Après avoir été confronté au problème une première fois sur PC début 2007, voilà que l'équilibre entre le Bien et le Mal est menacé de nouveau, sur 360 ce coup-ci. Mais est-ce bien étonnant ? Avec tous ces joueurs dévoués qui sauvent le monde quotidiennement en éviscérant un nombre incalculable de méchants dans leurs jeux favoris, il fallait s'y attendre. Du coup, le staff manager de l'Enfer se lance dans une nouvelle grande campagne de recrutement et jette son dévolu sur Ryan Lennox, ange déchu récemment débauché par sa hiérarchie. L'ange devenu démon sera-t-il capable de mettre le feu et de sauver l'Enfer ?
Ryan a tout du héros charismatique, il est flambeur, beau, musculeux, possède une voix de stentor et contrôle parfaitement tout ce qui a trait à sa pilosité faciale, mais plus important encore, il fut autrefois le meilleur agent de terrain du Paradis. Le bougre a pourtant perdu son job, sans doute à cause de méthodes un brin expéditives, et se retrouve donc sur Terre en tant que simple mortel. L'ange déchu découvre alors les joies de l'alcool, du chômage, des plaisirs charnels, des émissions de téléréalité, des verrues plantaires et du repassage. Les agents du Paradis voient pourtant en lui un danger potentiel et décident, le plus pacifiquement du monde, de lui loger une balle dans le caisson. Sur ces entrefaites, le recruteur général des Enfers lui propose de rejoindre les rangs clairsemés des légions infernales, afin qu'il puisse se venger du déshonneur et enfin obtenir un pouvoir à sa mesure. Lennox, tout feu tout flamme qu'il est, ne se fait pas prier et se retourne bien vite contre ses anciens collègues.
Malgré ce pitch séduisant, Infernal : Hell's Vengeance reste avant tout un jeu de tir à la troisième personne assez classique et linéaire. Votre antihéros bénéficie pourtant de pouvoirs démoniaques en plus de sa capacité naturelle à utiliser des armes à feu et ses poings en acier. Outre la téléportation et la vision astrale, dont les effets et l'utilisation ponctuelle rappellent inévitablement les pouvoirs du héros Cherokee de Prey, le bonhomme pourra également se repaître de l'âme de ses ennemis vaincus pour récupérer de l'énergie et les détrousser rageusement. Si ce pouvoir est amusant dans un premier temps, devoir vampiriser le moindre cadavre pour ne récupérer que quelques balles relèvera bientôt de la routine lassante. D'autant plus que cet acte impie, qui prend d'ailleurs près de 3 secondes pour être réalisé, est absolument nécessaire tant le jeu est avare en munitions. Pour terminer ce petit tour d'horizon infernal, notez que le démon est aussi capable d'amplifier la puissance de ses tirs afin de tuer avec plus d'efficacité ou de détruire certains murs. Mais au fond, tous ces jolis pouvoirs peinent à faire s'emballer l'action, d'autant que Lennox est aussi maniable qu'un trente-huit tonnes sans pneus. Avouez que ça fait envie.
Bref, nous voilà donc rapidement en train de massacrer du cyber-moine idiot dans des niveaux tout sombres à la réalisation dépassée. Entre deux fusillades toute molles où la vue à la troisième personne vous permettra de vous coller péniblement derrière des obstacles et de tirer en aveugle, le soldat Ryan devra aussi mettre à contribution Robert, son neurone, afin de résoudre quelques énigmes simplistes. Par moments, le jeu semble même tout faire pour vous dégoûter en vous supprimant d'un coup par l'intermédiaire d'un piège vicieux. De fait, on se prend souvent à maudire un soft qui ne vous laisse aucune chance lors de chaque première rencontre avec un traquenard. C'est sans doute en forgeant qu'on devient forgeron, mais les développeurs semblent avoir pris cet adage beaucoup trop à coeur, car ce système ne fait finalement que casser le rythme déjà franchement mauvais de l'aventure. Même constat pour les boss qui semblent toujours tentés de pallier leur manque de charisme derrière un bouclier d'énergie protectrice. Pour en venir à bout, il faudra trouver leur point faible, parfois en interagissant avec un décor partiellement destructible, mais pas avant que vous n'ayez mordu la poussière deux ou trois fois, histoire de vous rappeler que tout démon que vous êtes, vous n'êtes pas immortel.
L'autre gros problème d'Infernal : Hell's Vengeance (qui même sans cela, fait déjà figure de navet), c'est qu'il a bien trop souvent recours à des mécanismes basiques et désuets : progresser ne demande souvent que de trouver un interrupteur ou une carte de sécurité pour ouvrir la porte suivante. Dans le même ordre d'idée, le soft semble parfois incohérent ou curieusement inconsistant. Votre héros a le pouvoir de se téléporter, alors pourquoi diable faut-il chercher une clé pour traverser... une grille ? Un démon possède-t-il une colonne vertébrale en carton pour mourir lors d'un saut de 3 mètres ? Un suppôt de Satan se délecte-t-il autant de grimper à une échelle pour faire ça avec une lenteur si délibérée ? Et si le Diable est si puissant, pourquoi communique-t-il avec son agent par l'intermédiaire d'une pitoyable oreillette ? Alors que ces constats ne relèveront sans doute que du pinaillage pour certains, d'autres y verront toutefois la marque d'un jeu qui veut se faire plus grand qu'il n'est et dont l'univers largement inspiré de comics comme Hellblazer (et son héros, John Constantine) n'est repris que maladroitement. Bref, il est maintenant temps d'arrêter les frais, Infernal : Hell's Vengeance est un titre bancal et sans intérêt dont on se demande ce qu'il vient faire sur 360. Mieux aurait-il valu rester sur PC, où sans casser trois pattes à un bigorneau, le soft avait au moins le mérite d'être à peu près jouable.
- Graphismes9/20
Un moteur poussif qui fait de son mieux pour cacher la misère, un design sans âme, des pièces copiées les unes sur les autres, voilà ce qui vous attend dans Infernal.
- Jouabilité8/20
Le beau Ryan Lennox est à peu près aussi réactif et maniable qu'une bétonnière sans roulettes. Lent et rigide, il transforme chaque fusillade en épreuve et par extension, tout le jeu en un chemin de croix. A cela s'ajoutent un level-design poussiéreux et des mécaniques surannées. Si vous êtes du genre à vous énerver pour un rien, passez votre chemin.
- Durée de vie8/20
Une durée de vie moyenne pour un titre solo. On ne mettra pas plus de deux jours à terminer le soft. Nul doute que les acharnés des titres d'action le finiront encore plus vite.
- Bande son12/20
Les dialogues entre les personnages manquent cruellement de personnalité, d'autant que certains doubleurs semblent manquer de conviction. La musique, qui s'excite à la moindre apparition d'un ennemi, donne dans le registre d'un heavy metal sans personnalité.
- Scénario13/20
L'histoire est intéressante mais les cut-scenes poussives portent plus à rire qu'autre chose. C'est tout de même bien dommage pour un soft qui mise beaucoup sur son atmosphère.
Revenu d'on ne sait trop où après avoir tâté du PC, Infernal vient s'étaler lamentablement sur Xbox 360. Dépassé, répétitif et injouable le titre n'intéressera finalement que les amateurs de succès faciles et les masochistes. Un titre à éviter, même à prix réduit.