En dépit de l'échec commercial injuste essuyé récemment par Grand Theft Auto : Chinatown Wars, Ubisoft n'hésite pas à marcher sur les plates-bandes de Rockstar pour nous proposer à son tour un grand jeu d'aventure viril et musclé dans une ville ouverte. Bénéficiant d'un attrait visuel évident, C.O.P : The Recruit atteint-il le niveau d'excellence de son illustre modèle ?
C'est une réalité désormais reconnue, la grande majorité des joueurs possédant une DS s'accommode généralement mieux de simulations animalières et de RPG japonais que de titres violents ou réalistes. De fait, bien que le très bon Grand Theft Auto : Chinatown Wars de Rockstar ait été encensé par la critique, ses ventes se sont avérées très décevantes pour ne pas dire catastrophiques. On pouvait donc craindre que nous soyons condamnés à ne plus revoir un GTA-like de sitôt sur la petite console portable de Nintendo. Ubisoft nous prouve aujourd'hui le contraire en éditant C.O.P : The Recruit, une saga policière, certes moins provocante qu'un épisode de Gran Theft Auto, mais presque aussi captivante.
Tout commence lorsque Dan, délinquant notoire passionné de courses et de belles voitures, est recruté par Brad Winter, un policier expérimenté qui le prend sous son aile. Déterminé à se ranger et à mettre ses compétences de pilote au service de la loi, Dan va rapidement devoir faire ses preuves auprès du City Control Division afin d'en devenir un agent respecté. La morale est donc (à peu près) sauve, d'autant que contrairement aux productions Rockstar, il est absolument impossible de massacrer des innocents ou de se livrer à d'autres activités illégales à part quelques courses underground. On comprend dès lors pourquoi C.O.P : The Recruit n'est finalement déconseillé qu'aux moins de 12 ans, faisant ainsi plaisir aux mères de famille soucieuses de voir leurs rejetons se divertir sans tirer sur tout ce qui bouge. Pas sûr cependant que ces derniers parviennent à surmonter leur frustration et à se faire à l'idée que même si Dan a souvent recours à des méthodes musclées, il n'a rien d'un assassin sanguinaire.
Il faut dire que la tentation est grande de semer la pagaille dans les rues superbement modélisées en 3D de la ville de New York qui s'étend sous nos yeux. Fourmillant de passants déambulant sur les trottoirs et de véhicules remontant lentement les avenues, les immenses quartiers ouverts que l'on n'a de cesse de sillonner (sans le moindre temps de chargement ni le moindre ralentissement) avaient tout pour devenir de formidables défouloirs. Au lieu de cela, tout ce que l'on peut faire, c'est réquisitionner une voiture pour se rendre sur les lieux de nos futures missions et détruire çà et là quelques panneaux ou autres lampadaires en conduisant comme un chauffard. Pour tromper l'ennui, on se consolera en admirant le pont de Brooklyn, Greenwich Village, ou encore les cours de Flushing Meadows. On prendra également des photos des plus beaux points de vue, on tirera sur des affiches et on tentera de trouver la cinquantaine de barrières clignotantes cachées au milieu de sombres ruelles. Mais l'essentiel de l'action se déroule bel et bien durant les soixante missions que l'on nous propose.
S'appuyant sur un scénario assez confus, les différentes missions de C.O.P. : The Recruit ne manquent pas de variété même si leur gameplay peut devenir redondant à la longue. Courses-poursuites (sur terre comme sur mer), fusillades mais aussi séquences d'infiltration, repérage des cibles avec les caméras de surveillance, assauts coordonnés en équipe, il y en a pour tous les goûts. Le problème évidemment, c'est qu'à trop vouloir en faire, les développeurs n'ont pas eu le temps d'approfondir chaque séquence de jeu. Celles-ci demeurent donc fort logiquement assez courtes et plutôt superficielles. Ainsi, la conduite des véhicules est réaliste mais on ne dispose que d'une seule vue et les collisions sont mal gérées. Les séances de tir à la troisième personne jouissent de contrôles au stylet efficaces et le joueur peut dégainer de nombreuses armes. Cependant, on ne voit pas d'où viennent les tirs ennemis de sorte que l'on meurt souvent sans savoir pourquoi. Le mini-jeu de repérage d'une cible avec les caméras téléguidées devient vite lassant tandis que la nécessité d'écrire des codes sur l'écran tactile pour ouvrir certaines portes s'avère carrément pénible à la longue. Néanmoins, le joueur passera généralement de très bons moments en compagnie de Dan et certaines phases chronométrées lui donneront même quelques sueurs froides. Elles seront d'ailleurs l'occasion de débloquer l'un des très nombreux succès venant récompenser nos efforts.
