Il y a près de 8 ans, Sturmovik IL-2 réjouissait les fans de simulations aériennes sur PC en leur proposant une expérience de pilotage d'avions de chasse aussi réaliste que dynamique. C'est donc avec enthousiasme que nous accueillons aujourd'hui cette édition next-gen sur Playstation 3. Mais une question se pose pourtant : les concessions faites par les développeurs pour séduire un public plus occasionnel n'ont-elles pas dénaturé ce hit jadis plébiscité par les spécialistes ? Réponse dans ce test.
Redouté par ses ennemis et qualifié de "tank volant" par l'armée Rouge, le Sturmovik IL-2 qui prête son nom à ce titre de Gaijin Entertainment est un célèbre avion russe de la Seconde Guerre mondiale. Dans Birds of Prey, le passionné de dogfights et autres acrobaties aériennes pourra non seulement piloter cet appareil mythique mais aussi se mettre aux commandes d'autres engins fameux tels que l'Hurricane MK II anglais ou le Mustang P-51 américain. Tout au long de six campagnes constituées d'innombrables missions, il devra aider les Alliés à repousser l'envahisseur allemand dans des circonstances et des environnements variés.
L'aventure commence par un tutoriel assez sommaire visant à nous enseigner les bases du pilotage pour rapidement nous emmener en Angleterre près de Douvres. On y effectuera notre baptême du feu en compagnie d'un escadron britannique durant la fameuse Bataille d'Angleterre qui permit à la Royal Air Force de repousser les forces de l'Axe. On s'apercevra alors que les missions sont plutôt variées et surtout très longues. Sachant qu'il est impossible de sauvegarder durant l'une d'elles, il vaudra donc mieux être sûr d'avoir du temps devant soi avant de se lancer. On retrouve dans Sturmovik IL-2 : Birds of Prey la plupart des missions classiques proposées par les diverses simulations aériennes, à savoir : attaquer des bombardiers, pilonner des positions au sol, escorter des véhicules vulnérables, etc. Les instructions nous sont données à travers un briefing au sol puis en vol, oralement.
L'une des claques principales que l'on reçoit en s'essayant à Sturmovik IL-2 : Birds of Preyest assurément visuelle. De la modélisation des avions aux couleurs du ciel en passant par la finesse des textures au sol, le travail des graphistes force le respect. Que l'on joue en vue externe ou en vue interne, tout est aussi beau qu'authentique. Les modèles d'appareils sont fidèles au boulon près (ce n'est pas une exagération) et les carlingues se déforment en fonction des dommages (localisés) qu'elles reçoivent. Les paysages que l'on survole ont été reproduits d'après des données satellites extrêmement précises. Pour couronner le tout, les campagnes sont introduites par des images d'archives qui nous placent très vite dans l'ambiance dramatique du plus grand conflit armé de tous les temps.
On ne pourra pas non plus manquer de tomber en admiration devant la mise en scène fabuleuse des grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale. De la Bataille d'Angleterre à celle des Ardennes en passant par Stalingrad, on en verra de toutes les couleurs. Le ciel est infesté par des nuées d'avions se tournant autour dans un ballet aussi mortel que fascinant. Les avions touchés plongent en flammes vers le sol dans un hurlement de moteur déchirant. Les conversations radio s'emballent quand le danger se fait sentir. Des explosions secouent le sol, les tirs de DCA secouent les cieux. Bref, évoluer dans un tel tableau garantit des sensations absolument fantastiques que les connaisseurs apprécieront tout autant que les simples amateurs de grand spectacle.
En ce qui concerne le gameplay de cet opus console, l'équipe de développement n'a pas voulu trancher entre la simulation pure et l'approche grand public. Les joueurs auront donc la possibilité de choisir eux-mêmes le degré de réalisme du pilotage avant chaque mission. En mode Arcade, la vue externe est disponible, l'avion ne décroche jamais, et toutes les assistances à la visée et au tir (totalement anachroniques) sont activées par défaut. Une grande partie de l'aventure ressemble alors plus à du tir au pigeon qu'à du combat aérien proprement dit. Toutefois, les joueurs pressés ou les pilotes débutants qui n'ont pas le courage de passer des heures à perfectionner leur technique y trouveront largement leur compte. Et rien n'empêche les vétérans qui ont envie de se défouler de s'offrir quelques séances de shoot'em up jubilatoires.
