Comme c'était déjà le cas la saison passée, LFP Manager est une série qui continue de s'ouvrir à un genre qui est la simulation de vie. Evidemment, on ne parle pas d'un Sims-like mais bien d'un jeu de gestion, de management, avant tout destiné à un public de connaisseurs, capable de s'adapter à des outils pointus pour faire évoluer toute une équipe. Mais plus que jamais, il est possible de passer de longues minutes voire même de longues heures à s'occuper de tâches diverses et variées qui incomberaient davantage à un intendant, au cuistot, à un décorateur ou encore à la compta ! Si vous souhaitez plonger votre nez dans le boulot des autres, jeter un œil au moindre détail, décider de ce que vont manger vos poulains, du décor du vestiaire, de celui des loges présidentielles, c'est possible. Il est possible aussi de vous inventer une vie, d'avoir femmes et enfants, de pratiquer le golf ou de parler portugais... Evidemment, vous pouvez passer outre et tracer votre route (en désactivant la vie privée par exemple) mais dans ce cas, LFP Manager se transforme en jeu de gestion classique et peu exigeant, incomplet et surtout vite lassant, en dépit d'une réalisation très nettement supérieure à la concurrence.

Cela dit, investir dans LFP Manager, c'est faire le choix de tourner le dos au métier d'entraîneur pour se diriger vers celui de manager. C'est aussi accepter de composer avec un réalisme sportif pas toujours présent pour se concentrer davantage sur la variété des modes de jeu. En effet, à ce jour, LFP Manager propose nettement plus d'alternatives que la concurrence. Entraîneur, manager, sélectionneur, joueur voir même entraîneur-joueur, toutes les carrières peuvent être embrassées, selon que l'on présente un profil plutôt de technicien, de businessman ou de véritable sportif en herbe. C'est là le premier intérêt de ce titre, nettement plus grand public qu'un Football Manager ou qu'un Entraîneur de Eidos. Ainsi, EA développe un jeu idéalement conçu pour les utilisateurs dépassés par un titre trop élitiste ou qui ne sont pas encore prêts à oublier le terrain et les crampons définitivement. Tout ceci, nous le trouvions déjà dans la version 09 de LFP Manager mais force est de constater que c'est une partie qui a été de nouveau soignée, améliorée, complétée. En parallèle, le titre propose toujours plus de petites actions que l'on ne trouve nulle part ailleurs : des pronostics, des séminaires, des œuvres caritatives, des discussions en tête-à-tête avec n'importe quel joueur, un système relationnel extrêmement poussé... Bref, vous l'aurez compris, LFP, c'est plus de la communication que de la tactique !

Car d'un point de vue tactique et technique, en dépit de quelques nouveautés, il faut bien admettre que le jeu laisse à désirer. En sélectionnant un niveau de difficulté médian, on se rend vite compte qu'une carrière peut décoller extrêmement rapidement. Dans notre partie, après deux petits mois passés en milieu de tableau en L2, les dirigeants de l'AS Saint-Etienne ont fait appel à nos compétences. Dans la réalité, cherchez un club de L1 capable de faire confiance à un entraîneur de niveau inférieur, sans expérience et sans trophée... Cela n'existe pas ! Pas mieux, la base de données du jeu demeure très incomplète, oubliant les entraîneurs et staff réels, les équipes réserves et les championnats inférieurs... Tout ce petit monde est fictif, ce qui, niveau immersion, pose de sacrés problèmes. Quant à l'impact réel des choix tactiques ou des programmes d'entraînement, nous le cherchons encore... En réalité, simuler une rencontre ou la jouer le plus sérieusement du monde revient à peu près au même. Nous sommes alors tiraillés entre l'envie de condamner ce manque de profondeur et celle d'admettre que le profil du jeu n'est pas celui d'un titre qui cherche à tout prix à compliquer la progression dans ses moindres détails. D'autant que, théoriquement, un acheteur potentiel ou définitif de LFP Manager 10, sait qu'il s'offre un jeu de gestion plus généraliste qu'il n'y paraît.

Pour passer à ce qui change dans la série, notons que l'interface s'adapte désormais aux hautes résolutions et que l'on n'est plus borné à jouer en 1024 tout crasseux. Une interface qui du reste, reste très similaire à la précédente, à savoir claire, colorée et plutôt pas mal fichue dans la mesure où l'équilibre est plutôt bien trouvé entre écrans de résumés et tableaux plus précis. Le moteur 3D de son côté, s'est enrichi de quelques nouvelles simulations, ce qui consolide sa place incontestée de référence du genre. La véritable nouveauté, c'est qu'il est désormais possible de donner des consignes indirectes aux joueurs qui sont sur la pelouse. L'effet sera immédiat (à moins de jouer en mode texte où l'effet durera plus longtemps jusqu'à une nouvelle consigne). L'autre originalité de la retransmission est de permettre à l'entraîneur d'accéder à tout un tas de stats en cliquant droit sur n'importe quel joueur présent sur la pelouse. S'ouvrent alors une fiche complète et un bloc notes qui permettent de griffonner vos impressions ou remarques sur le joueur. Si vous l'avez ainsi trouvé trop individualiste, mauvais dans les duels, peu concentré et que vous avez peur d'oublier ces détails importants, le bloc-notes est un outil hyper précieux. Notons aussi l'apparition d'un moteur 2D (style Football Manager), utilisable en cours de match pour revoir les actions sous un autre angle. En revanche, il n'est pas développé pour le direct qui se joue toujours en match 3D, en texte ou en vidéo-texte, sous forme de multiplex.

Mais cette année, ce qui "révolutionne" la série, c'est l'apparition d'un mode multijoueur en ligne. En effet, jusqu'à présent oublié, celui-ci débarque dans LFP Manager. Capable d'accueillir jusqu'à 8 joueurs par partie (en fonction du paramétrage de l'hébergeur évidemment), celui-ci se limite malheureusement à un mode texte. D'une part, pour éviter de faire durer les parties multi dans lesquelles les joueurs passifs patienteraient trop longtemps et d'autre part sans doute pour ne pas souffrir des différences de configurations entre les joueurs. Il est également borné aux premières divisions de la quarantaine de pays au rendez-vous dans LFP Manager 10. Evidemment, on retrouve toutes les fonctionnalités du jeu en ligne : peer-to-peer, classements par points, possibilité d'inviter des joueurs faisant partie de votre liste d'amis, choix de la devise... De plus, le joueur qui héberge une partie choisit la durée allouée à chaque entraîneur pour naviguer dans les menus principaux. Une durée forcément égalitaire mais qui peut être augmentée ou diminuée, en fonction de la rapidité des joueurs, selon le bon vouloir du créateur de la partie. Ce mode est sans doute celui qui manquait à LFP, une série qui ne souffre plus d'aucun oubli en termes de modes de jeu. On appréciera notamment le principe de ventes aux enchères qui apporte beaucoup de piment au marché des transferts. Vous pouvez ainsi bluffer afin d'affaiblir les ressources d'un adversaire ou au contraire chiper au nez et à la barbe des autres utilisateurs un joueur de grande qualité !