EA Sports poursuit son travail de sape sur Wii qui consiste à trouver la formule gagnante capable d'adapter sa simulation de foot à la perfection. Après un premier volet décevant et un second déjà plus convaincant, le développeur change encore son fusil d'épaule, espérant réunir hardcore gamers comme joueurs occasionnels.
Abandonnant l'idée d'une caméra verticale puis de matches joués par des Mii, EA est revenu à un gameplay plus classique, sans pour autant jouer la carte du réalisme prôné par le voisin PES. Pas de contrôles fantaisistes mais pas de configuration de touches de trois pages, pas complètement arcade mais pas non plus simulation, FIFA 10 est l'archétype du titre parfaitement équilibré. Difficile en effet de reprocher à ce cru de pencher vers trop de réalisme ou vers trop de fantaisie dans la mesure où chaque orientation est utilisée, séparément. C'est là le point fort du jeu qui, au milieu du terrain, inciste le joueur à construire patiemment mais se transforme littéralement à l'approche de la surface de réparation. La raison ? Le système de tirs à la Wiimote qui déclenche des pruneaux, que dis-je, des boulets de canon en direction des buts adverses. Et inutile d'agiter l'accessoire comme un dératé ou à la vitesse de la lumière, l'effet sera toujours le même, à savoir un shoot venu d'ailleurs et parti pour enflammer les gants du gardien ou transpercer les filets des buts. Ce sont des images.
D'entrée de jeu, on adhère au concept absolument génial dans la mesure où de la conclusion d'une action, qu'elle se termine dans les buts ou non, n'émane aucune frustration. Impossible ou presque de ne pas cadrer, pas de gardien gaffeur, pas d'IA totalement perdue ou de buts gags... La surface de vérité est une sorte d'abattoir où la victime n'est autre que le dernier rempart. Qu'il s'en sorte ou non, le portier mange des tirs à répétition et parfois même trois ou quatre consécutivement dans la même action. De plus, et contrairement aux versions HD de FIFA 10, marquer sur un centre est enfantin en mode de difficulté facile et tout à fait réalisable en moyen ou difficile. Les reprises de volée, de mi-volée et autres bicyclettes font alors le spectacle. De plus, le gameplay s'appuie sur quelques originalités sympathiques, comme la présence de QTE sur les coups de pied arrêtés. Concrètement, lorsque le tireur a centré et que le ballon est en l'air, le joueur qui attaque et celui qui défend doivent agiter la Wiimote à un instant très précis (indiqué par un témoin lumineux qui passe du rouge au vert à l'écran) pour prendre le dessus. Question de réflexe et de timing, ce mécanisme donne énormément d'importance aux duels dans la surface de réparation.
Autre particularité du gameplay sur les phases arrêtées, le tireur et le gardien se livrent un duel similaire, toujours basé sur le même type de QTE. Cette fois, il s'agit d'agiter la Wiimote juste avant de frapper pour le tireur et juste avant d'intervenir pour le gardien, alors partiellement contrôlé par un humain. Là aussi, le tout est particulièrement fun et bien trouvé ! Enfin, notons qu'une série de passes ou de dribbles réussie permet de remplir une jauge d'adrénaline qui donnera encore plus de puissance et de précision au prochain tir enclenché. Il est donc compliqué de faire de véritables reproches au gameplay dans la mesure où les gestes techniques s'effectuent eux aussi très simplement grâce à la croix de direction de la Wiimote, le stick analogique du Nunchuk lui, ne servant qu'aux déplacements. A signaler également un bon point en termes de configuration de commandes puisqu'il est possible de jouer en pointant à la PES ou en branchant une manette classique pour les plus allergiques à la Wiimote.
Le contenu de FIFA 10 ne déçoit pas non plus puisqu'il s'appuie sur la même base de données que la version HD, bien qu'il faille parfois un peu fouiller pour trouver son équipe. On regrette simplement que la gestion d'une équipe ne puisse se faire qu'à l'écran de sélection. Impossible donc de sauvegarder une composition ou un schéma tactique, il faut se coltiner tous les réglages juste avant chaque match. Pas de quoi rager pour autant. Si le jeu possède également un mode multijoueur en ligne (en plus du multi à 4 en local), les autres modes sont très, voire trop, classiques et n'exploitent pas totalement l'originalité du gameplay. On retrouve cependant la liste pléthorique des compétitions chères à la série FIFA, sur la trentaine de championnats au rendez-vous. Enfin, FIFA 10 s'appuie sur un mode Carrière qui lui est propre et dont la principale originalité est d'imposer indirectement un défi au joueur à chacun de ses matches. Dans la peau de l'entraîneur, il répond à une question de journaliste sur sa confiance avant un match et en fonction de la réponse, il lui faudra ne pas décevoir. S'il s'engage à ne pas encaisser plus de 4 buts dans le match, une valise de 5 ou 6 buts ferait tache et sa progression stagnera. Et quand on sait que les scores terminent souvent sur des 6-2 ou 5-4, parier sur la défense n'est par exemple pas forcément conseillé...
- Graphismes14/20
Affiné et coloré, FIFA 10 est visuellement en adéquation avec sa mentalité. Si les détails manquent encore un peu de finition, au niveau des supporters ou des visages des joueurs par exemple, le titre demeure tout à fait joli dans son ensemble.
- Jouabilité16/20
Tel qu'il est, le gameplay devrait être pris en exemple pour ceux qui cherchent encore et toujours à créer une jouabilité susceptible de plaire à tout le monde sans exception. Plutôt qu'un mélange qui finit par ne plaire à personne, le gameplay de FIFA 10 gère les temps simulation et les temps arcade à la perfection. Son seul défaut est de risquer d'être un poil répétitif avec le temps.
- Durée de vie14/20
La base de données est riche et le multijoueur soigné. EA aurait cependant dû prolonger ses bonnes idées de gameplay en imaginant des modes de jeu plus originaux.
- Bande son15/20
Assez similaire à l'opus précédent, la bande-son est toujours un point fort, d'autant que les commentaires d'Hervé Mathoux sont un poil plus détendus, ce qui colle bien aux différentes actions.
- Scénario/
FIFA 10 est une réelle bonne surprise et se présente comme le meilleur exemple qu'on ait pu voir de compromis entre arcade et simulation. Cette troisième formule semble donc être la bonne, EA ayant choisi de s'appuyer sur un rythme et une construction de jeu réalistes pour laisser place au fun et à la folie au moment de canarder le gardien de boulets de canon. Seul ou en multi, il génère d'excellents moments de détente sans jamais pencher du côté obscur de la force.