En mode Réaliste, les choses se compliquent puisque la moindre fausse manoeuvre est susceptible de vous faire partir en vrille (décrochage). Cela vous permettra certes d'échapper indirectement à vos poursuivants mais il vous faudra pas mal de doigté pour rétablir l'assiette de votre appareil. En mode Simulation enfin, tout devient terriblement compliqué. D'une part, le joueur n'a plus aucune indication sur son écran (exactement comme dans les conditions réelles de l'époque) et d'autre part, il est obligé de sélectionner la vue interne. Le problème, c'est que pour tourner la tête dans le cockpit afin de localiser nos adversaires et nos alliés, on est obligé de maintenir le stick droit appuyé et de le manoeuvrer sans relâcher la pression. Comme vous pouvez le deviner, ce genre d'opération se solde au moins une fois sur deux par un dérapage incontrôlé du pouce, nous laissant ici comme un imbécile regarder à droite ou à gauche pendant que notre chasseur fonce à 400 Km/h vers une catastrophe. Alors de deux choses l'une : soit on prend le risque de planter sa mission à tout moment à cause d'un accident de stick soit on branche un joystick infiniment plus adapté à ce mode de jeu très exigeant.
Pour finir, sachez qu'en dehors des campagnes, il est également possible de jouer de simples missions solos ou encore de participer à des affrontements en ligne regroupant jusqu'à 16 joueurs. Il existe ainsi quatre modes multijoueurs entièrement paramétrables qui permettent de faire cavalier seul ou au contraire de jouer en équipe. D'eux d'entre eux proposent en outre d'essayer d'atterrir sans dommages au beau milieu d'une échaufourrée ou de bombarder des positions ennemies pour varier les plaisirs. Bref, en un mot comme en cent, et si l'on excepte la quasi-obligation d'utiliser un joystick pour profiter du mode Simulation, Sturmovik IL-2 : Birds of Prey est sans conteste un excellent titre qui comblera autant les vétérans du manche à balais que les bleus.
- Graphismes17/20
Les avions sont parfaitement modélisés et les impacts des dommages qu'ils reçoivent se voient temps réels. Les couleurs du ciel et les effets météos sont magnifiques tandis que les paysages que l'on survole, reproduits à partir d'images satellites, sont criants de réalismes. Chose rare, les textures du sol sont pratiquement aussi fine de près que de loin.
- Jouabilité16/20
Trois modes de pilotages permettent à chaque joueur de ressentir les sensations qu'il désire en fonction de leur degré de réalisme. Les commandes répondent au quart de tour et le sentiment d'immersion dans les batailles est fantastique. Les missions sont longues, les campagnes sont variées. On déplore simplement la nécessité quasi impérative de brancher un joystick pour profiter du mode Simulation.
- Durée de vie15/20
De la Bataille des Ardennes à l'invasion de la Sicile en passant par la bataille de Berlin, les campagnes vous feront revivre les moments les plus forts de la Seconde Guerre mondiale. Vu le nombre d'appareils à piloter, la durée de chaque mission et l'impossibilité de sauvegarder en cours de partie, vous aurez pour quelques soirées avant de voir la fin du jeu. De plus, le mode online prolonge avantageusement l'expérience.
- Bande son14/20
Les bruitages sont extraordinairement réalistes et les musiques de Jeremy Soule (Oblivion, Guild Wars, Supreme Commander...) auront vite fait de vous transporter. Malheureusement, les accents étrangers pris par les doubleurs français ne sont pas du meilleur goût et les commentaires de nos ailiers deviennent vite répétitifs.
- Scénario/
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Techniquement impressionant, visuellement sensationnel, Sturmovik IL-2 : Birds of Prey réussit le tour de force de proposer une jouabilité adaptée à tous les types de joueurs. Ainsi, que l'on soit débutant ou vétéran, on revivra avec une égale intensité les célèbres batailles de la Seconde Guerre mondiale qui y sont mises en scène. Notez tout de même que l'utilisation d'un joystick est fortement recommandée en mode Réaliste et Simulation.