Imaginez une combattante aux courbes généreuses et en petite tenue qui massacre des hordes de messagers divins. Il faut bien avouer que l'affiche de Bayonetta ne laisse pas insensible mais ce jeu d'action survitaminé ne se contentera pas de miser sur la plastique de son héroïne pour vous épater. Bien que le début de l'année 2010 s'annonce déjà particulièrement riche en beat'em all de qualité, les amateurs du genre pourront difficilement faire l'impasse sur le prochain titre signé Platinum Games.
Les équipes qui se cachent derrière le fameux Bayonetta ne manquent pas de références. On retrouve en effet Hideki Kamiya aux manettes, un ancien du studio Clover qui a déjà signé des titres aussi prestigieux qu'Okami, Viewtiful Joe, Resident Evil 2 ou le premier Devil May Cry. Le bougre ne s'est pas laissé abattre lorsque Capcom décida de dissoudre son équipe de développement en 2006 : il prit ses idées sous le coude, rassembla ses collaborateurs et ils fondèrent ensemble ce qui deviendra Platinum Games. Le nouveau studio n'a pas tardé à se faire un nom en accouchant d'un RPG ambitieux sur DS, Infinite Space, et d'un jeu d'action sur Wii particulièrement violent, tout en noir, blanc et rouge, le très controversé MadWorld. Le moins qu'on puisse dire c'est donc que Bayonetta peut se vanter de posséder un CV bien rempli. Cette bonne impression n'a fait que se confirmer lorsque nous avons pu croiser le jeu sur les différents salons. Le titre vient d'ailleurs d'être encensé par les critiques nippones lors de sa sortie au Japon. Il nous faudra patienter jusqu'au mois de janvier 2010 pour que Bayonetta débarque finalement sous nos latitudes et l'attente risque d'être douloureuse tant le titre est prometteur.
Si on l'analyse froidement, le pitch de Bayonetta n'est pas franchement ragoûtant et sent même le réchauffé à plein nez. Le monde dans lequel vous évoluez est en effet rythmé par une lutte millénaire entre la lumière et les ténèbres, les envoyés de dieu et les forces démoniaques. Vous incarnez une sorcière amnésique qui s'est réveillée il y a une vingtaine d'années au fond d'un lac et qui doit chèrement défendre sa peau contre des hordes d'anges cherchant à la renvoyer en enfer... Bref, à première vue le scénario n'a pas grand-chose d'original et on s'attend presque à découvrir un beat'em all lambda qui préfère miser sur le charisme de ses personnages que sur les situations à proprement parler. On est donc agréablement surpris en découvrant des cinématiques qui ne se contentent pas de mettre en scène des plans tape-à-l'œil : le spectacle est bien au rendez-vous mais ces cut-scenes contiennent aussi une bonne dose d'humour. En effet, comme avec MadWorld, les petits gars de Platinum Games ont une nouvelle fois joué la carte du second degré. La belle combattante en rajoute ainsi dans la provoc' en jouant langoureusement avec une sucette ou en prenant des poses complètement ridicules après avoir fait couler des flots de tripes et de sang. Bayonetta assume donc finalement sa violence et son petit côté racoleur en les tournant en dérision et propose ainsi constamment au joueur ces deux degrés de lecture.
Même si elles vous en mettent plein la vue, de bonnes cinématiques ne suffisent pas à faire un bon jeu, il faut bien entendu que le gameplay tienne lui aussi la route. Les équipes chargées de Bayonetta nous avaient prévenus, le jeu propose plusieurs modes de difficulté radicalement différents. Vous pouvez ainsi opter pour un mode excessivement simple qui vous permettra réellement de venir à bout de vos ennemis en utilisant une seule main et en profitant du spectacle... Il paraît assez évident que ce mode particulier s'avère finalement totalement dénué d'intérêt, la plupart des joueurs se plongent dans un beat'em all pour se confronter à un minimum de challenge. Heureusement, il suffit de se lancer dans le mode normal pour que les choses deviennent un peu plus intéressantes. En effet Bayonetta propose une action effrénée : c'est bien simple, on a l'impression de se retrouver dans un épisode de Devil May Cry passé en accéléré. Vous pouvez compter d'emblée sur une belle brochette de combos aussi dévastateurs qu'esthétiques mais ce n'est rien en comparaison des coups et des différentes armes qui attendent sagement que vous les débloquiez. La belle sorcière dispose en effet de calibres qu'elle sort de sa manche ou qu'elle fixe à ses chevilles mais elle peut aussi manier un katana affûté ou les armes diverses et variées que laissent ses ennemis derrière eux. Bayonetta est aussi capable d'utiliser sa chevelure pour invoquer de gigantesques coups de pieds ou de poings qui viennent écraser ses adversaires. Sa magie lui permet enfin de lancer des coups spéciaux sanglants et magistralement mis en scène : elle peut par exemple projeter un ennemi dans une vierge de fer, l'expédier à la guillotine ou le pendre à une chaîne pour le faire passer dans une poulie...
Finalement, si Bayonetta peut faire polémique, c'est moins à cause de son contenu mature que de son gameplay. En effet les amateurs de beat'em all n'ont pas tardé à réagir en voyant les vidéos du jeu : la plupart d'entre eux sont restés bouche bée devant ce qu'ils découvraient mais quelques-uns ont trouvé l'action un peu trop confuse. Cette débauche de coups impressionnants et d'effet spéciaux a de quoi laisser sceptique : le simple fait de cibler un ennemi se traduit à l'écran par une grosse trace de rouge à lèvres et les coups que reçoit la sorcière font fleurir autant de roses éphémères sur son corps. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, seul le spectateur sera désarçonné par ce luxe visuel, le joueur, lui, prendra rapidement ses marques et apprendra à anticiper les mouvements de ses adversaires pour esquiver leurs attaques. D'ailleurs, en évitant un coup de justesse, on fige le temps quelques secondes, un répit que l'on s'empresse de mettre à profit pour infliger une belle correction aux pauvres envoyés divins. Ajoutez à cela une gestion des caméras relativement correcte et vous obtenez au final un beat'em all boosté à la caféine totalement jouable. Vous l'aurez compris, Bayonetta n'est désormais plus seulement un jeu prometteur à suivre du coin de l'œil, il s'agit tout simplement de l'un des futurs titres incontournables du début 2010.