Pas découragés par les retours relativement négatifs de la critique sur les premiers Crash Time, les petits gars de RTL remettent ça. Bien déterminés à imposer leur simulation de courses-poursuites sur les grands axes germaniques, ils nous proposent une troisième version de leur titre de très loin inspiré par la fameuse série Alerte Cobra.
La référence à Alerte Cobra, nous la faisons, mais croyez bien que c'est uniquement pour vous permettre de situer vaguement l'univers du titre. Car d'opus en opus, de moins en moins de références à la série sont au rendez-vous. N'espérez donc pas incarner le grand maigre et le petit nerveux ou retrouver le thème principal très pouet pouet des différents épisodes d'Alerte Cobra. En fait, n'espérez incarner personne car en dehors de leur silhouette rigide et impersonnelle qui pointe leurs formes derrière les vitres des voitures que vous conduisez, vous ne savez et ne voyez rien des héros du jeu. Tout juste précise-t-on leur prénom à l'écran lorsque apparaissent les sous-titres de leurs dialogues (en anglais uniquement) pompeux et stériles, tournant notamment autour de l'heure du déjeuner, un runing gag rapidement lourdingue. On ne trouve donc aucune mise en scène dans Crash Time III, simplement des allers et retours incessants depuis et vers le commissariat d'où vous prenez les ordres. Des flics qui ne descendent donc jamais de leur berline allemande, même lorsqu'il s'agit d'interpeller un hors-la-loi ou de fouiller les planques du grand banditisme teuton... On aura tout vu !
Crash Time III s'appuie sur un pseudo scénario totalement décousu qui ne vous révèle jamais explicitement l'identité des malfrats que vous poursuivez, ni l'objet de leurs activités. C'est là le talon d'Achille de la série, cette absence totale de background et de liant entre les missions, un point noir que n'ont jamais essayé de corriger les développeurs. Du coup, on enchaîne les missions, souvent rébarbatives et répétitives, simplement dans le but d'en débloquer des nouvelles et de récupérer les clés des bolides utilisés pour balayer les 32 km² de la map. 32 km², c'est pas mal mais c'est par exemple un poil moins que Fuel et ses 14 000 km², pour le comparer à un autre titre qui vante l'immensité de sa carte. Commissariat, station-service, autoroute, voici les trois principales étapes qui marquent vos déplacements même s'il faut systématiquement dompter la circulation urbaine avant de pouvoir s'élancer à 300km/h sur la voie rapide. Le compteur s'affole mais en dessous des 200km/h, l'impression de vitesse est nulle et le flou constant utilisé comme cache-misère n'aide franchement pas. Crash Time III n'est pas laid pour autant, relativement fluide et bien texturé, on ne peut pas objectivement trop attaquer sa réalisation. Toutefois, son côté lisse et l'absence assez cruelle de détails dans le paysage allemand sautent aux yeux, à tel point qu'il est impossible de s'enflammer pour son design ou sa technique. Idem en ce qui concerne la modélisation des dégâts, grossière malgré de gros efforts.
Pas davantage en tout cas que l'on s'éprend d'amour pour un gameplay en mal d'inspiration. Si la prise en main est immédiate, la physique exagérément légère des véhicules ne permet pas de se sentir au volant de vraies berlines germaniques. Sans vue intérieure, l'immersion n'est pas totale et ce ne sont pas les nouvelles idées amenées par ce volet qui vont y remédier. Désormais, il est possible de tirer depuis notre véhicule ! Chic se dit-on, Crash Time pencherait donc vers le GTA-Like ? Que nenni, la fonction n'est disponible qu'en QTE. Pire encore, les tirs sortent de nulle part, sans qu'une arme ne soit dégainée et le réticule fait la taille d'une voiture. Autrement dit, impossible de louper votre cible, d'autant que la visée est semi-automatique. On préfère encore continuer à jouer les auto-tampons, une méthode toujours aussi efficace, d'autant que l'IA ne respawne dorénavant plus après chaque contact. L'autre nouveauté du jeu, ce sont les courses sur circuits. Comme un symbole, les petits gars de Synetic dénaturent carrément leur franchise en sombrant dans la facilité ! Inutiles et malvenues, ces épreuves nous sont imposées lorsque l'on accepte d'infiltrer l'ennemi dans la peau d'un pilote de premier rang. Enfin, la grosse feature, c'est la possibilité de conduire la nuit... Allez, faites semblant de vous enthousiasmer, l'effort a semble-t-il été énorme au point que cette face nocturne de Crash Time III soit mentionnée en couleur au dos de la jaquette !
- Graphismes12/20
Petit à petit, la série Crash Time s'améliore et rattrape son retard sur les autres jeux de courses actuels. Plus fin, plus fluide, il n'en reste pas moins un peu trop lisse et dépourvu de détails.
- Jouabilité11/20
Le gameplay est très classique, sans doute trop et les QTE n'apportent quasiment rien aux interventions. On passe notre temps à effectuer des allers-retours, à foncer dans la circulation et à jouer les auto-tampons. Pas folichon tout ça.
- Durée de vie8/20
La répétitivité des missions tue tout l'intérêt du jeu. D'une relative facilité, celles-ci manquent beaucoup de variété et de surprises, à tel point que l'on a vu à peu près tous les types de missions en à peine deux heures de jeu.
- Bande son7/20
Les doublages sont totalement pourris mais tout le reste est acceptable si tant est que l'on ne mise pas sur l'ambiance sonore.
- Scénario4/20
"Régis ?" "Ouais ?" "J'ai faim !" "Moi aussi Francis !" "On mange quand ?" "On peut s'arrêter à cette station, non ?" "Oui, bonne idée". "Ah, il y a des méchants, on mangera plus tard alors ?" "Oui, tu as raison".
Crash Time III peut se targuer d'être un poil supérieur à ses aînés mais encore bien en dessous de n'importe quel bon jeu de courses PC ou consoles. Si on apprécie de pouvoir s'approprier nos caisses en jouant avec les warnings ou le gyrophare, le réalisme ambiant cède rapidement sa place à des mécanismes lourdingues et répétitifs. Une vraie mise en scène et plus de variété dans les interventions auraient permis au jeu de RTL de décoller. Peut-être la prochaine fois ?