de votre femme et le rapt de votre fille. Tel un justicier implacable, vous n'aurez de cesse de rechercher cette dernière.
Pour ce faire, vous aurez à votre disposition un arsenal conséquent : revolver, Winchester avec ou sans lunette de précision, fusil à canon scié à un ou deux coups, gattling, couteaux, bâtons de dynamite... Un attirail assez complet par rapport aux armes disponibles à cette époque puisque le cow-boy moyen ne connaissait pas les joies du AK-45 et autres M16 apparus bien plus tard. Chaque niveau commence et se termine par une scène cinématique en cel shading qui n'a quasiment pas vieilli et continue d'immerger impeccablement le joueur dans ce western dont vous êtes le héros. Les graphismes du jeu en lui-même ont pris un coup de vieux, notamment le design des ennemis qui fera sourire plus d'un joueur actuel. Mais le charme opère tout de même, et c'est là la marque des grands jeux. Tel Final Fantasy VII pour le RPG, Outlaws demeure une référence pour tous ceux qui y ont joué, et ce, même si ses graphismes ont largement été supplantés depuis.
Classique dans son gameplay, Outlaws ne présente rien de révolutionnaire. Le jeu étant sorti en 1997, les éléments de base des FPS actuels tels que le menu d'inventaire sont absents. De même, il n'y a pas de système d'amélioration des armes (excepté la lunette sur la Winchester). La vie est représentée par une série de « cartes » avec un coeur en bas de l'écran. Plus votre ennemi est proche et bien armé, plus les dégâts seront importants, par contre il n'y a pas de localisation des dommages. La vie se récupère par l'intermédiaire des gourdes et des sacs de soins à trouver, le système de l'autoregénération (je me cache quelques instants et ainsi ma vie revient automatiquement) ne sera popularisé dans les FPS qu'à partir du 1er volet d' Halo sorti 5 ans plus tard. Les armes ne progressent pas et le héros non plus. Là encore Deus Ex ; et ses choix de personnalisation (piratage, combat) ne sortira que 3 ans plus tard. L'obtention de nouvelles armes dans les premiers niveaux du jeu constitue la seule évolution des capacités du personnage. La qualité de ce soft ne réside pas dans l'originalité de son gameplay mais dans l'efficacité avec laquelle les développeurs sont parvenus à retranscrire fidèlement l'univers de l'Ouest sauvage de telle façon que le joueur oublie son statut pour se mettre véritablement à la place du héros qu'il incarne.
Ainsi, le nombre d'armes est limité (époque oblige), il n'y a pas de phases à cheval ni de duels comme dans Red Dead Revolver ou Call of Juarez 2, mais l'ambiance est sans égal. La vue à la 1ere personne facilite chez le joueur le mécanisme de mise en situation. En reprenant les traits des personnages récurrents dans les western spaghetti, le protagoniste d' Outlaws se dote d'emblée d'une certaine aura qui renvoie aux codes classiques des westerns. Le titre de Lucasarts multiplie ainsi les clichés (certains boss sont stéréotypés : un chef indien, un mexicain avec un grand sombrero...) mais le fil rouge tient la route et chaque changement de décor est justifié par le scénario via les saynètes de début et de fin de niveau. Le joueur comprend ainsi pourquoi il passe d'une scierie à un fort isolé alors que dans certains jeux (Wet...) le changement de décor intervient comme un cheveu sur la soupe ce qui nuit indubitablement à la compréhension du scénario et donc à l'immersion.
Les films de western les plus appréciés (Le bon, la Brute et le Truand, Les 7 Mercenaires, Rio Bravo...) datent et les plus récents (3h10 pour Yuma, Appalooza...) sont globalement assez décevants ou tout au moins n'égalent pas leurs aînés. Aussi, le grand âge d' Outlaws n'est pas problématique puisque les références du genre sont demeurées les mêmes. De cette façon, même après Red Dead Revolver, Gun et autres Call of Juarez 1 et 2, Outlaws demeure un jeu de western incontournable. En attendant Red Dead Redemption prévu pour fin avril 2010... Dernier détail : Outlaws est un vieux jeu donc il en a les inconvénients (graphismes dépassés...) mais il en a aussi les avantages (pas besoin d'une grosse configuration pour faire marcher le jeu, peu de place sur le disque dur : 700 Mo suffisent...). De plus, il est trouvable régulièrement via internet sur des sites d'enchères.
- Graphismes12/20
D'un côté, les graphismes in game ont indiscutablement vieilli mais demeurent cependant largement supportables. De l'autre, les cinématiques en cel shading n'ont pas pris une ride.
- Jouabilité18/20
Aucun problème. La jouabilité au clavier est impeccable.
- Durée de vie14/20
Le jeu n'est pas très long à finir mais on y rejoue avec grand plaisir. Hormis l'histoire principale, le jeu propose également des modes annexes qui rallongent la durée de vie du soft de quelques heures : chasseur de primes, guerre de sécession... De plus, au moment de sa sortie, le jeu proposait un mode multi dans lequel se retrouve encore une base d'irréductibles fans.
- Bande son16/20
Les bruitages sont d'une grande qualité. Les musiques collent bien à l'ambiance et rappellent, par certains aspects, les mélodies d'Ennio Morricone.
- Scénario13/20
Un scénario classique pour un western : un père qui après le meurtre de sa femme et l'incendie de son ranch veut retrouver sa fille. L'histoire tient la route et le joueur sera facilement immergé. De plus, la recherche de sa fille permettra au héros de régler un vieux compte laissé en suspens depuis son enfance.
Outlaws est un FPS mythique que tout fan de western spaghetti se doit d'essayer. Une fois le jeu lancé, peu de joueurs seront déçus tellement le charme du soft continue d'opérer même s'il est sorti il y a plus de dix ans. L'ambiance parfaitement mise en scène est digne des plus grands westerns de Sergio Leone. Ce jeu mérite le détour alors sortez vos vieux colts, enfourchez votre monture et en route pour une chevauchée inoubliable à travers l'Ouest sauvage !