En sus des missions obligatoires, C.O.P. The Recruit comporte également son lot de missions annexes pouvant apparaître dans un menu ou carrément sur la carte au passage de notre véhicule. Il peut s'agir par exemple d'arrêter un chauffard que l'on vient de croiser, d'intervenir dans un braquage de banque ou de disperser un regroupement de voyous sur un parking. Et là encore, on sera récompensé par des succès. A moins que l'on ne finisse évidemment à l'hôpital, ce qui nous obligera à refaire tout le chemin en direction de notre objectif principal. Notez à ce titre que les longs déplacements que l'on doit effectuer sont parfois fastidieux surtout lorsque l'on apprend en arrivant sur place qu'il faut repartir à l'autre bout de New York. Si l'immensité de la ville force le respect, elle peut donc parfois s'avérer un peu ennuyeuse. D'autant que le navigateur embarqué n'est pas d'une grande aide. Autre souci : le système de sauvegarde oblige souvent le joueur malheureux à refaire des trajets interminables quand il a le malheur d'avoir échoué au mauvais moment. Mais ne soyons pas trop sévères, bien qu'il souffre de petits défauts l'empêchant clairement de rivaliser avec les hits dont il s'inspire, C.O.P. : The Recruit reste un jeu très plaisant à découvrir et visuellement bluffant. Tout amateur de GTA devrait au moins y jeter un oeil à défaut de l'acheter.
- Graphismes17/20
Assurément, la modélisation de New York en 3D forcera l'admiration de tous ceux qui parcourront ses rues animées à pied ou en voiture. On reconnaît facilement les lieux les plus emblématiques de la cité et malgré le nombre impressionnant d'éléments à l'écran, l'action ne ralentit jamais. Certaines animations et collisions sont tout de même à revoir.
- Jouabilité15/20
Les allers-retours sont certainement trop nombreux, et ce en dépit des bonus à récolter ici ou là et des missions optionnelles que le soft nous propose parfois. Certaines séquences de gameplay telles que le repérage de cibles avec les caméras de surveillance ou l'ouverture des portes à l'aide de codes sont également ennuyeuses et les menus ne sont pas particulièrement ergonomiques. Néanmoins, la conduite des véhicule est réaliste, les séquences de tir à la troisième personne sont prenantes et la variété des situations que l'on rencontre rattrape l'ensemble.
- Durée de vie16/20
La ville est immense et les missions ne manquent pas, même si certaines d'entre elles tendent à se répéter à l'excès. Il y a des tonnes d'endroits à visiter, de succès à débloquer, de bonus à récupérer, et l'aventure est longue. Dommage qu'il n'y ait pas de mode multijoueur.
- Bande son14/20
On déplore l'absence de radio dans les voitures et de doublages durant les interludes. De plus, les bruitages des moteurs sont affreux. Heureusement, les musiques sont dynamiques et elles collent bien à l'ambiance.
- Scénario13/20
Pas particulièrement originale, l'histoire souffre en outre d'une narration décousue. Les différents protagonistes manquent également de charisme en dépit d'une présentation assez percutante.
Malgré ses graphismes en 3D impressionnants, C.O.P : The Recruit souffre d'un réel manque de profondeur et d'une ambiance bien trop sage pour prétendre se hisser à la hauteur de la série GTA dont il s'inspire pourtant en tout point. Il n'en demeure pas moins un très bon jeu d'action, prenant et complet, qui ne manquera pas d'attirer l'attention de tous les amateurs de courses effrénées, de fusillades hystériques ou d'aventures urbaines.